Mirage 2000 en Ukraine : l’élégance française au cœur du chaos aérien.
Le Mirage 2000, longtemps considéré comme une figure classique de l’aéronautique militaire, se réinvente sous les couleurs d’un pays en lutte pour sa survie. Au sol, les pilotes ukrainiens racontent leur satisfaction vis-à-vis du « vieux briscard » de la flotte française. En vol, les résultats parlent d’eux-mêmes : 98 % d’efficacité contre drones et missiles russes.
Un pilote en particulier, a récemment témoigné de son admiration pour cet avion qui n’a visiblement pas dit son dernier mot.
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Le récit d’un pilote sous pression et des résultats hors norme pour le Mirage 2000
Le témoignage est rare, presque clandestin. Filmé sur une piste d’aviation provisoire quelque part en Ukraine (voir vidéo plus bas), un pilote de Mirage 2000 accepte de parler. Face à la caméra, l’homme ne cache rien : « C’est notre troisième base cette semaine. Les Russes frappent sans cesse. » Les missions s’enchaînent, parfois sous les tirs. L’un de ses derniers vols s’est déroulé en pleine attaque de drones Shahed et de missiles. Il en est revenu indemne, son avion aussi.
Au-dessus de lui, le Mirage 2000 s’impose. « J’ai volé sur Su-27. Aujourd’hui, je pilote le Mirage. C’est une machine très efficace. » Dans un coin de l’appareil, six silhouettes de drones abattus sont peintes. Il corrige : « Il y en a plus, on n’a juste pas le temps de les ajouter. » Le chiffre impressionne : 98 % de réussite dans l’interception de menaces aériennes. La clé ? Un missile Magic 2 encore redoutable malgré son âge, et une plateforme agile, rapide, fiable.
Formation en France, adaptation express
Comme d’autres, le pilote interviewé a été formé directement en France. Six mois d’apprentissage, encadré par des aviateurs français. « On a commencé sur biplace, puis on est passé au monoplace. Celui que je pilote maintenant. » Une transition rapide, rendue possible par un partenariat militaire qui se resserre à mesure que le conflit s’intensifie.
Le Mirage n’est pas de première jeunesse, mais pour ces pilotes venus du Su-27 ou du MiG-29, c’est un bond technologique. L’avion est plus réactif, plus maniable, et surtout, plus compatible avec les armements occidentaux. Une plateforme qui, selon eux, pourrait être encore plus redoutable… si on lui donnait des missiles de plus longue portée.
Interview du pilote ukrainien sur Mirage-2000
La vidéo est en ukrainien mais Youtube vous propose une traduction « honorable ». Pour cela :
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Manque de portée, besoin de quantité
Car là est le problème. Le Mirage excelle à courte distance mais la menace russe, elle, opère à plusieurs centaines de kilomètres. Le pilote est clair : « On a besoin de munitions longue portée. Quelque chose de plus abordable que le Meteor, mais plus efficace que ce qu’on a aujourd’hui. » C’est un appel. Il vise les alliés.
L’autre priorité : le nombre. Les Mirage ukrainiens se comptent encore sur les doigts des deux mains. « On a besoin de plus d’avions. Plus d’armes. Plus de tout. » Et pour les jours à venir, les pilotes se préparent à passer sur d’autres appareils. « Si on me propose un Rafale, je fonce. Ce serait plus simple à intégrer après le Mirage. »
Vers le Rafale ou au-delà ?
Le Rafale, oui. Mais pas seulement. Le pilote rêve aussi d’un Gripen, d’un F-35. Ce n’est pas une lubie. C’est une nécessité. Car dans le ciel ukrainien, il faut désormais aller chercher l’ennemi au loin, avant qu’il ne frappe. Et pour cela, le Mirage 2000, aussi efficace soit-il, atteint ses limites.
Le témoignage se termine sur un constat sobre. Les hommes sont prêts. Ce qu’il manque, ce sont les machines. « On est là. On sait faire. Il ne manque plus que le soutien des partenaires. » Un message lancé aux capitales occidentales, au moment où les livraisons d’armement s’enlisent.
Un vieux guerrier, une guerre moderne
Ce que révèle cette séquence, c’est aussi le retour d’un chasseur que l’on croyait en fin de course. Le Mirage 2000, conçu dans les années 1980, s’est mué en tueur de drones. Il vole depuis des bases improvisées. Il encaisse les frappes et se comporte bien mieux que beaucoup ne l’auraient parié pour un « papy » .
C’est aussi une preuve que les plateformes occidentales, même anciennes, peuvent offrir un sursaut stratégique. Et un rappel, pour les Européens, que leur soutien ne doit pas être symbolique, mais opérationnel.
Image : Mirage 2000D au décollage sur la BA 701.