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La Corée du Nord montre les muscles avec des tests « réussis » autour d’une nouvelle catégorie de missiles nucléaires

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Guillaume Aigron

Guillaume Aigron

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Un tir qui ne cherche pas la vitesse, mais la surprise. Le 28 décembre 2025, au-dessus de la mer Jaune, deux objets discrets ont quitté la côte occidentale nord-coréenne. Pas …

La Cotée du Nord montre les muscles avec des tests « réussis » autour d'une nouvelle catégorie de missiles nucléaires

Un tir qui ne cherche pas la vitesse, mais la surprise.

Le 28 décembre 2025, au-dessus de la mer Jaune, deux objets discrets ont quitté la côte occidentale nord-coréenne. Pas de trajectoire tendue vers l’espace. Pas de phase balistique spectaculaire. Seulement un vol long, très long, près de trois heures, à basse altitude, en suivant un itinéraire soigneusement programmé.

Pyongyang parle d’un exercice.  mais dans les faits, il s’agit d’un message. La Corée du Nord mise désormais autant sur le contournement que sur la force brute. Ce missile, présenté comme une version modernisée du Hwasal-1, incarne parfaitement cette logique.

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Depuis des années, l’attention internationale se focalise sur les missiles balistiques nord-coréens : portée, puissance, capacité à franchir les défenses antimissiles etc. Pourtant, dans l’ombre, une autre famille d’armes progresse, plus lente, plus sournoise, et parfois plus difficile à contrer.

Le Hwasal appartient à cette catégorie. Un missile de croisière stratégique, propulsé par un petit turboréacteur, conçu pour voler longtemps à vitesse subsonique. Ici, pas question de foncer, l’objectif est ailleurs : rester invisible le plus longtemps possible.

Les données publiées par Pyongyang parlent d’elles-mêmes. 10 199 secondes pour le premier missile, 10 203 secondes pour le second. Presque trois heures en vol continu. La distance exacte n’est pas donnée, mais les analystes estiment une portée comprise entre 1 500 et 2 000 kilomètres, selon le profil de vol et la charge embarquée.

À cette distance, la péninsule coréenne entière, une grande partie du Japon et certaines installations américaines régionales entrent dans l’équation.

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Vol bas, trajectoire complexe, détection tardive

La force du missile de croisière réside dans sa discrétion relative. Contrairement à un missile balistique, il ne grimpe pas dans l’atmosphère. Il épouse le relief, suit les côtes, contourne les obstacles, exploite les zones d’ombre radar.

Le Hwasal volerait à moins de 100 mètres d’altitude sur certaines portions. Sa navigation reposerait sur un système inertiel, complété par un suivi du terrain, et possiblement des mises à jour satellitaires rudimentaires. Rien de révolutionnaire pris isolément. Tout devient plus inquiétant quand ces briques sont assemblées.

Pour une défense aérienne, le problème est connu. La détection arrive tard. La fenêtre de réaction se réduit. Et quand plusieurs missiles sont tirés depuis des positions mobiles, la saturation devient une hypothèse crédible.

Une charge qui change de statut

Officiellement, Pyongyang parle d’un missile stratégique. Le mot n’est jamais choisi au hasard. Dans la doctrine nord-coréenne, stratégique signifie capable d’emporter une charge nucléaire.

Aucune preuve indépendante ne confirme que le Hwasal est aujourd’hui opérationnel avec une tête nucléaire. Pourtant, la trajectoire technologique suivie par le régime laisse peu de doute sur l’objectif. La miniaturisation progresse. Les essais balistiques précédents l’ont montré. Et une charge nucléaire de quelques centaines de kilogrammes devient, à terme, compatible avec ce type de vecteur.

En configuration conventionnelle, le missile resterait capable de frapper des cibles fixes à forte valeur, comme des bases, des centres de commandement ou des infrastructures portuaires.

missile de croisière stratégique Hwasal-1 - infographie (crédit : Forum-Militaire.fr)

Une arme complémentaire, pas un remplacement

Le tir du 28 décembre ne remplace pas la panoplie balistique nord-coréenne. Il la complète.

Les missiles balistiques offrent la portée et la vitesse. Les missiles de croisière apportent l’imprévisibilité. Ensemble, ils compliquent la tâche de l’adversaire. Détruire l’un ne neutralise pas l’autre.

Le Hwasal est conçu pour être lancé depuis des plateformes mobiles terrestres, dispersables rapidement. Demain, il pourrait l’être depuis la mer. Pyongyang a récemment montré l’avancement d’un sous-marin à propulsion nucléaire, présenté comme capable d’emporter des missiles guidés. Même si cette capacité reste embryonnaire, la direction est claire.

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Une région déjà saturée de capteurs… et pourtant vulnérable

Pendant que la Corée du Nord montre les muscles, la Corée du Sud, le Japon et les États-Unis renforcent leur coopération : partage de données radar. systèmes antimissiles intégrés, exercices conjoints… pourtant, l’apparition de ces missiles de croisière longue endurance ajoute une couche de complexité.

Il ne s’agit plus seulement d’intercepter mais de surveiller en permanence, couvrir les basses altitudes, multiplier les capteurs… et accepter qu’une partie de l’équation reste incertaine !

Dans cet environnement tendu, le Hwasal-1 modernisé n’est pas une arme miracle. Il est un outil de plus, bien pensé, bien employé, dans une stratégie qui vise moins l’affrontement direct que l’équilibre instable.

Trois heures de vol au ras de la mer. Trois heures pendant lesquelles personne ne peut vraiment détourner le regard.

Source : https://www.koreatimes.co.kr/foreignaffairs/northkorea/20251229/n-koreas-kim-oversees-firing-of-long-range-strategic-cruise-missiles

Image : La Corée du Nord a procédé dimanche au tir d’essai d’un missile de croisière stratégique à longue portée en direction de la mer de l’Ouest, sur cette photo diffusée le lendemain par l’agence officielle nord-coréenne Korean Central News Agency. Yonhap

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