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Le mystérieux premier acheteur international du dernier bijou « high-tech » russe Su-57 sort du bois et il se trouve en Afrique

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Guillaume Aigron

Guillaume Aigron

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Le Su-57 russe entre en scène. C’est à Dubaï, lors du salon aéronautique international de novembre 2025, que la Russie a discrètement lâché sa bombe : deux Su‑57E, versions export …

Le mystérieux premier acheteur international du dernier bijou « high-tech » russe Su-57 sort du bois et il se trouve en Afrique

Le Su-57 russe entre en scène.

C’est à Dubaï, lors du salon aéronautique international de novembre 2025, que la Russie a discrètement lâché sa bombe : deux Su‑57E, versions export du chasseur furtif de cinquième génération Sukhoï Su‑57 (Code OTAN : Felon, depuis septembre 2019) ont été livrés à un client étranger !

Officiellement confirmée par Vadim Badekha, PDG de la société United Aircraft Corporation (UAC), cette vente marque un tournant dans la diplomatie militaire russe… et dans la survie économique de son industrie de défense sous pression.

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Le Su‑57 enfin exporté à l’étranger ?

Depuis son apparition en 2010, le Su‑57 était resté une vitrine technologique essentiellement nationale. Conçu pour rivaliser avec le F‑22 Raptor américain ou le J‑20 chinois (sur le papier), cet avion combine furtivité, supercroisière (vol supersonique sans postcombustion), capteurs multispectraux et manœuvrabilité extrême. En clair, c’est un félin taillé pour la chasse, autant dans les airs que contre des cibles au sol.

Jusqu’ici, la Russie avait déployé ses Su‑57 avec parcimonie, notamment en Syrie et plus récemment en Ukraine, mais jamais en grand nombre. La production en série avait longtemps été freinée par des problèmes industriels, des sanctions internationales, et un moteur de nouvelle génération, l’Izdeliye 30, toujours en cours de qualification.

Pourquoi exporter maintenant ?

En filigrane de cette annonce, il y a une urgence : la survie industrielle. Le secteur aéronautique russe est sous tension. Les usines d’avions, comme celles d’armements, tournent à plein régime pour soutenir l’effort de guerre en Ukraine. Mais les marges se réduisent à peau de chagrin : l’État paie à prix fixe, les chaînes logistiques sont déstabilisées, et la liquidité manque.

L’exportation devient un levier vital, presque une bouée de sauvetage. En lançant le Su‑57 sur le marché mondial, même au compte-gouttes, UAC espère maintenir ses lignes de production à flot et redorer son image technologique. Le PDG de la holding l’a dit sans ambages : « La production en série stable du Su‑57 permet une présence accrue sur les marchés internationaux. »

L’Algérie, premier client export… sans surprise

Bien que le communiqué officiel n’ait pas révélé le nom du pays acheteur, toutes les sources convergent vers l’Algérie. Cela fait plusieurs années que ce pays négocie en coulisses pour intégrer un avion de cinquième génération à sa flotte. Les deux premiers exemplaires livrés correspondent parfaitement à l’échéancier algérien, qui prévoit une montée en puissance progressive jusqu’en 2028.

L’annonce de Sukhoï, en plein Dubaï Airshow, a tout du contre-feu médiatique. Elle vient répondre à l’accord très médiatisé entre la France et l’Ukraine autour du Rafale F4. Dans ce contexte, Sukhoï devait frapper fort, quitte à exagérer un peu : le patron de UAC affirme que les appareils sont déjà en service opérationnel.

Peu crédible, quand on connaît le sérieux avec lequel Alger évalue ses nouveaux matériels. Une batterie complète de tests devrait logiquement précéder l’entrée en service réelle.

