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Ce colosse nucléaire britannique passe une des dernières étapes indispensables avant de devenir officiellement le 6e SNA de sa majesté

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Guillaume Aigron

Guillaume Aigron

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L’HMS Agamemnon entre dans la danse des SNA britanniques. Il y a, dans le monde naval, un moment presque sacré. Celui où un sous-marin, jusque-là rivé au quai comme une …

Ce colosse nucléaire britannique passe une des dernières étapes indispensables avant de devenir officiellement le 6e SNA de sa majesté

L’HMS Agamemnon entre dans la danse des SNA britanniques.

Il y a, dans le monde naval, un moment presque sacré. Celui où un sous-marin, jusque-là rivé au quai comme une bête endormie, s’enfonce pour la première fois sous la surface. Ce geste, simple en apparence, signe pourtant sa naissance réelle. Pour la Royal Navy, ce moment a eu lieu il y a quelques jours, à Barrow-in-Furness, dans le nord-ouest de l’Angleterre.

Le nom du nouveau-né : HMS Agamemnon, sixième sous-marin d’attaque nucléaire de la classe Astute. Un géant de 7 400 tonnes, prêt à rejoindre les profondeurs pour de bon.

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Premiers tests en bassin fermé pour l’HMS Agamemnon

Nos amis d’outre-Manche l’appellent “trim dive”: une plongée de test en bassin fermé. L’idée n’est pas de partir en patrouille, mais de vérifier que tout tient, que rien ne fuit, et que le sous-marin est équilibré comme il se doit. Pendant trois jours, les ingénieurs ont plongé, fait surface, ajusté les masses, comme on règle les coutures d’un scaphandre avant la grande plongée.

Le bassin de Devonshire Dock, à Barrow, a vu passer des générations de submersibles. Cette fois, c’est Agamemnon, imposant cylindre d’acier noir, qui s’y est glissé. Le commandant, David “Bing” Crosby, l’a dit simplement : “Ce test, c’est comme s’assurer que le bateau respire bien sous l’eau.” C’est aussi un moment d’intimité rare entre l’équipage et leur navire, encore amarré mais déjà vivant.

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Une lignée taillée pour les profondeurs

La classe Astute, c’est le haut du panier britannique. Propulsion nucléaire, torpilles Spearfish, missiles Tomahawk, sonar embarqué ultra-sensible, et surtout, capacité de rester sous l’eau sans refaire surface pendant plusieurs mois.

L’Agamemnon est le sixième d’une série de sept. Son frère cadet, le HMS Agincourt, est encore en cours d’assemblage. Ces sous-marins remplacent peu à peu la classe Trafalgar, qui tirait sa révérence après 30 ans de bons et loyaux services.

Avec cette série, le Royaume-Uni s’offre une capacité de frappe lointaine, silencieuse, et autonome, capable d’opérer loin des côtes et de surveiller des zones entières sans être repéré. En clair, une main de velours sous l’eau, prête à frapper si besoin.

Clyde en ligne de mire : une base, un sanctuaire

Dès qu’il aura terminé ses tests à Barrow, le HMS Agamemnon partira vers l’Écosse, à la base navale de Faslane, sur la Clyde. C’est là que la flotte sous-marine britannique vit, s’entraîne et veille. L’endroit, discret mais hautement stratégique, abrite aussi les sous-marins nucléaires lanceurs d’engins de la classe Vanguard.

Le choix du nom “Agamemnon” n’est pas anodin. Il évoque le roi grec, chef des armées achéennes lors de la guerre de Troie. Une figure d’autorité, de patience et de stratégie. Un nom qui colle bien à un engin conçu pour rester invisible, tout en étant capable d’intervenir n’importe où.

L’ombre du Dreadnought

Pendant que l’Agamemnon fait ses premiers plongeons, d’autres bêtes plus imposantes encore sont en train de naître dans les hangars de BAE Systems. Il s’agit des quatre sous-marins Dreadnought, qui remplaceront les Vanguard. Ces mastodontes, chargés de la dissuasion nucléaire britannique, porteront chacun jusqu’à 12 missiles Trident II D5.

