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Ce pays anglo-saxon ne veut plus jouer les « seconds couteaux » et lance un nouvel avion hypersonique à hydrogène capable de voler à 24501 km/h

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Guillaume Aigron

Guillaume Aigron

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Un avion hypersonique à hydrogène prêt à pulvériser Mach 12. Il est alimenté à l’hydrogène, imprimé en 3D, et pourrait voler douze fois plus vite que le son ! Pour …

Ce pays anglosaxon ne veut plus jouer les « seconds couteaux » et lance un nouvel avion hypersonique à hydrogène capable de voler à 24501 km/h

Un avion hypersonique à hydrogène prêt à pulvériser Mach 12.

Il est alimenté à l’hydrogène, imprimé en 3D, et pourrait voler douze fois plus vite que le son ! Pour une fois nous allons vous parler d’une technologie qui n’est ni n’est ni américain, ni chinois mais australienne.
Avec le soutien de l’État et du Pentagone, Hypersonix veut lancer le premier avion hypersonique propre et réutilisable au monde.
Le projet repose sur un moteur sans pièces mobiles, une propulsion révolutionnaire et un pari industriel de 46 millions d’euros.
Voici comment ce petit acteur australien compte bouleverser l’équilibre stratégique mondial.

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L’engin est baptisé SPARTAN. Il ne fait aucun bruit dans le hangar. Et pour cause : ce moteur révolutionnaire ne possèdera aucune pièce mobile. Il est prévu pour aspirer l’air, le compresse, le mélanger avec de l’hydrogène avant l’enflammer pour filer à Mach 12 (environ 24501 km/h). L’avion qui l’abrite, lui, s’appellera DART AE. Il ne mesurera que 3,5 mètres de long, mais pourrait devenir le premier avion hypersonique à hydrogène fonctionnel au monde.

Fruit du travail de l’équipe australienne d’Hypersonix, ce petit monstre d’ingénierie est entièrement imprimé en 3D et brûle un carburant propre, sans carbone : l’hydrogène vert. Son objectif : démontrer qu’un avion hypersonique peut être à la fois réutilisable, bon marché et non polluant.

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Une levée de fonds très politique

Le projet a reçu 46 millions d’euros dans une levée de fonds pilotée par plusieurs acteurs stratégiques. Le National Reconstruction Fund Corporation (NRFC) australien a investi 10 millions d’euros, marquant sa première incursion dans la défense. À ses côtés, la Queensland Investment Corporation, le fonds britannique High Tor Capital, ainsi que Saab (Europe) et le groupe polonais RKKVC.

Ce mélange d’acteurs publics et privés, locaux et internationaux, révèle un changement d’échelle. Il ne s’agit plus d’un projet universitaire marginal, mais bien d’un pari industriel structurant. L’Australie veut sa place dans la course hypersonique, aux côtés de la Chine, des États-Unis et de la Russie.

Le programme bénéficie également du soutien actif du Département américain de la Défense, via son initiative HyCAT (les Etats-Unis ne sont donc pas complètement étrangers à l’affaire), centrée sur l’accélération de l’adoption des technologies commerciales dans le secteur militaire. Le premier vol d’essai est prévu depuis la base de Wallops en Virginie, sur un lanceur de Rocket Lab.

L’Australie passe du labo au champ de bataille

La société Hypersonix  est issue du monde académique, fondée en 2019 par Michael Smart, ancien chercheur de la NASA et professeur à l’Université du Queensland. Avec seulement 45 salariés, l’entreprise développe aujourd’hui deux plateformes hypersoniques réutilisables.

  • DART AE : 3,5 mètres de long, un seul moteur SPARTAN, pour des essais de vol hypersonique à courte durée.
  • VISR : 8 mètres, quatre moteurs SPARTAN, destiné à des missions de renseignement, livraison rapide de charges utiles, voire tests de systèmes spatiaux.

VISR sera construit en matériaux composites céramiques haute température, capables de résister aux contraintes thermiques de Mach 12. Il est pensé pour revenir au sol, être inspecté, ravitaillé et repartir, dans une logique de réutilisation rapide et de réduction de coût opérationnel.

Le SPARTAN d’Hypersonix en chiffres :

Élément Données
Vitesse maximale visée Mach 12 (≈ 14 700 km/h)
Carburant Hydrogène vert (zéro émission)
Type de moteur Scramjet SPARTAN (air-breathing, 3D imprimé)
Nombre de pièces mobiles Aucune
Longueur DART AE 3,5 mètres
Longueur VISR 8 mètres
Budget levé 46 millions d’euros
Nombre d’employés 45


Un bouleversement tactique en gestation

Jusqu’ici, le domaine hypersonique était réservé aux missiles : des projectiles à usage unique, très coûteux, souvent nucléaires, toujours secrets. Hypersonix casse cette logique. Il s’agit d’avions sans pilote, non armés, mais réutilisables, capables de transporter du matériel, de surveiller, de tester en conditions réelles des composants, voire de livrer des charges utiles dans la haute atmosphère.

Le Pentagone lui-même le reconnaît : il ne s’agit plus seulement de frapper vite et fort, mais de voler souvent, loin, sans trace carbone, et sans exploser à chaque mission. Pour la première fois, un moteur de type « superstatoréacteur » ou scramjet chez les anglosaxons pourrait être utilisé comme une plateforme durable de test et d’expérimentation, ouvrant la voie à des cycles de développement technologique accélérés.

Ce changement de paradigme intéresse autant les militaires que les industriels. Si un avion hypersonique peut voler 20 fois pour le prix d’un seul missile hypersonique, le rapport coût-efficacité devient imbattable.

DART d’Hypersonix, le premier fuselage au monde d’une plateforme de lancement hypersonique entièrement imprimé en 3D avec des alliages résistants aux hautes températures.
DART d’Hypersonix, le premier fuselage au monde d’une plateforme de lancement hypersonique entièrement imprimé en 3D avec des alliages résistants aux hautes températures.

L’ambition d’un pays à l’écart du podium

L’Australie ne cache plus ses ambitions. Ce pays longtemps vu comme une base arrière de l’axe anglo-saxon entend désormais devenir un acteur moteur. Elle capitalise sur une communauté scientifique de haut niveau, notamment à l’Université du Queensland, et bénéficie d’une demande mondiale explosive en matière d’hypersonique.

En investissant dans un avion alimenté à l’hydrogène, le gouvernement australien place un pari double : l’indépendance stratégique et la transition écologique. Une combinaison rare dans le domaine de la défense, traditionnellement très carbonée.

La course à l’hypersonique « vert » est lancée et contre toute attente, elle pourrait bien se jouer à Brisbane.

Source : Hypersonix

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