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La France observe avec avidité le fiasco militaro-industriel à 8,52 milliards d’euros de l’Allemagne qui de son côté souhaite vite oublier sa frégate F126

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Guillaume Aigron

Guillaume Aigron

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Panique à Berlin : la marine allemande enterre le fiasco F126 et mise tout sur la frégate F127 Le constat est sans appel pour l’Allemagne : le programme F126 est …

La France observe avec avidité le fiasco militaro-industriel à 8,52 milliards d'euros de l'Allemagne qui de son côté souhaite vite oublier sa frégate F126

Panique à Berlin : la marine allemande enterre le fiasco F126 et mise tout sur la frégate F127

Le constat est sans appel pour l’Allemagne : le programme F126 est en train de sombrer. Trop de retards, trop de problèmes techniques, trop de tensions avec le chantier néerlandais Damen. Alors, la Deutsche Marine tourne la page et prépare l’avenir avec une autre frégate, bien plus ambitieuse : la F127 de TKMS. Elle pourrait devenir le nouveau pilier de la défense navale allemande. À condition de ne pas refaire les mêmes erreurs !

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Le programme F126, ex-MKS 180, devait incarner la polyvalence navale allemande du XXIe siècle. Six unités, 10 550 tonnes chacune, capables d’assurer la lutte anti-sous-marine, le commandement de missions internationales ou encore la guerre électronique. Le tout avec un système modulaire pensé pour durer vingt ans sans refonte majeure. , un véritable « Rafale » naval qui avait tout pour plaire… Sur le papier.

Dans les faits, la collaboration avec Damen vire au divorce juridique. Le cœur du problème ? Les interfaces logicielles, incompatibles avec les exigences allemandes, ont causé un effet domino chez tous les sous-traitants.

Résultat : retards majeurs, intégration impossible de certains radars, et rumeurs insistantes d’un remboursement à venir… par le constructeur lui-même.

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Berlin passe à l’attaque avec le projet F127

Face à l’impasse, la marine allemande a décidé de réagir. Elle relance un programme plus ambitieux encore : la frégate F127, développée en interne par ThyssenKrupp Marine Systems (TKMS). Cette fois, pas de compromis sur l’intégration industrielle ni les logiciels critiques. La F127 se veut une réponse directe aux besoins de défense aérienne et anti-sous-marine.

Le calendrier, lui, reste tendu. Les premières F127 ne seront pas livrées avant 2034, contre 2028 prévu initialement pour les F126. Entre-temps, la Bundeswehr risque de naviguer à vue. Une décennie entière à combler avec des moyens limités.

Des coûts pharaoniques, des promesses en suspens

Le projet F126 a déjà englouti des sommes astronomiques :

  • 5,64 milliards d’euros pour les 4 premières unités,
  • 2,88 milliards supplémentaires votés pour deux unités en 2024,
  • soit environ 1,43 milliard d’euros par frégate et 8,52 milliards d’euros engagés

Quant au F127, il est encore au stade de développement, mais les premières estimations évoquent un coût supérieur à 1,7 milliard d’euros par unité. Le tout dans un contexte budgétaire de plus en plus tendu, où chaque euro investi dans la défense doit faire face à une opinion publique sceptique.

Une frégate plus lourde, plus armée, plus autonome

La F127 ne sera pas une simple version améliorée de la F126. Elle vise à rejoindre la catégorie des destroyers lourds de 11 000 tonnes, capables d’emporter des missiles de croisière, des radars de nouvelle génération et même des lasers à haute énergie. Côté armement, les discussions portent déjà sur :

  • des VLS Mk 41 étendus pour accueillir des missiles hypersoniques à terme,
  • un canon principal OTO Vulcano 127 mm amélioré,
  • et un système anti-drones de nouvelle génération, basé sur des modules électro-optiques autonomes.

Sa modularité reste au cœur du concept : une base unique, des rôles multiples, du commandement de task force jusqu’à la lutte anti-sous-marine en mer Baltique.

Des retards allemands aux effets collatéraux… jusqu’en Australie

Ces délais en cascade affectent bien plus que la seule Allemagne. En Australie, par exemple, les discussions autour de l’intégration de technologies européennes dans le cadre de l’accord AUKUS pourraient être ralenties. Certains modules du F126 devaient inspirer des sous-systèmes de lutte ASM sur les futures frégates australiennes. Or, sans démonstrateur opérationnel à livrer, ces transferts s’enlisent.

Et les autres marines européennes dans tout ça ?

La France, avec ses frégates de défense aérienne Horizon et le programme FDI (frégate de défense et d’intervention), observe l’Allemagne avec un mélange de circonspection et d’opportunisme. Les erreurs de Damen et les choix industriels de Berlin renforcent la crédibilité des industriels français comme Naval Group, dont les FDI sont déjà exportées en Grèce et au Maroc.

Quant à l’Italie, elle continue son bonhomme de chemin avec ses destroyers DDX en cours de développement, centrés sur la défense aérienne de zone. L’Espagne, elle, parie sur ses F110 de Navantia pour combler ses besoins.

Caractéristiques F126 (Niedersachsen) F127 (prévision)
Déplacement 10 550 tonnes ≈ 11 000 tonnes
Longueur 166 m ≈ 170 m
Vitesse maximale 26 nœuds (48 km/h) > 28 nœuds (estimation)
Portée > 4 000 milles marins > 5 500 milles marins
Équipage 114 + 84 passagers ≈ 130 + modules spécialisés
Système radar Thales Tacticos + APAR Block 2 Radar AESA longue portée (type à confirmer)
Missiles AA 64 × ESSM + 2 × RAM 128 × ESSM / Aster + 2 × CIWS améliorés
Missiles antinavires 16 × Naval Strike Missile 32 × NSM ou équivalent hypersonique
Canon principal OTO 127/64 mm Vulcano OTO Vulcano ou canon laser en option
Coût unitaire estimé 1,43 milliard € ≈ 1,7 milliard €
Date de livraison 2028–2032 2034–2037

 

Source : https://www.navalnews.com/naval-news/2025/09/german-navy-more-f127-frigates-and-an-upcoming-decision-on-the-f126

Image : Concept de frégate MEKO A-400 AMD AAW. Image via TKMS.

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