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Avec l’Altay et ses 65 tonnes dont elle a commencé la production en série, la Turquie rejoint un club très fermé : celui des pays producteurs de chars lourds

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Guillaume Aigron

Guillaume Aigron

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Non, le char lourd n’a pas encore dit son dernier mot sur le champ de bataille ! Après des années de développement et d’essais, la Turquie a officiellement commencé la …

Avec ce monstre de 65 tonnes dont elle a commencé la production en série, la Turquie rejoint un club très fermé : celui des pays producteurs de chars lourds

Non, le char lourd n’a pas encore dit son dernier mot sur le champ de bataille !

Après des années de développement et d’essais, la Turquie a officiellement commencé la production en série de son char de combat principal Altay. Les deux premiers exemplaires viennent d’être livrés aux forces terrestres turques, marquant une nouvelle ère dans la modernisation de ses capacités blindées et une entrée fracassante du pays dans le cercle très fermé des producteurs de chars lourds.

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C’est à Ankara, dans une usine flambant neuve de BMC, que les Altay prennent forme. Cette ligne de production est capable de fabriquer 8 chars Altay par mois, soit 96 exemplaires par an, un rythme plutôt soutenu à l’échelle européenne. En parallèle, le site produit aussi environ 10 véhicules blindés 8×8 Altuğ par mois. Plus de 1 500 ingénieurs et techniciens participent à cet effort, signe d’une industrie défense nationale en pleine ascension.

Ce démarrage industriel est un jalon de la stratégie turque de réduction de sa dépendance aux importations et d’exportation accrue de matériels militaires. Le président Erdogan lui-même a précisé que les livraisons s’accéléreraient d’ici fin 2025.

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Un char 100 % turc ? Pas encore, mais presque

Le programme Altay a débuté dans les années 2000. Il a depuis absorbé plus de 1,5 million d’heures d’ingénierie et 35 000 km de tests. Avec ses 65 tonnes, il embarque un canon 120 mm à âme lisse, une mitrailleuse 7,62 mm coaxiale, et un système d’armement téléopéré.

Sous sa carapace, les 85 premiers Altay s’appuient encore sur un moteur et une transmission sud-coréens. Mais à partir de 2026, une version entièrement motorisée avec un système indigène entrera en service. L’AKKOR, système actif de protection développé par ASELSAN, est déjà prévu pour être installé sur les unités en production.

La montée en puissance inexorable de la Turquie

Depuis 2020, la Turquie a engagé une montée en puissance budgétaire sans précédent dans le secteur de la défense. En 2024, le budget du ministère turc de la Défense a atteint 1 132 milliards de livres turques, soit environ 38 milliards de dollars. Ces investissements massifs servent à moderniser l’armée de terre, mais aussi à renforcer l’industrie nationale d’armement, avec une attention particulière portée aux programmes d’exportation. En plus de l’Altay, la Turquie développe le chasseur Kaan (TF-X), les drones de combat Kizilelma, Akinci et Anka-3, les missiles SOM-J ou encore les frégates de type Istanbul et TF-2000.

Cette stratégie vise autant l’autonomie stratégique que la création d’un véritable complexe militaro-industriel capable de rivaliser sur les marchés mondiaux. En 2023, les exportations de défense turques ont atteint un niveau record de 5,5 milliards de dollars, avec l’objectif d’atteindre les 10 milliards d’ici 2030. Le secteur emploie plus de 80 000 personnes, réparties dans des entreprises publiques (Aselsan, Roketsan, TAI) et privées comme BMC, Otokar ou Baykar. Ankara assume ainsi une ambition : faire de la Turquie un des dix plus grands producteurs mondiaux d’équipements de défense à l’horizon 2030.

Comment se positionne l’Altay face à ses concurrents ?

Sur le papier, l’Altay s’inscrit dans la catégorie des chars lourds modernes. Il vise à remplacer les Leopard 1 et M60 américains encore en service dans l’armée turque.

Modèle Pays Masse Vitesse sur route Motorisation Système de protection Année d’entrée en service
Altay Turquie 65 t 65 km/h Corée du Sud (puis Turquie) AKKOR 2023
Leopard 2A7+ Allemagne 63 t 72 km/h MTU MB873 Ka-501 (1 500 ch) Trophy ou ADS 2014
Leclerc XLR France 57 t 71 km/h V8 Hyperbar (1 500 ch) GALIX + blindage SC 2021 (rétrofit)
K2 Black Panther Corée du Sud 55 t 70 km/h Hyundai Doosan DV27K KAPS 2014
M1A2 SEP v3 Abrams États-Unis 66 t 67 km/h Honeywell AGT1500 (turbine) Trophy 2017


Un segment porteur sur fond de tensions globales

La mise en service de l’Altay intervient alors que de nombreux pays cherchent à renouveler ou compléter leur flotte de chars, usée par des décennies de sous-investissements ou d’opérations extérieures. L’expérience ukrainienne a aussi réaffirmé l’importance du char lourd dans les conflits de haute intensité.

Selon plusieurs cabinets d’analyse, le marché mondial des chars de combat principaux devrait atteindre 18 à 20 milliards de dollars d’ici 2035, avec des pics de demande en Europe, en Asie du Sud-Est et au Moyen-Orient. La Turquie, avec l’Altay, veut non seulement moderniser ses forces, mais aussi s’imposer comme exportateur sur ce segment stratégique.

Source : https://www.iletisim.gov.tr/turkce/dis_basinda_turkiye/detay/turkiye-altay-tankinin-seri-uretimine-basladi-it-boltwise

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