Le char le plus célèbre de l’armée américaine est en train de muter : avec des drones Switchblade embarqués, il pourrait désormais éliminer une cible sans jamais sortir du couvert. Une révolution est en marche.
Les M1 Abrams, longtemps rois des champs de bataille avec leur puissance brute, sont en pleine transformation. Grâce à un nouveau système nommé PERCH, ces mastodontes peuvent désormais lancer des drones kamikazes Switchblade depuis leur tourelle, avec une portée de plus de 40 km. Une technologie de rupture, testée au Texas, qui pourrait bien changer la donne dans les futurs conflits.
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Des blindés qui frappent au-delà de la ligne de vue
Jusqu’à récemment, les chars lourds comme le M1 Abrams de 58 tonnes étaient surtout redoutés pour leur canon de 120 mm. Mais dans l’ère des conflits asymétriques et des frappes à longue distance, cela ne suffit plus. Avec PERCH, un système de lancement de drones directement intégré à la tourelle, l’Abrams gagne une capacité de tir indirect précieuse. Le système peut embarquer trois Switchblade 300 et un Switchblade 600, deux types de drones à vocation offensive, capables d’observer, cibler et détruire une menace bien au-delà des 40 km. Ce gain en portée transforme littéralement le rôle du char, qui n’est plus seulement un tank, mais aussi un hub de frappes intelligentes.
Une installation modulaire et déjà testée
L’intégration de PERCH ne nécessite aucune transformation lourde. Le système est modulaire, simplement fixé sur les points d’attache existants de l’Abrams, en remplacement du coffre latéral de chargeur. Cela facilite une adoption rapide, sans immobiliser les véhicules pendant des semaines. La phase de test la plus récente s’est tenue entre le 26 et le 30 octobre 2025 à Fort Hood, au Texas, dans le cadre de l’exercice MARS. Objectif : tester l’efficacité du système lors d’opérations de franchissement, où les drones ont joué un rôle décisif en reconnaissance longue portée et frappe ciblée avant même que les troupes ne soient exposées.
NEWS 📢: General Dynamics Land Systems and @aerovironment successfully demonstrate PERCH loitering munitions launcher
Full release: https://t.co/Ci0WhXcOdd#ThePowerToWin pic.twitter.com/kGdWEqi5ld
— General Dynamics Land Systems (@GD_LandSystems) December 5, 2025
Des drones conçus pour harceler l’ennemi
Les deux modèles de Switchblade intégrés dans PERCH sont déjà bien connus des observateurs militaires. Le Switchblade 300, léger, pèse moins de 3 kg, et peut voler pendant 15 minutes sur environ 10 km. Sa petite ogive de 2 kg est parfaite pour neutraliser un véhicule léger ou un groupe d’infanterie. Le Switchblade 600, quant à lui, est bien plus imposant : 23 kg, une portée de 40 km et une autonomie de 40 minutes. Il est équipé de la même charge militaire que le missile antichar Javelin, capable de détruire un blindé lourd, voire de faire exploser un bâtiment entier. C’est cette version qui donne au char sa nouvelle dimension stratégique.
Une interface simple, une efficacité redoutable
Lors des essais MARS, les opérateurs ont utilisé une tablette pour piloter les drones, ce qui démontre la simplicité d’emploi du système. Mais GDLS, le fabricant, prévoit une intégration complète au système embarqué du char pour la version de série. Cette facilité de déploiement est cruciale : un seul opérateur peut déclencher une attaque depuis la tourelle, en gardant le véhicule entièrement dissimulé derrière un bâtiment, une crête ou un couvert végétal. Le char devient ainsi une plateforme de tir indirecte, capable de surveiller et frapper sans jamais se dévoiler.

Un avantage tactique dans des conflits modernes
La guerre en Ukraine a montré que les véhicules trop visibles sont des cibles faciles. Le M1 Abrams, bien qu’imposant, devient désormais furtif dans l’usage, grâce à ses yeux volants. Les Switchblade peuvent effectuer une reconnaissance autonome, survoler les lignes ennemies, et frapper sans avertissement. En associant cette capacité avec un drone relais aérien (tethered ou autonome), le champ de vision et de communication du char peut être considérablement élargi. Le système devient alors un véritable réseau de détection mobile, capable d’opérer dans des environnements urbains ou montagneux complexes.

Vers une adoption massive ?
Même si l’exercice MARS a été financé par l’industrie, les premiers retours ont été si positifs que l’Armée américaine envisage maintenant de financer les prochaines étapes. Un accord serait en cours entre GDLS et le Pentagone pour un déploiement du système dès la fin 2026, au sein de la 2e brigade blindée de la 1ère division de cavalerie. Parmi les améliorations prévues : un système plus facile à recharger, et peut-être une compatibilité avec d’autres drones à longue portée. En clair, le système PERCH pourrait s’industrialiser rapidement, et devenir une norme dans la cavalerie lourde américaine.
Un futur standard pour tous les blindés ?
Si PERCH est validé, il pourra être installé non seulement sur les Abrams, mais aussi sur d’autres plateformes comme les Stryker 8×8, les véhicules de reconnaissance ou les engins du génie. L’objectif est clair : équiper les unités de combat avec des drones organiques, capables d’éclairer, de frapper et de soutenir sans délai. Ce type de capacité répond à la logique des conflits de haute intensité, où la réactivité, la discrétion et la portée des tirs sont les clefs de la supériorité. Une armée équipée de PERCH peut engager des cibles à distance, sans sacrifier la mobilité ni la sécurité de ses troupes.
Tableau : Les caractéristiques principales du système PERCH
| Équipement | Caractéristiques | Détails |
| Plateforme | Char M1 Abrams SEPv3 | 58 tonnes, canon 120 mm |
| Drones embarqués | 3 Switchblade 300 + 1 Switchblade 600 | Lancement vertical depuis tourelle |
| Portée max | 40 km pour Switchblade 600 | 10 km pour Switchblade 300 |
| Autonomie | 15 à 40 min selon modèle | Vision temps réel jusqu’à l’impact |
| Poids du drone | 3 kg (300) – 23 kg (600) | Charge militaire jusqu’à 10 kg |
| Interface | Tablette + intégration future | Commande à distance en vision directe ou indirecte |
| Déploiement prévu | Fin 2026 (si validé) | 2e brigade blindée, 1ère division de cavalerie |
Source : TWZ