Une munition ultracompacte, déjà testée sur le Jaguar et le RapidFire, vient d’être commandée pour 150 millions d’euros. Elle pourrait redéfinir les standards européens face aux menaces modernes, des drones jusqu’aux vedettes rapides.
Avec un investissement de 150 millions d’euros, la France mise sur une munition nouvelle génération pour ses véhicules Jaguar et systèmes RapidFire. Cette cartouche télescopée de 40 mm promet un saut technologique pour les forces terrestres et navales françaises, tout en réduisant la dépendance aux technologies étrangères. Ce virage industriel renforce aussi la coopération franco-britannique et consolide l’autonomie de la chaîne logistique européenne.
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Un contrat stratégique pour un calibre hors norme
La Direction générale de l’armement (DGA) a annoncé, le 16 juin 2025, la commande de 25 000 munitions télescopées de 40 mm auprès du groupe KNDS. Montant de l’opération : 150 millions d’euros sur cinq ans. Cette commande va équiper à la fois les véhicules blindés Jaguar de l’Armée de Terre et les systèmes navals RapidFire de la Marine nationale. Ce calibre, plus compact et plus destructeur, est un véritable bond en avant pour la puissance de feu interarmées.
Une technologie télescopée unique en Europe
La particularité de cette munition innovante, développée avec BAE Systems, réside dans sa forme télescopée. Contrairement aux obus classiques, le projectile est entièrement contenu dans l’enveloppe de la douille. Résultat : un gabarit réduit, une charge utile optimisée et un gain de place considérable à bord des tourelles. Cette conception permet de tripler la capacité d’emport dans un volume identique.
Des effets dévastateurs et une logistique optimisée
En plus d’être plus maniables, ces munitions offrent une pénétration accrue grâce à une charge explosive concentrée. Elles sont également programmables, ce qui permet des détonations en vol pour créer des éclats aériens contre des cibles multiples : drones, missiles, vedettes rapides. C’est un atout logistique majeur, car une seule chaîne de productionpermet de ravitailler terre et mer avec une standardisation inédite.
Deux plateformes de pointe déjà compatibles
Le canon CTA40 équipe déjà deux plateformes majeures : le Jaguar, fer de lance de la cavalerie blindée, et le système RapidFire, pensé pour la défense rapprochée anti-drone et anti-missile. Avec une cadence de tir de 200 coups par minute, le canon peut engager plusieurs menaces à courte portée sans recharge. La portée efficace est supérieure à 2 500 m.
Une production répartie sur le territoire
La chaîne industrielle est déployée dans plusieurs départements français : Haute-Savoie, Hautes-Pyrénées, Cher, Manche. Cet ancrage local réduit la dépendance aux composants importés et garantit une résilience accrue en cas de crise. Ce choix logistique répond à une volonté politique de souveraineté industrielle et de relocalisation de la production de défense.
Une coopération franco-britannique réaffirmée
Malgré le Brexit, la coentreprise CTA International continue de réunir KNDS et BAE Systems autour de cette munition. Ce succès montre que la coopération industrielle européenne peut survivre aux aléas politiques. Elle préfigure aussi des exportations potentielles vers d’autres armées européennes ou de l’OTAN, soucieuses d’harmoniser leurs standards.
Un modèle d’armement adapté aux conflits modernes
Dans un contexte où les menaces sont plus diffuses, cette munition se distingue par sa modularité. Elle s’adapte aussi bien aux opérations urbaines, aux zones littorales, qu’à la lutte anti-drones. Ce nouveau standard s’inscrit dans une stratégie plus large d’équipements interconnectés, plus intelligents et capables de réagir en temps réel.
Source : Defense.gouv