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Ce scénario catastrophe n’est plus une fiction : la France pourrait être dépassée en quelques heures par une pluie de drones et missiles low-cost

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Said LARIBI

Said LARIBI

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Un seul essaim de drones pourrait suffire à paralyser le pays : nos fragilités face aux nouvelles menaces aériennes sont plus grandes qu’on ne le pense Alors que l’Europe multiplie …

Ce scénario catastrophe n’est plus une fiction : la France pourrait être dépassée en quelques heures par une pluie de drones et missiles low-cost

Un seul essaim de drones pourrait suffire à paralyser le pays : nos fragilités face aux nouvelles menaces aériennes sont plus grandes qu’on ne le pense

Alors que l’Europe multiplie les alertes face aux drones kamikazes et missiles bon marché, la France peine à s’armer efficacement. Trop chères, trop lentes ou mal adaptées, nos technologies de défense anti-aérienne accusent un retard dangereux. Cet article passe en revue les trous dans la raquette tricolore et les efforts à fournir pour espérer combler le fossé avec nos adversaires.

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Des menaces multiples qui ne cessent d’évoluer

En l’espace de quelques années, la guerre aérienne a radicalement changé de visage. Finie l’époque des seuls chasseurs à supersonique. Place aux essaims de micro-drones, aux missiles à bas coût, et aux tactiques de saturation inspirées des conflits en Ukraine ou au Moyen-Orient. Les cibles prioritaires ne sont plus uniquement militaires : ports, aéroports, centrales, entrepôts ou hôpitaux figurent désormais dans le viseur. Cette diversité oblige à revoir entièrement notre stratégie de détection et d’interception.

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Une protection trop rigide et éparse

Le territoire français compte près de 2 500 sites sensibles (nucléaire, prison, raffinerie…), mais les systèmes de défense y sont inégalement répartis. Seules certaines zones militaires et installations gouvernementales disposent d’une vraie couverture radar ou anti-drones. Ailleurs, on mise sur la chance ou la réaction policière. Le coût d’interception d’un simple drone peut atteindre plusieurs centaines de milliers d’euros quand l’engin ennemi n’en coûte que quelques centaines. Ce déséquilibre met à nu nos failles face à des attaques coordonnées.

Des systèmes tricolores puissants mais sous-dimensionnés

La France possède quelques solutions redoutables comme le SAMP/T Mamba, le missile VL MICA ou le radar PARADE. Mais leur nombre reste très insuffisant pour couvrir un territoire de plus de 550 000 km². Le système Crotale NG est en fin de vie et peine à suivre les cibles rapides ou à basse altitude. Quant aux solutions laser comme HELMA-P, elles sont prometteuses mais encore en phase de test pré-opérationnel.

Système Portée max (km) Coût du tir (€) Cibles couvertes
SAMP/T Mamba 100 1 000 000 Missiles balistiques, avions
VL MICA 20 400 000 Hélico, drone rapide
Crotale NG 12 250 000 Avion, drone (limite basse altitude)
PARADE/HELMA-P 10 5 000 – 20 000 Microdrone, roquette
Brouillage électronique 3 500 – 8 000 Microdrone, drone civil

L’effet Ukraine : l’électrochoc ignoré

En Ukraine, les attaques massives de drones russes ont servi de leçon grandeur nature. La saturation électronique, les tactiques décentralisées, l’usage d’engins à 500 € pour forcer l’ennemi à répliquer à 1 million € ont changé la donne. La France n’a ni la capacité industrielle ni l’agilité doctrine nécessaires pour répondre à ce type de menace. L’accès à une base industrielle duale et des partenariats avec des startups européennes devient urgent.

Système de défense sol-air SAMP/T Mamba assurant la protection moyenne portée contre missiles et aéronefs
Système de défense sol-air SAMP/T Mamba assurant la protection moyenne portée contre missiles et aéronefs (Source : Wikipedia)

Une course technologique plombée par les coûts

La montée en gamme de nos moyens anti-aériens se heurte à des budgets contraints. La Loi de Programmation Militaire prévoit 5 milliards d’euros d’ici 2030 pour ce secteur, mais moins de 15 % de cette somme a été engagée. Pendant ce temps, des pays comme l’Allemagne, la Norvège ou l’Italie investissent massivement dans le laser, l’IA et les radars passifs. Résultat : la France pourrait se retrouver à acheter des technologies qu’elle aurait pu développer elle-même il y a 10 ans.

La menace ne connaît pas de frontières

Un drone partant d’Allemagne ou de Belgique peut atteindre Paris en moins de 90 minutes. La mutualisation des systèmes radar, la synchronisation des protocoles de brouillage, et la création d’un espace commun d’alerte deviennent des priorités stratégiques. Les projets comme ESSI (European Sky Shield Initiative) doivent inclure des modules anti-drones en plus des missiles stratégiques. La France ne peut plus rester en retrait si elle veut être prête.

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Une vigilance locale à renforcer

Des centaines de survols de drones civils ont été constatés en 2024 au-dessus de centrales nucléaires, de bases militaires ou de zones interdites. La réaction ne peut pas venir que du haut. Les maires, pompiers, responsables sécurité doivent être formés à la détection, au signalement et à l’activation de protocoles de confinement. Défendre le ciel français commence aussi par une mobilisation citoyenne.

Source :

  • defense.gouv.fr
  • gifas.fr
  • avion-chasse.fr
  • upday.com
  • usbeketrica.com

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