Avec des dizaines de missiles opérationnels testés en conditions réelles, la Turquie ne se contente plus de produire pour elle-même : elle exporte massivement. Roketsan, champion national de l’armement, déploie un arsenal couvrant tous les domaines, sol-sol, air-sol, mer-sol, anti-char et défense aérienne.
Alors que l’Europe dépend encore largement de l’Otan et des États-Unis, Ankara avance seule, guidée par une doctrine d’autonomie stratégique totale. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : portée jusqu’à 280 km, vitesse hypersonique, systèmes guidés par laser ou imageur infrarouge. Le tout produit localement et déjà vendu à des clients étrangers.
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Hypersonique, mobile, prêt à frapper à 280 km
Le Tayfun, missile balistique de courte portée, incarne la puissance croissante de l’industrie turque. Doté d’une vitesse hypersonique, il frappe à plus de 280 km, de jour comme de nuit. Son grand frère, le Bora, frappe les systèmes d’artillerie, radars ou centres de commandement avec la même portée. Leur efficacité ne repose pas seulement sur la puissance, mais aussi sur la précision chirurgicale.
Une gamme sol-sol modulaire et prête à l’emploi
Les missiles TRG-300 et TRG-230 permettent des frappes rapides et massives jusqu’à 120 km pour le premier et 70 km pour le second. Grâce à leur lancement rapide (moins de 5 minutes), ils conviennent à des frappes en première ligne. Le TRG-122, quant à lui, affiche une portée de 28 km avec une précision suffisante pour réduire les dommages collatéraux. Le TRLG-122, guidé par laser, améliore encore cette capacité.
Missiles sol-sol guidés : un danger pour les bases ennemies
Roketsan propose aussi des solutions de frappe stratégique avec le système CNRA, un lance-roquettes multiple capable d’atteindre 280 km avec un guidage de haute précision. Il vise les logistiques adverses, les centres de contrôle, les dépôts et les radars. En soutien tactique, le T-106/122 opère même en conditions extrêmes, offrant une capacité de feu indépendante.
Une artillerie qui sait aussi espionner
Certains projectiles comme la variante parachutée du TR-122 n’embarquent pas d’explosif mais… des capteurs. Caméras, brouilleurs, capteurs SIGINT – ils remplacent les ogives pour observer, brouiller et transmettre. Cette modularité transforme chaque missile en outil tactique multi-usage, utile pour la guerre électronique autant que pour la destruction physique.

L’arme anti-char turque n’a plus besoin d’appui aérien
Avec les missiles Tanok, UMTAS et OMTAS, la Turquie couvre toutes les distances contre les blindés. Tanok se tire directement depuis un canon de 120 mm sans modification. L’UMTAS (version longue) et le L-UMTAS (guidé laser) frappent jusqu’à 20 km, sans visibilité directe. Enfin, le Karaok, missile léger antichar, atteint 2,5 km avec guidage infrarouge, parfait pour les opérations mobiles.
Des bombes intelligentes pour drones, hélicoptères et avions
La bombe MAM-T, utilisée sur drones et avions légers, dispose de différentes ogives et peut être guidée par laser ou infrarouge. Elle complète la SOM, missile de croisière longue portée, conçu pour attaquer des cibles fortifiées à plus de 150 km. L’arsenal aérien inclut aussi les kits de guidage Teber et Lacin, qui transforment des bombes classiques MK-81/82 en armes de précision.

Défense aérienne 360° : de la roquette au laser
Côté protection, la Turquie propose les systèmes Siper, Hisar, Burc et Sungur. Ils couvrent toutes les couches, du missile de croisière à l’avion de chasse. Les radars multifaisceaux et les algorithmes embarqués permettent des réponses automatisées et immédiates. Mention spéciale au système Alka, qui combine brouillage électromagnétique et tir laser pour neutraliser les drones sans tir de missile.
Tableau des principales armes Roketsan
| Nom du système | Type | Portée max | Guidage | Plateforme |
| Tayfun | Balistique sol-sol | 280 km | Inertiel | Sol |
| Bora | Balistique sol-sol | 280 km | Inertiel | Sol |
| TRG-300 | Artillerie guidée | 120 km | GPS/Inertiel | MLRS |
| TRLG-122 | Artillerie laser | 30 km | Laser | MLRS |
| CNRA | Lance-roquettes multiple | 280 km | GPS/Inertiel | Sol |
| Tanok | Missile antichar | 6 km | Laser | Canon 120 mm |
| Karaok | Missile antichar court | 2,5 km | Infrarouge | Sol |
| SOM | Missile de croisière | 150 km+ | Inertiel/GPS | Avion |
| MAM-T IIR | Bombe guidée | 30 km | Infrarouge | Drone/avion |
| Siper | Défense anti-aérienne | 100+ km | Radar | Sol |
| Alka | Laser anti-drones | 1 km | Laser/EM | Sol |
Une stratégie d’autonomie qui change la donne
Roketsan n’est plus un simple acteur local. Ses missiles sont certifiés, éprouvés, exportés. Le Pakistan, le Qatar, l’Azerbaïdjan ou encore l’Indonésie ont déjà passé commande. Et derrière cette offensive commerciale, il y a une volonté stratégique : libérer la Turquie de la dépendance occidentale tout en imposant son modèle dans les conflits régionaux.
Une industrie capable de rivaliser avec l’Europe
La production locale, le contrôle des composants critiques, et la conception modulaire rendent les missiles turcs plus abordables que ceux venus des États-Unis ou de l’Union européenne. Là où un missile européen peut coûter jusqu’à 2 millions d’euros, la Turquie propose des équivalents autour de 500 000 à 800 000 €, selon les versions, tout en gardant une qualité opérationnelle éprouvée sur le terrain.
Une menace crédible pour tous les théâtres modernes
La Turquie dispose désormais de missiles utilisables depuis la mer, les airs ou la terre, tous compatibles avec des doctrines modernes : frappes de précision, neutralisation électronique, déploiement rapide. Leur souplesse d’emploi les rend adaptables à n’importe quel scénario militaire, du conflit ouvert à la guerre asymétrique.
Source : AA.com