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La France va apporter à l’Europe le plus grand radar de surveillance du continent et bijou de technologie : Aurore

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Guillaume Aigron

Guillaume Aigron

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le remplaçant du radar GRAVES arrive en France. Une vigie, debout dans la nuit noire, capable de repérer une aiguille en orbite à 2 000 kilomètres au-dessus de votre tête, …

La France va apporter à l'Europe le plus grand radar de surveillance du continent et bijou de technologie : Aurore

le remplaçant du radar GRAVES arrive en France.

Une vigie, debout dans la nuit noire, capable de repérer une aiguille en orbite à 2 000 kilomètres au-dessus de votre tête, voici venir le radar Aurore !

Le 24 octobre 2025, la DGA a commandé à Thales pour la France un radar pas comme les autres (le plus grand radar de surveillance déployé en Europe d’après le constructeur) qui va changer la manière dont notre pays regarde l’espace.

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Pendant vingt ans, le radar GRAVES a rempli son rôle comme un vieux soldat fidèle. Depuis 2004, il traque les objets qui gravitent en orbite basse, avec sérieux mais avec ses limites.

Depuis le ciel s’est rempli. De satellites civils, militaires, espions, de cubes de 10 cm de côté, de débris oubliés. Le radar Aurore, lui, entre dans l’arène avec une toute autre carrure que son ainé.
Il pourra non seulement voir plus haut, mais aussi plus petit, et surtout plus vite, permettant une surveillance en temps réel.

À l’ère des satellites manœuvrants, capables de frôler un voisin pour l’observer ou le brouiller, le moindre détail compte. Aurore promet de ne rien manquer.

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Un radar modulaire, prêt à évoluer comme un organisme vivant

Le cœur du système, c’est sa modularité.

Concrètement, Aurore fonctionne avec des briques UHF (ultra haute fréquence), conçues pour être empilées, mises à jour, renforcées.

Cette approche évite de construire un radar figé dans le temps. Il pourra grandir, s’adapter à de nouvelles menaces, intégrer de nouvelles technologies. Ces fameuses briques serviront aussi à d’autres radars : navals, tactiques, export. C’est toute l’industrie française qui monte en gamme !

Modélisation du radar de surveillance Aurore qui sera déployé en 2030.
Modélisation du radar de surveillance Aurore qui sera déployé en 2030.

Voir sans demander : le vrai luxe de l’indépendance

Actuellement, la France doit de temps à autre appeler Washington pour savoir ce qu’un satellite chinois fait au-dessus de Toulouse. Une dépendance inacceptable que le nouveau radar entend finir.

Aurore est un nouveau gage de souveraineté pour l’Hexagone qui pourra désormais seul anticiper les collisions, comprendre qui espionne le pays, savoir quand un satellite prend une position “inattendue”.

Bref, d’avoir une lecture tactique de l’espace et de le faire sans demander la permission à personne.

Une France qui muscle sa stratégie spatiale

Derrière Aurore, il y a un programme plus vaste, plus ambitieux : Ares, pour Action et Résilience Spatiale.

Depuis 2021, ce programme déploie une vision offensive et défensive de la présence française dans l’espace. Plus question de rester naïfs. L’espace est devenu un champ de bataille, froid, invisible, mais bien réel.

Ares repose sur trois piliers :

  • Surveiller : avec Aurore et d’autres systèmes, détecter, suivre, identifier.
  • Agir : disposer de moyens (lasers, brouilleurs, drones spatiaux ?) pour répondre à une attaque.
  • Commander : organiser une réponse rapide via le Commandement de l’Espace.

Cette stratégie est en préparation dans des centres que vous ne verrez jamais, mais dont dépend notre sécurité numérique, notre économie, nos communications.

Un radar qui regarde aussi pour l’Europe

La France a choisi d’intégrer son radar Aurore au réseau EU-SST : un programme commun de surveillance de l’espace regroupant 15 États européens.

Pourquoi ? Parce que la France devient ainsi le fournisseur de données au lieu d’être un simple client. Ce qui renforcera le rôle moteur du pays dans l’espace européen.
D’autant que le pays a parfaitement compris que face aux États-Unis, à la Chine, à la Russie, l’Europe ne pèsera que si elle regarde le ciel avec les mêmes yeux.

Un pari long terme, loin des effets d’annonce

Il faudra être patient pour voir Aurore en action car ce dernier ne sera pas opérationnel avant 2030.

Le jeu en vaut la chandelle car ce bijou de technologie est une architecture ouverte, évolutive, qui anticipe les conflits futurs et les tensions invisibles d’aujourd’hui.
Il permettra de mieux protéger les satellites français d’observation, de communication ou militaires et, indirectement, de protéger tout ce qui en dépend : nos armées, nos hôpitaux, nos GPS, nos réseaux.

La plus grande rivale de la flotte française va franchir un palier supplémentaire dans l’humiliation en faisant appel à des cargos civils comme soutien logistique

 Principaux radars militaires en service en France en 2025

Nom du radar Date de mise en service Mission principale
GRAVES
(Grand Réseau Adapté à la VEille Spatiale)
2004 Surveillance de l’espace
Détection et suivi des objets en orbite basse depuis le sol
Aurore (futur) 2030 (prévu) Surveillance avancée de l’espace
Détection d’objets plus petits et plus hauts que GRAVES
Trajectographie précise en temps réel
GM 400
(Thales Ground Master 400)
2012 Radar de défense aérienne longue portée
Détection de cibles à haute altitude jusqu’à 470 km
GM 200
(Thales Ground Master 200)
2013 Radar de défense aérienne moyenne portée
Suivi simultané de cibles rapides ou lentes, y compris drones
Arabel Années 1990 (modernisé ensuite) Radar multifonction du système SAMP/T
Guidage des missiles Aster 30 pour la défense sol-air
STRADIVARIUS 2016 Radar de détection de drones miniatures et à basse vitesse
Protection de zones sensibles
Master M
(Thales)
2020 (exporté d’abord) Radar mobile tactique
Détection multi-mission pour forces terrestres (anti-drone, artillerie, aérien)
RAPACE (expérimental) 2024 (tests) Radar de poursuite pour menace balistique
Études dans le cadre de la modernisation de la défense antimissile

Sources :

  • Communiqué de presse de Thales du 28 octobre 2025
  • Communiqué de presse de la DGA (même jour)

Image de mise en avant : Radar GRAVES (crédit : Onera)

À propos de l'auteur, Guillaume Aigron