Français et Britanniques font « front commun » lors de l’exercice SCORPION PANZER.
Début décembre 2025, dans le froid sec des forêts d’Estonie, les soldats français et britanniques ont réalisé ensemble pendant quatre jours l’exercice SCORPION PANZER dans le cadre du bataillon multinational de l’OTAN.
Plus de 600 militaires, un état-major britannique à la manœuvre, un sous-groupement tactique interarmes français engagé à plein régime pour améliorer l’interopérabilité entre les 2 alliés.
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SCORPION PANZER, premier grand test pour le SGTIA français en Estonie
C’est quoi un GTIA et un SGTIA ?
Le groupement tactique interarmes (GTIA), c’est la boîte à outils du combat terrestre français. On part d’un régiment noyau, infanterie ou cavalerie, et on y agrège chars, artillerie, génie, transmissions et logistique selon la mission. Le tout est placé sous un commandement unique, pour agir vite et de façon cohérente. Temporaire par nature, le GTIA est taillé sur mesure pour un objectif précis et une durée donnée. C’est le premier niveau où la manœuvre interarmes se pense et se conduit sur le terrain, au sein d’une brigade ou en autonomie.
Sa souplesse, éprouvée notamment en Afghanistan, permet même de créer en son sein des sous-groupements encore plus légers, les SGTIA, adaptés au combat de contact.
En Estonie, le SGTIA français incarne cette logique de combat moderne : compact, autonome, connecté, et pensé dès l’origine pour opérer en coalition.
Premier exercice interallié d’ampleur en Estonie
Pour le sous-groupement tactique interarmes (SGTIA) français, SCORPION PANZER n’était pas un simple galop d’essai. C’était le premier exercice interallié d’ampleur depuis son déploiement en Estonie. Dès la phase initiale, le décor est planté : déploiement rapide, prise de positions avancées, rédaction des ordres dans l’urgence. Le poste de commandement opérations entre en action pendant que les unités se relaient sur les lignes les plus exposées.
Très vite, l’exercice bascule dans le vif du sujet. Grâce à des éléments de renseignement infiltrés, le battlegroup franco-britannique passe à l’offensive. Des chars et fantassins ennemis sont « neutralisés », des réseaux de tranchées conquis. Dans cette séquence, les drones font la différence. Observation, désignation d’objectifs, attaques simulées : le ciel devient un champ de bataille à part entière, face à un adversaire fictif… mais équipé, lui aussi, de moyens comparables.
Défendre, canaliser, encaisser
La seconde phase change de tempo. Fini l’élan offensif, place à la défense. Sur un terrain exigeant, boisé, contraignant pour les blindés comme pour l’infanterie, les unités doivent tenir, canaliser l’ennemi, l’user. Les véhicules britanniques WARRIOR et les GRIFFON français déposent fantassins et sapeurs au plus près du contact. On creuse, on aménage, on piège les axes de progression. L’objectif n’est plus d’avancer, mais d’empêcher l’autre de le faire.
C’est souvent là que tout se joue. Coordination des feux, compréhension mutuelle des procédures, langage commun. Ce que l’exercice cherche à éprouver, ce n’est pas seulement la robustesse du matériel, mais la capacité humaine à travailler ensemble sous pression.
L’attaque finale, ensemble dans les tranchées
La dernière phase : la contre-attaque. Embarqués à bord des WARRIOR, appuyés par les chars britanniques CHALLENGER 2, Français et Britanniques débarquent au seuil des tranchées ennemies. Cette fois, les sections sont mixtes.
Dans ces moments-là, l’interopérabilité cesse d’être un concept. Elle devient un réflexe. SCORPION PANZER a montré que cette mécanique fonctionne, même dans un cadre exigeant, rapide, et volontairement dégradé.
Une pièce de plus dans la posture OTAN à l’Est
Depuis 2017, la France participe à la présence avancée renforcée de l’OTAN dans les pays baltes. En Estonie, elle est intégrée au battlegroup multinational dont le Royaume-Uni est la nation-cadre. Après l’invasion de l’Ukraine par la Russie, la contribution française a été renforcée et adaptée. Aujourd’hui, près de 300 militaires français, dotés de véhicules de dernière génération, apportent une vraie plus-value interarmes au dispositif allié.
SCORPION PANZER n’est donc pas un exercice isolé mais une répétition de ce que pourrait être, demain, la défense collective du flanc Est de l’Alliance.
Dans les bois estoniens, Français et Britanniques ont montré qu’ils savent déjà faire front ensemble.
Forces de l’OTAN en Europe de l’Est en 2025
| Pays hôte | Cadre OTAN | Nation(s) cadre | Effectifs OTAN estimés | Nations contributrices principales | Capacités clés déployées |
| Estonie | eFP | Royaume-Uni | ~1 200 | UK, France, Danemark, Estonie | Infanterie mécanisée, chars Challenger 2, artillerie, drones |
| Lettonie | eFP | Canada | ~1 700 | Canada, Espagne, Italie, Pologne, Lettonie | Infanterie, blindés légers, défense sol-air |
| Lituanie | eFP | Allemagne | ~1 600 | Allemagne, Pays-Bas, Norvège, Tchéquie | Blindés lourds, artillerie, logistique |
| Pologne | eFP élargi | États-Unis | ~10 000+ | US, UK, Roumanie, Croatie | Brigade blindée US, aviation, défense antimissile |
| Roumanie | eFP → brigade | France | ~5 000 | France, Belgique, Espagne, Luxembourg | Chars Leclerc, Caesar, hélicos Tigre/NH90 |
| Bulgarie | eFP | Italie | ~1 000 | Italie, Albanie, Bulgarie | Infanterie, appuis interarmes |
| Slovaquie | eFP | Tchéquie | ~1 500 | Tchéquie, Espagne, Allemagne | Défense aérienne, infanterie mécanisée |
| Hongrie | eFP | Hongrie | ~1 000 | Hongrie, Croatie, Turquie | Infanterie, forces de réaction |
| Mer Baltique | SNMG / SNMCMG | OTAN (rotation) | Variable | DE, NL, SE, US, FR | Frégates, patrouilleurs, guerre des mines |
| Ciel Est-européen | Air Policing | OTAN | Rotation | FR, IT, ES, UK, US | Rafale, F-16, Eurofighter |
Lecture rapide
- ≈ 40 000 soldats OTAN sont aujourd’hui prépositionnés ou projetables rapidement sur le flanc Est.
- La logique a basculé du bataillon à la brigade depuis 2022, avec stocks prépositionnés et chaînes de commandement permanentes.
- La France est l’une des rares nations européennes à être nation-cadre, en Roumanie, avec des moyens lourds et un état-major interarmes.
Source: Ministère des armées