Le laser qui fait disparaître les mines : la Russie sort son Ignis de l’ombre
L’armée russe vient de dévoiler des images d’Ignis, un laser tactique monté sur un robot au sol. Une arme terriblement efficace à en croire les Russes, conçue pour neutraliser les pièges explosifs à distance, sans bruit, sans onde de choc et donc sans alerte.
Une démonstration filmée, diffusée sur Telegram (nous vous avons mis sa version Youtube plus bas), révèle cette nouveauté technologique qui pourrait bien transformer les missions de déminage en zone de guerre… Si cette arme marche vraiment.
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Les Russes présentent le laser Ignis : révolution ou bidon ?
La scène s’est déroulée quelque part sur le territoire russe, dans le cadre d’exercices militaires. Sur les berges d’un cours d’eau, plusieurs mines antichars TM-62 ont été disposées. Face à elles, un robot chenillé de type Kurier, armé d’un système laser baptisé Ignis.
En quelques secondes, sous l’effet d’un faisceau invisible à l’œil nu, les mines ne sont plus que de la fumée. Aucun souffle. Aucun bruit. Selon les sources russes, les dispositifs ont été désintégrés sans détonation, la chaleur extrême du laser suffisant à vaporiser les composants explosifs.
Portée annoncée : 200 mètres. Ce n’est pas spectaculaire, mais c’est largement suffisant pour tenir les sapeurs à l’abri d’un piège mortel.
Une arme de soutien, pas un tueur de chars
Contrairement à d’autres systèmes russes comme le Peresvet, destiné à la guerre électronique ou à l’interception aérienne, Ignis ne cherche pas à abattre des missiles ou à percer des blindages. Son rôle est plus modeste, mais tout aussi stratégique : ouvrir un passage sûr, désamorcer des zones minées, neutraliser silencieusement les pièges laissés par l’ennemi.
L’arme est compacte, mobile, intégrée directement sur un véhicule sans pilote. Ce choix répond à une tendance lourde des conflits récents : ne plus exposer les soldats quand on peut envoyer une machine faire le travail.
En somme, Ignis est un outil d’ingénierie militaire laserisé, capable de suivre l’infanterie mécanisée ou de précéder un convoi dans des zones à risque.
L’émergence des lasers tactiques russes
Ce n’est pas la première fois que Moscou mise sur le laser. Depuis plusieurs années, les projets se multiplient :
- Peresvet, officiellement opérationnel, protégerait certaines installations stratégiques contre les satellites ou les drones.
- Un autre programme, plus discret, visait la création de systèmes anti-drone embarqués sur véhicules blindés.
- Et désormais, avec Ignis, la miniaturisation entre en scène, rendant le laser utilisable dans des contextes tactiques, directement sur le terrain.
Kurier : le robot porteur, discret mais endurant
Le choix du châssis Kurier est assez logique puisqu’il s’agit d’un robot terrestre autonome, chenillé, développé pour des missions variées : reconnaissance, transport de munitions, détection NBC, ou appui feu léger.
Monté sur cette plateforme, Ignis devient un système sans équipage, pilotable à distance, ou programmable en fonction d’une cartographie de mission. Il pourrait accompagner des unités dans des zones contaminées, dangereuses, voire encore disputées.
Le tout sans exposer un seul soldat. Une logique en accord avec l’évolution des doctrines russes, qui cherchent à automatiser une partie croissante des fonctions de soutien sur le champ de bataille.
Une innovation crédible ou propagande technologique ?
Il faut évidemment nuancer les annonces. Les images, bien qu’impressionnantes, proviennent de canaux pro-Kremlin, et aucun observateur indépendant n’a pu confirmer les performances annoncées.
Portée, efficacité, puissance du laser : tout reste opaque. On ignore également le mode d’alimentation énergétique (batterie, générateur, filaire ?), les limites en environnement humide ou poussiéreux, et la cadence de neutralisation.
Ignis est-il opérationnel ou encore en phase de test ? Moscou ne répond pas et certains experts doutent que la Russie soit encore capable de produire un engin si sophistiqué avec toutes les sanctions dont elle est la cible depuis le début de l’invasion ukrainienne.
L’OTAN aussi parie sur le laser, la France garde ses cartes
La Russie n’est pas seule sur le terrain des armes à énergie dirigée. Les États-Unis déploient déjà plusieurs systèmes laser tactiques capables de neutraliser drones, roquettes ou obus, comme le DE M-SHORAD monté sur Stryker, ou le HELWS de Raytheon, récemment testé sur HMMWV et véhicules légers. Israël, de son côté, a dévoilé l’Iron Beam, laser de haute énergie intégré au réseau de défense anti-aérienne.
Et la France ? Elle avance comme son habitude, mais à pas « légers ». Le programme HELMA-P de Cilas, un laser anti-drone de 2 kW, est en phase de test avancée avec la DGA, capable de détruire des drones de quelques centaines de mètres à plusieurs kilomètres. En 2024, l’armée française a neutralisé un drone en plein vol lors d’un exercice dans le sud du pays. Si la portée reste inférieure aux grandes ambitions américaines, l’objectif français est clair : développer un système mobile, robuste, et interopérable avec les véhicules tactiques de l’armée de Terre. D’autres programmes classifiés sont à l’étude, notamment pour la lutte anti-IED ou le soutien du génie en opérations extérieures.