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La France envoie plus de 1000 hommes dans le plus grand exercice interarmées jamais réalisé par l’Hexagone au Moyen-Orient

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Guillaume Aigron

Guillaume Aigron

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Gulf 25 : bras dessus, bras dessous avec les Émirats dans le désert. Plus de 2 000 soldats français et émiriens ont uni leurs efforts du 6 au 24 novembre …

La France envoie plus de 1000 hommes dans le plus grand exercice interarmées jamais réalisé par l'hexagone au Moyen-Orient

Gulf 25 : bras dessus, bras dessous avec les Émirats dans le désert.

Plus de 2 000 soldats français et émiriens ont uni leurs efforts du 6 au 24 novembre pour l’exercice Gulf 25, c’est le plus important exercice interarmées franco-émirien jamais conduit aux EAU en termes de spectre capacitaire, d’intégration opérationnelle et de message stratégique. Un entraînement complet et exigeant, à l’image d’une relation militaire qui ne cesse de se consolider depuis près d’un demi-siècle.

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La coopération en matière de défense entre la France et les Émirats débute dans les années 1970, prend forme officiellement avec des accords signés en 1995, puis change d’échelle en 2009 avec la création d’une base militaire française permanente à Abou Dabi. Une première dans la région pour une armée occidentale.

Aujourd’hui, 650 militaires français y sont déployés en permanence, dans des installations combinant capacités terrestres, navales et aériennes. Ils y assurent un rôle pivot : projection rapide, sécurité régionale, lutte contre le terrorisme, coopération avec les armées alliées. Dans cette zone instable qu’est le Golfe, cette présence est tout sauf décorative.

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Une manœuvre intense, loin d’un exercice de parade

L’exercice Gulf 25 n’avait rien d’un entraînement de routine. Pendant près de trois semaines, les troupes ont enchaîné les missions dans un environnement désertique rude : chaleur écrasante, poussière omniprésente, contraintes logistiques extrêmes. Selon le lieutenant-colonel Nicolas, responsable côté français, « Gulf 25, ce n’est pas une simple manœuvre ou une manœuvre de parade. C’est un entraînement particulièrement exigeant pour nos forces et celles de nos partenaires émiriens ».

La France a mobilisé un large spectre de moyens :

  • Des chars Leclerc déployés dans leur biotope naturel : le désert.
  • Des Rafale pour des raids simulés et des appuis aériens réels.
  • Une frégate FREMM pour la composante navale.
  • Un avion de patrouille Atlantic 2, œil de lynx pour le repérage maritime.

Face à eux, les forces terrestres et aériennes des Émirats ont répondu présent, dans un format intégrant planification conjointe, exécution coordonnée et débriefings partagés.

Objectifs opérationnels clairs : interopérabilité et réactivité

Au cœur de cet entraînement, une ambition centrale : renforcer l’interopérabilité entre les deux armées, c’est-à-dire leur capacité à parler le même langage tactique, utiliser les mêmes outils de communication, et planifier ensemble des opérations complexes. Gulf 25 a ainsi permis de tester en grandeur nature des scénarios de haute intensité : assauts coordonnés, défense antiaérienne, évacuations sanitaires en conditions dégradées, coordination navale…

Autre dimension cruciale : l’environnement régional. Le golfe Arabo-Persique reste une zone géopolitique sous tension, où se croisent ambitions iraniennes, présence américaine, frictions entre voisins, piraterie et menaces terroristes. Être capable de manœuvrer efficacement dans ce théâtre stratégique est un atout pour la France comme pour ses partenaires.

Un engagement politique au plus haut niveau

La conclusion de l’exercice a pris la forme d’un VIP Day, avec la présence remarquée des chefs d’état-major des armées françaises et émiriennes. Une manière de montrer que l’entraînement opérationnel est aussi un signal politique. Pour les Émirats, la France reste un allié fiable, technologiquement avancé, capable de déployer des moyens crédibles rapidement. Pour la France, cette coopération incarne une stratégie d’ancrage dans les partenariats de défense bilatéraux hors Europe.

Une France omniprésente sur les terrains d’entraînement du monde

Gulf 25 vient clôturer une année 2025 particulièrement dense pour les forces françaises, marquée par une série d’exercices de grande ampleur menés sur plusieurs continents. En Europe de l’Est, Dacian Fall 2025 a vu plus de 3 000 soldats français manœuvrer en Roumanie au cœur du dispositif otanien, dans un scénario de guerre conventionnelle à haute intensité. Dans les pays baltes, la France a poursuivi ses déploiements dans le cadre de Bold Panzer et Baltic Sentry, mêlant forces terrestres et navales pour sécuriser le flanc Est de l’Alliance. Plus au sud, Chergui 2025 au Maroc a testé l’interopérabilité franco-marocaine dans le désert, tandis que dans l’Indopacifique, la participation française à ANNUALEX 25 avec le Japon et les États-Unis a confirmé l’ancrage durable de Paris dans cette zone stratégique.

De l’Atlantique Nord au Golfe arabo-persique, la France s’entraîne comme elle se déploie : en coalition, loin de ses frontières, avec des moyens crédibles, et une capacité assumée à monter en puissance rapidement. Ces exercices dessinent une réalité simple : en 2025, la France n’est pas une armée de présence symbolique, mais une force de manœuvre globale, capable d’agir du Sahel aux Balkans, du Pacifique au désert émirien.

opérations extérieures (OPEX) – missions opérationnelles (MISOPS)  - infographie

Principaux exercices militaires français en 2025 (par effectifs français engagés)

Exercice Zone géographique Effectifs français Partenaires principaux Nature de l’exercice
Dacian Fall 2025 Roumanie +3 000 OTAN (RO, BE, ES, LU) Guerre conventionnelle, brigade interarmes
Gulf 25 Émirats arabes unis ~1 000 Forces armées émiriennes Interarmées, haute intensité désertique
Steadfast Dagger 2025 Europe / OTAN ~1 200 OTAN (multinational) Certification Force de réaction alliée
Chergui 2025 Maroc ~700 Forces armées royales marocaines Combat interarmes en milieu désertique
Bold Panzer Estonie / Lettonie ~500 OTAN (EE, LV, PL) Manœuvre blindée multinationale
ANNUALEX 25 Indopacifique (Japon) ~300 Japon, États-Unis, partenaires régionaux Interopérabilité navale et aérienne
Baltic Sentry Mer Baltique ~300 OTAN (DE, NL, SE, US) Surveillance maritime et dissuasion

Source : Ministère des armées

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