La Chine s’inspire d’un bricolage ukrainien pour protéger ses chars des drones.
Dans un monde où la guerre se gagne aussi avec un tournevis et du fil de fer, les idées n’ont pas de frontières. C’est en Ukraine, au cœur d’un champ de bataille criblé de drones FPV, que des soldats ont imaginé un bouclier artisanal pour protéger leurs blindés.
Quelques mois plus tard, une version beaucoup plus aboutie apparaît dans un brevet chinois. Coïncidence ? Pas vraiment.
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Un « système D » ukrainien devenu une inspiration mondiale
C’est dans les ateliers de fortune des forces ukrainiennes qu’est née cette trouvaille. Face aux attaques incessantes de drones kamikazes, ils ont soudé des armatures de fortune au-dessus des chars, des sortes de toits grillagés ou de cages en acier pliables. Leur but : empêcher les engins volants, souvent armés d’explosifs bricolés, de venir se loger dans les points faibles des véhicules blindés.
Le concept est aussi simple qu’efficace. Surtout, il est modulaire, rapide à déployer, sans nécessiter de transformation lourde sur les chars existants.
L’efficacité de cette idée a rapidement attiré l’œil des Russes (conflit oblige), qui en ont installé des versions plus rustiques sur leurs propres blindés. Mais voilà que la Chine entre elle aussi dans la danse.
La version chinoise : même idée, plus d’automatisation
Déposé par Dragon Shield Intelligent Equipment, une société de Wuhu (province d’Anhui), ce brevet chinois décrit un système de protection escamotable, léger, résistant aux explosions, et surtout motorisé. D’un appui sur un bouton, la structure se déploie au-dessus du char. Et si le blindé doit se remettre en mouvement rapidement, elle se replie contre la coque sans gêner les déplacements.
« Le filet de protection se déploie au besoin, et se replie de manière compacte quand il n’est pas utilisé », peut-on lire dans le texte du brevet.
Le système se fixe au châssis, sans interférer avec la tourelle, ce qui le rend compatible avec divers types de blindés. C’est une vraie valeur ajoutée opérationnelle, car il ne modifie pas le comportement du char, tout en lui offrant une protection renforcée contre les frappes verticales, désormais la norme pour les drones d’attaque de type quadricoptère.
Un champ de bataille vertical
Depuis 2022, les conflits modernes ont basculé dans une nouvelle dimension : le ciel à basse altitude. Là où les missiles coûtent des centaines de milliers d’euros, un drone FPV équipé d’un explosif imprimé en 3D coûte… quelques centaines. L’asymétrie est brutale.
Pour se défendre, les armées innovent dans l’urgence : brouilleurs d’ondes, armures grillagées, filets explosifs. Le dispositif chinois s’inscrit dans cette logique : des protections légères, adaptables, déployables en quelques secondes, capables de contrer cette nouvelle menace bon marché mais redoutable.
Les autres pays ne sont pas en reste
Si l’Ukraine a ouvert la voie, la Russie a suivi de près. Dès 2023, plusieurs T-72 ont été observés en zone de combat avec des « cages à poules » improvisées. Plus récemment, la Corée du Sud et l’Iran ont eux aussi testé des toits blindés repliables pour chars, souvent à partir de tiges d’acier soudées sur place.
La France, via le GICAT et la DGA, a lancé des études sur des systèmes de protection active légère, même si aucun projet opérationnel n’a encore été officialisé. Les États-Unis, eux, intègrent ces concepts dans leurs essais sur le char de nouvelle génération XM30, avec un accent sur les contre-mesures électroniques et les dômes grillagés motorisés.
Le champ de bataille du futur n’est plus seulement un terrain, c’est une cage tridimensionnelle où chaque blindé doit protéger sa tête.
Une prolifération industrielle en gestation
Le fait que la Chine dépose un brevet officiel pour un tel système montre que la militarisation des idées de terrain est désormais extrêmement rapide. Il ne s’agit plus seulement de copier, mais d’industrialiser. La motorisation du système permet des temps de réaction plus courts, une meilleure discrétion, et surtout une meilleure intégration dans la chaîne logistique.
Reste à savoir si cette technologie équipera les blindés chinois comme le Type 99A ou le futur Type 15 de montagne, tous deux très exposés aux drones dans les zones sensibles comme le Tibet ou la frontière indo-chinoise.
Source : https://defence-ua.com/weapon_and_tech/nevzhe_ukrajinskij_protidronovij_kapjushon_dlja_tankiv_nastilki_horoshij_scho_jogo_kopijujut_i_v_kitaji_i_u_rf-20391.html