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La Turquie met les Etats-Unis sous pression en dévoilant un deuxième prototype de son futur avion high-tech et potentiel concurrent du F35 : le KAAN

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Guillaume Aigron

Guillaume Aigron

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La Turquie assemble déjà le deuxième prototype de son chasseur furtif KAAN. Il y a encore un an, ce n’était qu’une promesse en tôle et en peinture. Aujourd’hui, le Kaan, …

La Turquie met les Etats-Unis sous pression en dévoilant un deuxième prototype de son futur avion high-tech et potentiel concurrent du F35 : le KAAN

La Turquie assemble déjà le deuxième prototype de son chasseur furtif KAAN.

Il y a encore un an, ce n’était qu’une promesse en tôle et en peinture. Aujourd’hui, le Kaan, l’avion de chasse turc de 5e génération, prend forme pour de bon. À peine le premier prototype a-t-il eu le temps de souffler après son vol inaugural, que le deuxième est déjà sur la chaîne d’assemblage. Une cadence effrénée, qui en dit long sur les ambitions turques : s’imposer dans le club très fermé des constructeurs de chasseurs furtifs, et sortir de l’ombre des États-Unis.

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Le cliché est presque passé inaperçu, coincé dans le flux des réseaux sociaux. Pourtant, il révèle un moment clef. Le 26 septembre 2025, lors d’une visite officielle dans les ateliers de Turkish Aerospace Industries (TAI), un photographe immortalise le premier prototype du Kaan (P0)… et juste derrière, devinez quoi ? Un squelette d’avion, encore nu, sans peau, sans nez, sans gouvernes. C’est le P1, le deuxième prototype. Il n’a pas encore de forme définitive, mais il a une mission : voler dès le printemps 2026.

Autour de lui, les échafaudages s’agitent. Les ingénieurs ont déjà tiré les leçons du P0, volé pour la première fois en février 2024. Cette fois, le prototype ne servira pas à tester des idées, mais bien à valider des performances concrètes. Et il ne sera pas seul : un troisième exemplaire, P2, serait déjà en fabrication, avec un vol prévu pour juillet 2026.

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Un nez plus large, une bouche plus haute ?

Vu de loin, difficile de repérer les différences avec le P0. Pourtant, quelques observateurs attentifs ont remarqué que le nez du P1 semble légèrement élargi, et que l’entrée d’air dépasse davantage sur le fuselage, signe d’une potentielle modification du flux aérodynamique. Rien de révolutionnaire, mais assez pour trahir un travail de fond.

Il faut dire que les ingénieurs de TAI ne sont pas novices. Ils ont déjà bossé sur les drones furtifs Kizilelma et Anka-3, qui voleront demain aux côtés du Kaan comme « wingmen » dans des formations autonomes. Cette expérience pèse dans la conception.

Un calendrier qui s’accélère

Le patron de TAI, Mehmet Demiroğlu, l’a confirmé lors du salon TEKNOFEST : le P1 prendra son envol en avril 2026, suivi du P2 quelques mois plus tard. Et le prototype P0 ? Il ne revolera pas. Mission accomplie. Le programme passe à la vitesse supérieure.

Objectif : livrer 20 avions d’ici 2028, sous la forme d’une première série baptisée Block 10. À terme, le Kaan remplacera les 240 F-16 de l’armée de l’air turque, qui commencent sérieusement à prendre de l’âge.

On aperçoit le deuxième prototype du KAAN en arrière plan.
On aperçoit le deuxième prototype du KAAN en arrière plan.

Ce qu’on sait du Kaan, pour l’instant

Le Kaan reste un mystère bien gardé. On sait qu’il volera à Mach 1,8, qu’il grimpera à 55 000 pieds, et qu’il embarquera deux moteurs General Electric F110-GE129, déjà utilisés sur les F-16 turcs. Soit 58 000 livres de poussée. Une version nationale du moteur est en cours de développement, avec une capacité de supercroisière (vol supersonique sans postcombustion) prévue pour plus tard.

À l’intérieur ? Radar AESA, soutes à armements internes, signature furtive optimisée… mais peu de détails filtrent. La Turquie joue la discrétion.

Comparatif des chasseurs Rafale, Kaan et F-35

🇹🇷 Kaan (Turquie) 🇫🇷 Rafale (France) 🇺🇸 F-35A (États-Unis)
Génération 5e (en développement) 4.5 (multirôle avancé) 5e (opérationnel)
Vitesse max Mach 1,8 Mach 1,8 Mach 1,6
Plafond ≈ 16 800 m 16 800 m ≈ 15 200 m
Masse max au décollage ≈ 27 200 kg 24 500 kg 31 800 kg
Rayon d’action (sans ravitaillement) Non communiqué 1 850 km 2 200 km
Poussée totale 2 × 26 300 lb (GE F110-GE129) 2 × 17 000 lb (M88-2) 1 × 43 000 lb (F135-PW-100)
Furtivité Oui (forme + soutes internes) Faible (réduction partielle RCS) Très élevée (conception dédiée)
Radar AESA turc (Aselsan, en développement) RBE2 AESA (Thales) AN/APG-81 AESA (Northrop Grumman)
Armement Missiles air-air, air-sol, soutes internes (non encore dévoilé) Missiles MICA, Meteor, SCALP, AASM, canon 30 mm Missiles AIM-120, JDAM, SDB, canon 25 mm GAU-22
Prix unitaire (estimation) 60–70 M€ (prévisionnel) ~100 M€ ~90 M€
Statut Prototype (vols prévus en 2026) Opérationnel (armée de l’air, marine) Opérationnel (OTAN, US Air Force, export)

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Washington à l’écoute, mais Ankara trace sa route

Comme un clin d’œil de l’histoire, la présentation du P1 est intervenue le lendemain d’un tête-à-tête entre Erdogan et Trump, à Washington. À la clé ? Une proposition explosive : réintégrer la Turquie au programme F-35, à condition de renoncer au pétrole russe. Le chantage est clair.

Six F-35A turcs dorment déjà sur une base américaine depuis 2020. Officiellement, Ankara continue de négocier leur récupération. Officieusement, le Kaan commence à faire réfléchir Washington. Car si ce jet arrive à maturité, la Turquie pourrait devenir exportatrice. Et réduire sa dépendance aux avions américains.

Source : Compte officiel de la Fondation pour le renforcement des forces armées turques

Image : P1 du Kaan

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