Face à la menace des drones et des missiles modernes, les chars américains sont en sursis. Loin d’être obsolètes, ils évoluent à marche forcée, avec un budget de 100 millions d’euros pour ne pas finir en carcasses fumantes sur TikTok. Et leur salut pourrait venir d’un bouclier numérique, d’un laser de 50 kilowatts et d’un système de camouflage militaire 2.0.
Les chars étaient jadis les rois du champ de bataille. Aujourd’hui, un simple drone de loisir équipé d’une charge artisanale peut en faire des épaves. L’armée américaine le sait, et elle s’active dans l’urgence pour renforcer la survie de ses blindés, à coups de technologies modulaires, de brouillage, de laser haute énergie et même de peinture furtive. Derrière les grandes annonces, une question persiste : peut-on encore sauver les chars dans une guerre où l’ennemi vient du ciel, de toutes les directions, à très bas prix ?
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Un danger inattendu venu du ciel
Le principal ennemi du char moderne n’est plus le missile hypertechnologique, mais le drone léger piloté depuis un téléphone. Les conflits récents, notamment en Ukraine, l’ont prouvé : pour quelques centaines d’euros, une milice peut détruire un véhicule blindé coûtant plusieurs millions. Des modèles civils comme les quadcoptères deviennent des armes létales une fois dotés d’explosifs. À cela s’ajoute la montée en puissance des munitions rôdeuses, ces drones-suicides capables d’attendre leur cible pendant des heures avant de frapper, ainsi que les missiles comme le NLAW à frappe verticale. Les chars sont désormais vulnérables dans toutes les dimensions, surtout depuis le haut, un angle historiquement mal protégé.
Un budget de 100 millions d’euros en urgence
Face à cette nouvelle donne, le Pentagone débloque 108 millions d’euros pour rendre ses blindés plus résistants. L’argent est réparti entre plusieurs projets prioritaires : le développement d’un système de protection modulaire, la fabrication de protections de toit contre les attaques verticales, et la mise au point de lasers embarqués capables de neutraliser des drones à courte portée. Le plan n’est pas de remplacer les chars, mais de les adapter à l’époque. Dans un contexte de guerre hybride, ils doivent pouvoir détecter la menace avant d’être détectés, et surtout réagir en quelques secondes.
Des chars intelligents et modulables
La clé de cette modernisation repose sur le MAPS (Modular Active Protection System). Ce système agit comme un système d’exploitation embarqué, capable de coordonner capteurs, brouilleurs, intercepteurs, caméras et modules de camouflage selon le besoin. Un Abrams ou un Bradley peut ainsi être équipé d’un kit défensif sur mesure en fonction du terrain. Cela permet à chaque blindé d’être évolutif, sans refonte structurelle, tout en s’adaptant aux nouvelles menaces. Ce type de modularité donne un coup de jeune aux véhicules déjà en service, tout en les rendant plus imprévisibles pour l’ennemi.
Des intercepteurs pour arrêter les roquettes
Les systèmes de défense active, déjà utilisés par Israël, sont en cours d’intégration sur les blindés américains. Le Trophy, installé sur les Abrams, et l’Iron Fist Light, choisi pour les Bradley, tirent de petits projectiles capables de détruire les roquettes ou missiles avant impact. Leur efficacité est prouvée sur le terrain, mais ces systèmes ne sont pas sans défauts. Ils peuvent être submergés par des attaques multiples, nécessitent un rechargement manuel, et leur coût reste élevé. Malgré tout, la balance coût-efficacité reste favorable lorsqu’on parle de sauver l’équipage et un blindé de plusieurs tonnes.
Les grilles anti-drones ne suffisent pas mais on en fabrique
Une autre mesure adoptée à grande échelle est la fabrication de grilles métalliques appelées “cope cages”, installées sur les toits des chars. Elles sont censées gêner les drones qui larguent des charges verticalement, une faiblesse connue des systèmes de protection active classiques. Si leur efficacité réelle reste discutée, elles présentent l’avantage d’être peu coûteuses, faciles à monter et immédiates à déployer. L’armée américaine a prévu près de 85 millions d’euros pour en équiper ses véhicules. C’est une solution temporaire mais nécessaire, le temps que les technologies plus avancées soient opérationnelles.
Le pari risqué des lasers embarqués
Le recours aux lasers de 50 kilowatts, montés sur les Stryker DE M-SHORAD, est aussi testé comme solution anti-drones. Ces armes permettent de détruire un drone sans munition, simplement par concentration d’énergie. Lors des essais en Europe et au Moyen-Orient, le concept a fonctionné, mais avec des limites. Le besoin en électricité est massif, ce qui oblige les véhicules à rester immobiles plus longtemps. De plus, la poussière, la pluie ou le brouillard réduisent considérablement l’efficacité du rayon. Malgré ces contraintes, le laser offre un avantage majeur : des tirs illimités et un coût marginal par engagement, une fois l’arme en place.
Mieux vaut disparaître que riposter
L’un des axes majeurs de protection repose sur l’invisibilité partielle des blindés. Moins ils sont détectables, moins ils risquent d’être attaqués. Cela passe par des peintures à signature thermique réduite, du camouflage modulaire, et la réduction des émissions acoustiques et électromagnétiques. L’idée est simple : gagner du temps. Si un char n’est pas repéré tout de suite, il peut engager une manœuvre ou activer ses contre-mesures. Dans une guerre de capteurs, être discret vaut autant que savoir tirer.
Tableau récapitulatif des mesures mises en place
Mesure de protection | Objectif principal | Montant alloué |
MAPS | Coordination des défenses embarquées | 16 millions d’euros |
Iron Fist / Trophy | Destruction d’armes en approche | inclus dans le MAPS |
Cope cages | Protection basique contre drones kamikazes | 85 millions d’euros |
Lasers DE M-SHORAD | Neutralisation silencieuse des drones | 7 millions d’euros |
Camouflage et réduction d’empreinte | Furtivité accrue sur le terrain | non précisé |
Source : Task and Purpose