Ils sont au cœur de la doctrine de « Continuous At-Sea Deterrence » : un sous-marin armé nucléaire est toujours en mer, quelque part, prêt à répondre à toute attaque. La logique est simple : celui qui vous attaque doit être sûr qu’il sera frappé en retour, même s’il vous détruit. C’est glaçant, mais c’est ce principe qui évite les conflits ouverts depuis des décennies.

La classe Astute de la Royal Navy comptera sept sous-marins à propulsion nucléaire. Le HMS Astute, Ambush, Artful, Audacious et Anson sont actuellement en service actif, tandis que deux autres bâtiments – le HMS Achilles et le HMS Agamemnon  sont en cours de construction. (source : Royal Navy)
La classe Astute de la Royal Navy comptera sept sous-marins à propulsion nucléaire. Le HMS Astute, Ambush, Artful, Audacious et Anson sont actuellement en service actif, tandis que deux autres bâtiments – le HMS Achilles et le HMS Agamemnon sont en cours de construction. (source : Royal Navy)

Le chantier de Barrow : une ruche nucléaire

Derrière chaque sous-marin, il y a des milliers de mains. Le chantier naval de Barrow-in-Furness, dans le comté de Cumbria, est l’épine dorsale de la construction sous-marine britannique. On y travaille le métal comme ailleurs on façonne la pierre. En 2023, ils étaient 10 700 ouvriers, ingénieurs, soudeurs. En 2025, ils sont déjà 15 000. Et les projections annoncent 17 000 salariés d’ici peu.

Les chiffres parlent d’eux-mêmes : c’est l’un des plus gros pôles industriels du pays. Et avec le programme AUKUS, signé avec les États-Unis et l’Australie, Barrow devient aussi un carrefour stratégique international. Des modèles de sous-marins communs, des technologies partagées, une coopération inédite sur fond d’inquiétudes indo-pacifiques.

Comparaison internationale : un sous-marin dans son époque

Classe / Type Pays Déplacement (tonnes) Propulsion Missiles / Torpilles En service depuis Nombre actuels (en service / total prévu)
Astute Royaume-Uni 7 400 Nucléaire Tomahawk, Spearfish 2010 5 / 7
(bientôt 6 avec l’HMS Agamemnon)
Suffren (classe Barracuda) France 5 300 Nucléaire MdCN, torpilles F21 2020 2 / 6
Virginia Block IV/V États-Unis 7 800 Nucléaire Tomahawk, Mk 48 2014 (Block IV) 22 / 38 (toutes versions confondues)
Yasen-M (classe 885M) Russie 13 800 Nucléaire Kalibr, Oniks, torpilles UGST 2014 5 / 9
Type 095 (Shang amélioré) Chine (estimé) ~8 000 Nucléaire YJ-18, torpilles Yu-6 En développement 0 / 6 (prévision)
Classe / Type Pays Déplacement (tonnes) Propulsion Missiles / Torpilles En service depuis Nombre actuels (en service / total prévu)
Astute Royaume-Uni 7 400 Nucléaire Tomahawk, Spearfish 2010 5 / 7
Suffren (classe Barracuda) France 5 300 Nucléaire MdCN, torpilles F21 2020 2 / 6
Virginia Block IV/V États-Unis 7 800 Nucléaire Tomahawk, Mk 48 2014 (Block IV) 22 / 38 (toutes versions confondues)
Yasen-M (classe 885M) Russie 13 800 Nucléaire Kalibr, Oniks, torpilles UGST 2014 5 / 9
Type 095 (Shang amélioré) Chine (estimé) ~8 000 Nucléaire YJ-18, torpilles Yu-6 En développement 0 / 6 (prévision)

 

Le HMS Agamemnon s’inscrit donc dans une génération de sous-marins nucléaires d’attaque polyvalents, autonomes, discrets et armés pour l’interopérabilité OTAN. Il est plus lourd et plus endurant qu’un Suffren, mais moins massif et cher qu’un Yasen russe.

Il ne prétend pas être le plus impressionnant, ni le plus armé. Il incarne plutôt la continuité, l’expertise industrielle, et une certaine idée de la dissuasion furtive.

Un sous-marin qui, dans quelques semaines, glissera en silence dans les eaux sombres de l’Atlantique Nord, en transportant plus de secrets que de torpilles.

Source : https://ukdefencejournal.org.uk/new-british-nuclear-attack-sub-submerges-for-first-time

Image : BAE Systems

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