Ce contrat qui aurait dû renforcer l’Inde pourrait se retourner contre elle : la vente des Rafale à des alliés de ses ennemis directs inquiète New Delhi et affaiblit l’avantage stratégique du pays face au Pakistan.
La France, en multipliant les contrats d’armement avec le Qatar et les Émirats arabes unis, pourrait avoir fragilisé sans le vouloir la position de l’Inde face à ses rivaux régionaux. L’accès de pilotes pakistanais aux Rafale du Golfe change la donne dans la course à la suprématie aérienne en Asie du Sud. En arrière-plan, c’est toute la doctrine d’exportation militaire française qui est remise en question.
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Des Rafale entre les mains d’alliés ambigus
Les Rafale vendus au Qatar et aux Émirats arabes unis ont été salués comme des succès commerciaux pour la France. Mais derrière ces deals à plusieurs milliards d’euros, une inquiétude monte : des pilotes pakistanais et turcs auraient été formés sur ces appareils, ouvrant une fenêtre directe sur leurs capacités électroniques. Cela jette un voile d’incertitude sur l’avantage opérationnel de l’Inde, qui mise lourdement sur le Rafale pour maintenir l’équilibre face au Pakistan.
L’Inde fragilisée par la transparence technologique
Entre 2020 et 2022, l’Armée de l’air indienne a reçu 36 Rafale dans le cadre d’un contrat de 7,87 milliards d’euros. Ces appareils ont été intégrés à l’opération Sindoor, une simulation de conflit contre le Pakistan. Mais alors que New Delhi envisage l’achat de 26 Rafale Marine pour son porte-avions INS Vikrant, la perspective que son adversaire ait pu accéder aux secrets technologiques de l’avion commence à poser un véritable problème stratégique.
When the French government ignores legitimate national security concerns, the media becomes the only tool left to hold it accountable.
Macron’s administration is unintentionally empowering NATO’s adversaries by recklessly selling Dassault Rafale multirole fighters to the UAE and… pic.twitter.com/aTkp28tMCF
— Babak Taghvaee – The Crisis Watch (@BabakTaghvaee1) October 25, 2025
Quand le Golfe partage avec les rivaux d’hier
La cohabitation militaire entre les pays du Golfe et des puissances rivales de l’Inde comme le Pakistan ou la Turquie ne date pas d’hier. Ce qui change, c’est la proximité de ces États avec les technologies françaises. Selon Babak Taghvaee, expert en transferts d’armements, le déploiement de six Rafale qataris en Turquie a servi à former des pilotes F-16 et des opérateurs de batteries S-400. Cette coopération turco-qatarie, encadrée par des militaires ayant accès aux systèmes Rafale, menace l’intégrité technologique de l’appareil français.
Scripting new chapters in inter operability, an @Armee_de_lair Rafale fighter captures images of his wingman, an #IAF Su-30MKI, while flying over the deserts of Rajasthan, as part of #ExerciseGaruda VII. (1/2) @rajnathsingh @IAF_MCC @giridhararamane pic.twitter.com/9nD9XufKEX
— Ministry of Defence, Government of India (@SpokespersonMoD) November 2, 2022
L’ombre de la Chine derrière les transferts du Golfe
Le précédent émirati a laissé des traces. Les Mirage 2000-9EAD vendus par la France ont vu leur technologie exportée vers la Chine, notamment le système MICA. Pékin a ensuite intégré ces données dans ses propres missiles PL-10 et PL-15, aujourd’hui en service dans l’armée de l’air chinoise. En 2023 et 2024, des avions émiratis ont même été vus dans des manœuvres conjointes avec la PLAAF. La question qui se pose : les Rafale vont-ils suivre le même chemin ?
Tableau des livraisons de Rafale à l’export
| Pays bénéficiaire | Modèle Rafale | Nombre d’appareils | Année(s) de livraison | Montant estimé | 
| Inde | Rafale B/C | 36 | 2020–2022 | 7,87 milliards € | 
| Inde (projeté) | Rafale M | 26 | à partir de 2026 | ~5 milliards € | 
| Qatar | Rafale DQ/EQ | 36 | 2019–2022 | 6,3 milliards € | 
| Émirats arabes unis | Rafale F4 | 80 | 2027–2032 | 16 milliards € | 
Des exportations sous surveillance trop lâche
Contrairement aux États-Unis, la France n’impose pas de clauses strictes de surveillance sur l’utilisation de son matériel militaire. Cela a permis à certains clients d’inviter des pilotes étrangers à s’entraîner sur des plateformes sensibles. Washington, en refusant de vendre ses F-35 aux Émirats sans garanties, a préféré protéger ses secrets. Paris, en revanche, continue de livrer sans mécanismes de contrôle rigoureux, ce qui ouvre la porte à des fuites involontaires mais graves.
Un coup dur pour la crédibilité française
À mesure que les données sensibles circulent au-delà des cercles prévus, la crédibilité de la France comme fournisseur de haute technologie militaire s’effrite. Le système SPECTRA d’autoprotection du Rafale, tout comme sa signature radar, pourraient être exposés, ce qui affaiblirait sa survivabilité en combat face à des systèmes russes ou chinois. Les analystes évoquent une érosion progressive de l’avantage stratégique, et une perte de confiance potentielle de la part de clients comme l’Inde.
L’Inde doit-elle revoir sa copie ?
Face à ces fuites technologiques potentielles, certains responsables indiens militent pour une réorientation vers d’autres programmes comme le Tejas Mk2 ou l’initiative AMCA pour un chasseur furtif de 5e génération. Mais ces projets prennent du temps. D’ici là, les Rafale restent indispensables à la dissuasion aérienne de l’Inde. Toutefois, si leur supériorité est compromise, cela pourrait pousser l’IAF à réclamer des garanties technologiques ou à reconsidérer le contrat des 114 appareils prévus en production locale.
Sources :
- Zeenews
- Gouvernement Indien
 
 
