Ce choix stratégique de Séoul lève le voile sur une réalité militaire souvent ignorée : la Corée du Sud se donne enfin les moyens de voir loin, littéralement.
Alors que la menace nord-coréenne continue d’évoluer, et que la Chine s’impose comme une puissance incontournable du ciel asiatique, Séoul change de cap. Exit Boeing, place à une solution plus agile et moins chère : un jet d’affaires transformé en radar volant.
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Une guerre des radars qui ne dit pas son nom
Depuis plusieurs années, les capacités de surveillance aérienne de la Corée du Sud peinaient à suivre la cadence. Les quatre appareils E-737 de Boeing, livrés entre 2011 et 2012, montraient déjà des signes d’essoufflement. Des pannes récurrentes, une disponibilité en deçà des attentes (moins de 75 % en moyenne entre 2015 et 2019) : pour un pays menacé en permanence par les missiles de Pyongyang, c’était trop peu.
Un tournant discret mais historique
En 2020, le ministère sud-coréen de la Défense (DAPA) décide d’agir. Objectif : acheter quatre nouveaux avions capables de détecter des cibles discrètes comme les drones ou les missiles de croisière. Plusieurs candidats sont alors envisagés. Surprise : Boeing, pourtant partenaire historique, se fait évincer au fil des mois. En coulisse, ses coûts élevés et ses retards finissent par peser lourd.
Un choix qui en dit long sur l’avenir
C’est donc L3Harris qui rafle la mise, avec un projet mêlant un avion d’affaires canadien Bombardier Global 6500 et un radar israélien EL/W-2085. Ce dernier est déjà utilisé par Israël, Singapour ou l’Italie. Son point fort ? Des antennes latérales actives qui offrent une vision complète à 360°, avec une précision redoutable. Le tout pour 3,097 billions de wons, soit environ 2,2 milliards d’euros.
Phase | Date | Détail |
Lancement programme | Juin 2020 | Début officiel du projet d’acquisition |
Sélection finale | Septembre 2025 | L3Harris remporte le contrat |
Mise en service prévue | 2032 | Les quatre avions entreront en opération |
Pourquoi ce rejet de Boeing change tout
Pendant longtemps, les États-Unis étaient les seuls fournisseurs crédibles pour ce type d’avion. Le choix de L3Harris et du radar israélien marque un basculement : désormais, les pays alliés veulent des solutions efficaces, livrables dans les temps, à des coûts maîtrisés. Et Boeing, malgré son image, n’offre plus ces garanties.
Un nouveau standard pour l’armée sud-coréenne
Au-delà de la simple performance radar, ce contrat montre une volonté : maîtriser ses propres cieux. La topographie montagneuse de la Corée du Sud rend les radars au sol inefficaces. Il faut des yeux volants, capables de rester en l’air longtemps et de voir à des centaines de kilomètres. Les nouveaux appareils permettront justement de combler ces angles morts.
Une leçon pour les autres puissances régionales
L’ironie, c’est que d’autres armées, y compris européennes, pourraient bien suivre la voie de Séoul. Le modèle choisi – jet léger + radar modulaire – est moins coûteux à entretenir, plus facile à produire, et adaptable à différentes missions. Dans un monde où les budgets sont scrutés, cette approche pourrait devenir la norme.
Une riposte discrète à la montée des tensions
Face aux intrusions de la Chine et aux provocations de Pyongyang, la Corée du Sud ne se contente plus de réagir. Elle anticipe, renforce ses moyens, modernise son arsenal. Ce contrat n’est pas une dépense de prestige, c’est une assurance. Une réponse technologique à des menaces bien réelles.
Source : TWZ