Dans un monde où l’écologie rime avec géopolitique, cette centrale marque plus qu’un bond technologique : c’est une déclaration de puissance et d’indépendance.
Le nouveau complexe nucléaire entend non seulement réduire les émissions de CO₂ de 46,2 millions de tonnes par an, mais aussi relancer la Chine comme leader de l’atome, tandis que d’autres hésitent. Ce projet illustre comment l’énergie nucléaire redevient un jeu majeur mais cette fois sous bannière chinoise.
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Un projet à échelle quasi industrielle
La Chine a officiellement lancé la construction du complexe nucléaire de Zhaoyuan, un site prévu pour six réacteurs de type Hualong One pour une puissance totale de 7 200 MW (7,2 GW). Une fois opérationnel, il fournira environ 50 milliards de kilowatt‑heures par an l’équivalent de la consommation d’un peu plus de 5 millions de foyers. La taille du projet, dans un climat de transition énergétique, est un signal clair : la Chine ne joue plus petit.
Une réduction de charbon qui fait frémir
Ce qui rend Zhaoyuan d’autant plus significatif, c’est son impact environnemental annoncé : moins 15,27 millions de tonnes de charbon consommées et jusqu’à 46,2 millions de tonnes de CO₂ évitées chaque année. À titre de référence, cela équivaut à planter plus de 110 000 hectares de forêt. On est loin d’un simple ouvrage civil : c’est un pilier d’un nouveau modèle énergétique.
Refroidissement aérien : une première mondiale
Le site joue aussi la carte de l’innovation. La construction de la première unité a démarré avec le coulage d’un béton pour une tour de refroidissement d’environ 203 mètres de haut, la première du modèle Hualong One. Cette tour, avec une surface de pulvérisation de 16 800 m², permet de passer d’un système de refroidissement marin à un circuit atmosphérique un gain d’eau, d’énergie et d’implantation pour d’autres sites.

Une architecture “naturelle + mécanique” pour la sécurité
Sur le plan de la sûreté, Zhaoyuan adopte une configuration « double couche » : un refroidissement naturel prolongé via la tour atmosphérique, capable de fonctionner en cas de perte d’eau pendant au moins 2 h, complété par un circuit mécanique et un grand réservoir qui permettrait 30 jours d’opération sans apport externe. Cela renforce le message : cette centrale n’est pas seulement gigantesque, elle cherche aussi à être exemplaire.
Une pièce maîtresse de la stratégie nucléaire chinoise
Ce projet s’inscrit dans la vaste stratégie chinoise de faire du nucléaire un pilier clé de la transition énergétique. Selon des analystes, Zhaoyuan est « moins isolé qu’il n’y paraît » : il reflète un plan d’ensemble pour déployer rapidement des centrales standardisées, réduire les coûts, et devenir fournisseur mondial de réacteurs. D’un point de vue géopolitique, c’est un signal fort que la Chine se met en rang de leader nucléaire mondial.

Vers une industrie locale et des retombées économiques
Au-delà de l’énergie, ce type de complexe entraîne une dynamique régionale : milliers de travailleurs, chaîne de fournisseurs, industries lourdes attirées par l’électricité bas‑coût. Zhaoyuan pourrait devenir un hub industriel dans la province du Shandong, catalyseur d’activités à forte intensité énergétique. Cette dimension industrielle renforce aussi l’avantage chinois : capacité à construire en masse, à standardiser, à industrialiser.
Un défi pour le reste du monde
Le message derrière Zhaoyuan est clair : la Chine intensifie son pari sur le nucléaire tandis que d’autres économies occidentales hésitent ou ralentissent. Si tout se passe bien, ce site deviendra une référence mondiale pour la conception, la construction et l’exploitation de centrales nucléaire de grande échelle. Pour les USA, l’Europe, ou le Japon, le défi sera de suivre ou de se positionner dans ce nouveau paysage.
Source : Military Watch Magazine