Des performances prometteuses…

Selon les fiches techniques connues du Su‑57E :

  • Vitesse maximale : Mach 2
  • Supercroisière : Mach 1,6
  • Rayon de combat : 1 500 à 1 800 km
  • Charge utile : jusqu’à 10 tonnes
  • Armement : missiles air-air (R‑77, R‑74), air-sol (Kh‑59MK2), bombes guidées
  • Radar : N036 Byelka à antenne active (AESA)
  • Furtivité : cellule optimisée pour signature radar réduite, armement en soute

Un atout de poids pour l’Algérie, qui vise depuis plusieurs années un rôle de puissance régionale de premier plan, au même titre que l’Égypte ou la Turquie.

Mais encore à confirmer !

Malgré la communication russe triomphante, de nombreux observateurs mettent sérieusement en doute les capacités réelles du Su 57.
Une analyse du « National Security Journal » qualifie le Su 57 de « pire chasseur furtif de cinquième génération » en circulation, évoquant entre autres « un faible rythme de production, un moteur provisoire et des capacités de furtivité inférieures à celles des occidentaux ».

Le journal britannique The Guardian rapporte quant à lui que l’appareil a été délibérément employé en zone à faible menace « pour éviter un coup d’éclat qui pourrait nuire à l’image » d’après les services de renseignement ukrainiens.

Par ailleurs, Eurasian Times fait état d’une difficulté du programme à séduire les acheteurs internationaux : « malgré une demande forte pour des chasseurs furtifs, le Su 57 peine sur le marché export » ce alors même que la Russie vante son appareil comme compétitif.

Ainsi, derrière le discours officiel se profilent des interrogations : la furtivité latérale serait moins performante, la logistique export limitée, l’industrialisation ralentie… Autant de signaux qui suggèrent que l’avion pourrait être plus un pari technologique qu’une solution mature prête à dominer les cieux.

Une commande stratégique… et risquée

Le calendrier annoncé par les Russes pour l’Algérie est de deux avions livrés en 2025, quatre autres à suivre d’ici la fin de l’année, six en 2026, et deux en 2027. En tout, 14 appareils, pour constituer un premier escadron opérationnel d’ici 2028. Cette montée en puissance reflète l’ambition d’Alger : affirmer une souveraineté aérienne renforcée, y compris en Méditerranée occidentale.

Mais cette livraison représente aussi un pari audacieux pour Moscou. Pour la première fois, des Su‑57 sont déployés à proximité immédiate de radars OTAN, notamment ceux basés en France et en Espagne. Autrement dit, la furtivité réelle de l’appareil ne tardera pas à être scrutée sous toutes les coutures. Si le Felon n’est pas à la hauteur des promesses, cela se saura très vite.…

 Comparatif international des chasseurs de 5ᵉ génération

Avion Pays constructeur Furtivité Supercroisière Vitesse max Rayon de combat Prix à l’export Clients export confirmés
Su‑57E Felon Russie Partielle (moins poussée que F‑35) Mach 1,6 Mach 2 ~1 800 km 90–110 M€ Algérie
F‑35A Lightning II États-Unis Très élevée (design + revêtement) Mach 1,2 Mach 1,6 ~1 100 km 80–100 M€ 17 pays (dont Pologne, Suisse, Japon)
Rafale F4/F5
(non classé 5e génération mais souvent comparé)
France Réduction passive (non furtif) Mach 1,4 Mach 1,8+ ~1 850 km 95–110 M€ Égypte, Inde, Grèce, Ukraine, Émirats
Chengdu J‑20 Chine Très élevée (inconnue en combat) Inconnue (probablement Mach 1,4) Mach 2 ~1 200–1 500 km Non exporté
KF‑21 Boramae Corée du Sud / Indonésie Moyenne (pré-furtif) Prévue (Mach 1,4 estimé) Mach 1,8+ ~1 400 km 65–75 M€ (prévision) Aucun encore, phase de test

 

Source : https://www.twz.com/air/su-57-with-new-upgrade-options-russia-claims-first-foreign-delivery-has-already-occurred

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