La Chine se lance dans la construction du plus grand avion de transport du monde, avec une autonomie intercontinentale et une capacité de charge record qui pourraient redessiner la carte géostratégique mondiale.
Portée de 6 500 km, charge utile de 120 tonnes, conception inédite en aile mélangée : le nouvel avion de transport stratégique chinois promet de bouleverser les équilibres dans le domaine de la logistique militaire. Alors que les modèles occidentaux comme le C-5 Galaxy stagnent, Pékin vise plus loin, plus vite et plus lourd.
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Un changement radical de philosophie
Les responsables chinois planchent actuellement sur un avion de transport stratégique d’un genre nouveau, au profit de l’Armée populaire de libération (APL). Le projet adopte une configuration inédite : l’aile mélangée, où la carlingue fusionne avec les ailes pour former une surface unique porteuse. Une architecture réservée jusque-là à des concepts expérimentaux américains ou russes. Le but est clair : doubler la capacité du Y-20, actuellement le plus gros appareil en service en Chine, et rivaliser avec les géants de l’air occidentaux tout en dépassant leurs limites opérationnelles.
Une portée inégalée pour une logistique planétaire
L’appareil vise une autonomie de 6 500 km à charge pleine, soit un gain de plus de 2 000 km par rapport au Y-20 (4 500 km) et 50 % de plus que le C-5 Galaxy (4 150 km). Ce rayon d’action permettrait des opérations intercontinentales sans ravitaillement, offrant à l’APL une capacité de projection inédite. À l’heure où la Chine se positionne sur plusieurs théâtres à travers le monde, cet atout change la donne.
Une capacité de charge à couper le souffle
La charge utile visée est de 120 tonnes, soit presque le double du Y-20 (66 tonnes) et l’équivalent de l’An-124 soviétique. Le poids au décollage s’établirait à 470 tonnes, contre 250 tonnes pour son prédécesseur chinois. Cette évolution permettrait d’emporter, en un seul vol, plusieurs blindés, des tonnes de fret, voire des pièces de rechange pour des opérations à très longue distance. Une capacité qui intéresse autant le militaire que le secteur civil.
Modèle | Charge utile (kg) | Portée (km) | Poids maximal au décollage (kg) |
Y-20 (Chine) | 66 000 | 4 500 | 250 000 |
C-5 Galaxy (USA) | 127 000 | 4 150 | 381 000 |
An-124 (URSS) | 120 000 | 5 400 | 405 000 |
Nouveau projet chinois | 120 000 | 6 500 | 470 000 |
Une architecture aux multiples avantages
Le choix de l’aile mélangée offre deux gains majeurs : volume interne accélu00e9ré et efficacité aérodynamique. Cette forme permet de mieux répartir les charges, de gagner en portance, et donc d’augmenter l’autonomie. Par ailleurs, l’appareil intégrera des moteurs nouvelle génération, plus puissants et sobres que ceux équipant le Y-20, encore basés sur des turbofans de conception russe.
Une plateforme multi-rôles envisagée
Comme le Y-20, décliné en versions de ravitaillement (YY-20) et de veille aérienne (KJ-3000), le futur géant chinois pourrait être adapté à plusieurs missions. Tanker à grande autonomie, plateforme de guerre électronique ou base volante de drones : tout est envisageable. L’apparition prochaine du bombardier furtif H-20, avec sa longue portée, impose de nouveaux standards pour l’accompagnement en vol.
Un contexte international sous tension
Ce programme chinois s’inscrit dans une compétition mondiale : les États-Unis réfléchissent à un successeur du C-5, la Russie peine à relancer une version modernisée de l’An-124. Pour l’heure, la Chine domine le segment avec le Y-20, produit en série et déjà exporté. Toutefois, l’absence de base militaire chinoise à l’étranger réduit temporairement l’intérêt d’une flotte massive. D’où l’idée d’une utilisation civile ou mixte pour rentabiliser la chaîne de production.
Un outil de projection au-delà de l’Asie
Au-delà de la sphère militaire, ce colosse pourrait servir dans les missions humanitaires, l’aide aux pays alliés ou les grandes opérations d’évacuation. La montée en puissance logistique de la Chine est un outil de puissance douce autant que de dissuasion. Si le programme atteint ses objectifs, Pékin pourra mener des opérations logistiques d’ampleur mondiale, et offrir une alternative aux clients de l’An-124 à travers le monde.
Source : Military Watch Magazine