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Airbus prépare un immense succès commercial à partir de l’échec initial de son « monstre » des airs l’A400M

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Guillaume Aigron

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L’A400M renaît des cendres : Airbus en fait une bête de guerre, de drones et de feu. Il transportait des chars. Aujourd’hui, il commande des drones, brouille des radars et …

Airbus impressionne jusqu'aux Etats-Unis en préparant un immense succès commercial à partir d'e l’échec initial de son "monstre" des airs l'A400M

L’A400M renaît des cendres : Airbus en fait une bête de guerre, de drones et de feu.

Il transportait des chars. Aujourd’hui, il commande des drones, brouille des radars et largue des tonnes d’eau sur des incendies. Ce géant discret de l’armée européenne, l’A400M, est en train de changer de peau. Airbus en fait une machine hybride, prête pour des guerres que l’on n’a pas encore imaginées.

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À l’origine, l’A400M était un cheval de trait pour armées pressées : capable d’atterrir sur une piste de terre battue, d’embarquer un blindé de 30 tonnes ou de déposer des troupes en zone hostile. Robuste, fiable, européen. Mais les conflits ont changé. Ils sont devenus plus numériques, plus rapides, plus flous. Alors Airbus a décidé de métamorphoser son mastodonte.

Désormais, l’A400M embarque des liaisons satellites à haut débit. Il ne se contente plus de transporter : il coordonne. Il relaie. Il supervise. Il devient un centre nerveux en altitude, un poste de commandement en mouvement. Les signaux circulent, les ordres descendent, les données montent. Un nœud vital dans un champ de bataille devenu nuage de données : le fameux Combat Cloud du programme FCAS.

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Un programme qui a explosé son budget

Le coût de production de l’Airbus A400M a connu d’importantes variations depuis le lancement du programme. Initialement estimé à 20 milliards d’euros, le coût total du projet a été réévalué à environ 27,7 milliards d’euros en 2009, puis à près de 30 milliards d’euros en 2025, principalement en raison de surcoûts liés à des difficultés techniques et à des retards de développement.

Il n’est ainsi guère étonnant de voir Airbus chercher à « corriger » et à rentabiliser son bébé de 141 tonnes.

Une usine à drones dans les airs

Dans sa soute, autrefois remplie de palettes et de jeeps, Airbus prépare l’inattendu : des drones. Des dizaines de drones. L’appareil pourra en emporter jusqu’à cinquante, dont douze de grande taille. Et surtout, les piloter. En 2022, un démonstrateur de drone a déjà été largué depuis un A400M. Une première. L’idée, désormais, c’est d’en faire une « mère porteuse » de drones de combat, capables d’accompagner les chasseurs habités.

À terme, l’A400M ne sera plus seulement un transporteur. Il sera le chef d’orchestre d’un essaim robotisé, capable de surveiller, harceler, ou frapper. Et tout cela, sans jamais descendre sous les 10 000 mètres.

Un brouilleur géant pour contrer les missiles

Côté défense, l’avion monte aussi en puissance. L’Allemagne a déjà commandé une version équipée de DIRCM, un système laser capable de tromper les missiles à guidage infrarouge. L’A400M peut désormais se défendre. Voire défendre les autres.

Airbus pousse plus loin : transformer l’A400M en jammer volant, un brouilleur capable d’aveugler les radars adverses ou de couper les communications d’un bataillon ennemi. Avec ses quatre moteurs et son immense surface, il peut emporter tout un arsenal d’antennes et de modules de guerre électronique. Ce rôle était autrefois réservé aux avions spécialisés. Demain, il pourrait être assuré par un avion de transport.

  • Brouillage des communications ennemies
  • Protection active contre missiles infrarouges
  • Surveillance électromagnétique à longue portée
  • Appui électronique pour opérations spéciales

Quand l’armée vole au secours des forêts

Et puis il y a le feu. L’autre guerre. Celle qui ravage les massifs chaque été. Airbus a conçu un kit de largage, installable sans modification permanente. Le résultat : un avion militaire qui devient en quelques heures un bombardier d’eau. Capacité ? 20 000 litres d’un seul coup. De quoi noyer un incendie en une passe.

Des essais ont déjà été réalisés en Espagne. Dans les zones difficiles d’accès, où les Canadair doivent voler bas et risquer la collision, l’A400M, lui, passe au-dessus, vite et fort. Il pourrait devenir un allié précieux des services civils, sans jamais perdre son rôle militaire.

Une modernisation silencieuse, mais profonde

Toutes ces mutations s’intègrent dans une vaste refonte appelée Block Upgrade 0. Un programme qui rehausse les standards techniques, améliore les systèmes tactiques et intègre un atterrissage assisté par satellite. En somme, une remise à niveau totale pour rester compatible avec les futurs théâtres d’opération, qu’ils soient européens, otaniens ou interalliés.

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Un colosse tactique dans un monde incertain

L’A400M est à l’image de son époque : polyvalent, adaptable, nerveux. Il incarne cette nouvelle génération de matériels militaires, capables de tout faire – et surtout de surprendre. Transporter des troupes le matin, brouiller un champ radar l’après-midi, piloter un essaim de drones le soir.

Dans les coulisses, Airbus peaufine sa créature qui lui a coûté si chère mais qui pourrait finalement devenir un succès commercial. À terme, ce mastodonte sera plus qu’un avion : une plateforme volante de domination tactique, au croisement du transport, du numérique, du renseignement et de la guerre électronique.

Les Etats-Unis qui « galèrent » dans certains de leurs programmes notamment le Boeing KC-46 Pegasus (qui est en train de battre tous les records de retard et de dépassement de budget) pourraient bien en prendre de la graine !

Fiche technique de l’Airbus A400M Atlas

Caractéristique Valeur
Constructeur Airbus Defence and Space
Équipage 2 pilotes + loadmaster (selon mission)
Entrée en service 2013
Envergure 42,4 m
Longueur 45,1 m
Hauteur 14,7 m
Masse maximale au décollage 141 tonnes
Charge utile maximale 35 tonnes (par exemple : 2 hélicoptères Tigre, 1 CAESAR, 2 VAB, 9 palettes OTAN, ou 116 parachutistes)
Capacité carburant 50 tonnes
Motorisation 4 turbopropulseurs TP400-D6 (11 600 chevaux chacun)
Vitesse de croisière Mach 0,68 à 0,72 (environ 780 à 920 km/h)
Vitesse maximale opérationnelle 300 nœuds (environ 555 km/h)
Allonge maximale 4 700 milles nautiques (environ 8 700 km, selon charge)
Capacité d’atterrissage Pistes courtes et non préparées, atterrissage dès 700 m, décollage dès 1 150 m
Volume de la soute 340 m³ (17,71 m x 4 m x 3,85 m)
Prix unitaire estimé Entre 130 et 158 millions d’euros selon les contrats et équipements

 

Source : Airbus

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