Le Japon a dévoilé un missile anti-navire nouvelle génération, modulaire et furtif, conçu pour transformer le détroit de Miyako en piège mortel pour la marine chinoise. Une stratégie de déni d’accès discrète mais redoutable, à l’heure où le spectre d’un conflit pour Taïwan ne cesse de croître.
Dans l’ombre des tensions en mer de Chine orientale, le Japon renforce ses moyens de défense avec une arme taillée sur mesure pour empêcher toute percée navale chinoise vers l’océan Pacifique. Derrière ce projet, une logique assumée : déstabiliser les flottes ennemies avant même qu’elles ne tirent. Et Tokyo ne le fait pas seul : les États-Unis sont en embuscade.
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Un prototype testé discrètement
Ce mois-ci, l’agence japonaise des acquisitions militaires (ATLA) a révélé en catimini le prototype d’un missile anti-navire modulaire. Objectif : renforcer la protection des îles japonaises face à une percée chinoise. Compact, furtif, équipé d’un turbojet XKJ301-1, le missile est conçu pour opérer à longue distance depuis les îles les plus éloignées du pays. Son architecture ouverte permet une personnalisation redoutable : ogives à haute puissance, capteurs IR/EO, leurres électroniques, brouilleurs. Une arme caméléon, selon les stratéges, capable de reconnaissance, défense ou attaque massive selon le besoin.
Une portée qui change la donne
ATLA n’a pas donné de chiffres, mais le fuselage plus grand et la motorisation efficace laissent penser que la portée est largement supérieure à 900 km. Ce missile pourrait ainsi être l’héritier évolué du Type 12 SSM, passé de 200 km à 1 200 km dans sa version ER. Le prochain HVGP Block II attendu pour 2030 vise même les 3 000 km de rayon d’action, une donnée stratégique pour geler les mouvements chinois dans le Pacifique. Et tout cela depuis des archipels japonais, sans déployer de flottes.
Le détroit de Miyako, verrou naturel
Le détroit de Miyako est un goulet maritime de 250 km entre l’île japonaise d’Okinawa et Taïwan. Il constitue l’une des rares issues pour que la flotte chinoise passe de la mer de Chine orientale à l’océan Pacifique. En cas d’opération sur Taïwan, la Chine devra le traverser. Mais avec les batteries de missiles japonaises déployées sur les îles Ryukyu, chaque navire chinois deviendrait une cible potentielle, même les porte-avions.

Percer les défenses par saturation
Face aux défenses en couches de la marine chinoise, un missile seul ne suffit plus. Les analystes militaires envisagent un scénario de « nuée coordonnée » : des missiles de reconnaissance ouvrent la voie, forçant l’ennemi à dépenser ses munitions. Puis viennent les missiles brouilleurs, leurres, guerre électronique, et enfin les charges explosives qui visent les zones vitales : passerelle, réacteur, radars. Cette tactique épuise les systèmes de défense en forçant à tirer à tort.
Intégration dans un réseau plus large
Ce missile ne vit pas en solitaire. Il est appelé à s’intégrer dans un réseau de tir interconnecté, comprenant aussi bien des lanceurs terrestres que des drones ou avions de combat. Objectif : couvrir tous les formats de menace, du destroyer au sous-marin. Les Typhon américains installés au Japon complétent ce maillage avec des Tomahawk de 2 000 km de portée, permettant des frappes en profondeur sur le territoire chinois, si nécessaire.

Une autonomie logistique vitale
L’intérêt pour le Japon ne se limite pas à la dissuasion. Ce programme réduit sa dépendance aux stocks américains, qui pourraient fondre rapidement en cas de conflit prolongé. Tokyo se dote ainsi d’une capacité à durer et à riposter sans attendre. Par ailleurs, cette stratégie permet à l’allié américain de soutenir Taïwan sans troupes au sol, via un modèle de guerre par procuration technologique, comme vu en Ukraine.
Réalités politiques et limites locales
Malgré l’urgence stratégique, plusieurs freins internes menacent la dynamique. Réticences locales à accueillir des missiles, coûts de défense en hausse, difficultés industrielles, pacifisme ancré dans la société… Ajoutons à cela une incertitude américaine avec une politique étrangère parfois imprévisible : si Washington redevient transactionnel, Tokyo pourrait se retrouver seul face à la pression chinoise et la menace balistique croissante.
Source : ATLA