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Le principal char de l’armée sud-coréenne a un défaut majeur qui pourrait lui coûter la victoire en cas d’affrontement avec le Nord : il n’a pas de clim

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Guillaume Aigron

Guillaume Aigron

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Quand les chars cuisent leurs équipages à l’étouffée Ils s’appellent Lee, Park ou Kim. Ils sont chefs de char, tireurs ou pilotes. En plein été, dans les champs d’entraînement de …

Le principal char de l'armée sud coréenne a un défaut majeur qui pourrait lui coûter la victoire en cas d'affrontement avec le Nord : il n'y a pas de clim à bord

Quand les chars cuisent leurs équipages à l’étouffée

Ils s’appellent Lee, Park ou Kim. Ils sont chefs de char, tireurs ou pilotes. En plein été, dans les champs d’entraînement de Paju ou les collines de Gangwon, ils montent à bord de leurs blindés K1. Il fait 35 °C à l’extérieur mais ce n’est rien par rapport à l’intérieur du monstre de 50 tonnes où le thermomètre affiche 50 !

Et pour cause, le principal char des forces sud-coréenne est dépourvu… de clim.

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Développé dans les années 1980 avec l’aide des Américains, le char K1 est devenu l’épine dorsale de l’arme blindée sud-coréenne. Plus de 1 000 unités, soit près de 60 % du parc de chars de l’armée, sont encore en service.

Sur le papier, ces engins sont prêts à encaisser une guerre conventionnelle dans la péninsule. En réalité, ils sont en train de perdre la bataille contre… le climat. Lors de tests menés cet été dans le cadre du programme de modernisation K1E1, l’intérieur d’un char a atteint 50 °C en seulement une heure. Et il ne s’agissait pas d’un désert du Moyen-Orient, mais d’un champ coréen balayé par le soleil de juillet.

On imagine mal ce que cela représente sans l’avoir vécu. Dans un habitacle étroit, entouré d’acier chauffé par l’air ambiant, l’organisme sature rapidement. Les risques ? Coup de chaleur, perte de lucidité, chute des performances. Un soldat mal hydraté ou confus devient une cible mobile et plus un combattant.

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La clim, jugée inutile par les comptables

Le ministère de la Défense sud-coréen a bien vu venir le problème. Il avait prévu l’installation de systèmes de climatisation et de surpression pour soulager les équipages et éviter l’entrée de gaz toxiques sur le champ de bataille. Coût estimé : plusieurs millions d’euros répartis sur quelques années.

C’est là que tout se complique. Le ministère de l’Économie et des Finances a rejeté le financement. Motif officiel : priorité aux technologies de pointe, comme les drones ou la guerre électronique. Traduction officieuse : on ne veut pas mettre un sou de plus dans ce que certains qualifient de « vieilles casseroles ».

Ce refus a provoqué une onde de choc au sein du Parlement. Le député Yoo Yong-won, membre de la commission Défense, ne décolère pas. « Créer un environnement vivable à bord d’un char, ce n’est pas un luxe. C’est une condition de survie. » Difficile de lui donner tort.

Un parc vieillissant qui voit flou

Le K1 n’a pas seulement chaud. Il voit mal. Selon le rapport transmis à l’Assemblée nationale, 44 % des chars seraient incapables d’engager une cible au-delà de 2 kilomètres. La faute à des viseurs importés il y a 30 ans, usés, dépassés, et surtout… plus réparables. Les pièces détachées ne sont plus disponibles. À l’heure où des missiles intelligents frappent à 100 kilomètres, la situation a de quoi inquiéter.

Ce constat n’est pas nouveau. Déjà en 2018, lors d’une canicule historique, l’État avait débloqué en urgence un budget pour équiper toutes les casernes militaires de climatiseurs. À l’époque, l’armée avait été applaudie pour sa réactivité. Les soldats n’étaient plus laissés à cuire dans leurs chambrées.

Aujourd’hui, ce même bon sens semble s’être perdu quelque part entre un tableur Excel et une réunion budgétaire.

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Une guerre sans confort est une guerre perdue d’avance

Les États-majors adorent parler d’“efficacité opérationnelle”. Mais celle-ci commence parfois par des choses simples : respirer un air à moins de 40 °C, garder la main ferme sur un canon de 105 mm, ne pas tourner de l’œil avant d’appuyer sur la détente.

DAPA, l’agence chargée des achats de défense, a plaidé pour la modernisation des K1. En vain. Le dossier est à l’arrêt, sans calendrier, sans perspective. Pendant ce temps, les conducteurs de char, eux, continuent de rouler, de transpirer, de s’entraîner comme si la guerre avec la Corée du Nord pouvait éclater demain matin.

Et si elle éclate effectivement, ce n’est pas la dernière version de l’IA qui tirera le premier coup de feu. Ce sera un gamin de 24 ans enfermé dans une boîte de métal brûlante, priant pour que son viseur fonctionne et que sa main ne tremble pas trop.

Source : https://bemil.chosun.com/nbrd/bbs/view.html?b_bbs_id=10081&branch=&pn=1&num=798

Image : Un char K-1 se déplace rapidement lors d’un exercice de manœuvre de grande envergure mené par la 11e division de l’armée.

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