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En misant sur l’autonomie totale, ce bâtiment de guerre allemand fixe le tempo d’une nouvelle ère navale face à la saturation des défenses

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Said LARIBI

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Derrière un programme presque passé inaperçu du grand public, l’Allemagne s’apprête à déployer un véritable changeur de jeu naval. Trois vaisseaux sans pilote, gorgés de missiles, seront les bras armés …

En misant sur l’autonomie totale, ce bâtiment de guerre allemand fixe le tempo d’une nouvelle ère navale face à la saturation des défenses

Derrière un programme presque passé inaperçu du grand public, l’Allemagne s’apprête à déployer un véritable changeur de jeu naval. Trois vaisseaux sans pilote, gorgés de missiles, seront les bras armés de ses futures frégates. Un pari audacieux face à une guerre maritime de plus en plus saturée de drones et de frappes à longue portée.

Conçus pour opérer en tandem avec les frégates de type F127, ces navires-arsenaux automatisés sont capables de transporter des missiles de croisière, sol-air et anti-navires sur des centaines de km. Le tout, sans personnel à bord. Le programme, discret mais très ambitieux, pourrait marquer un tournant pour la Bundesmarine et poser les bases d’une flotte semi-autonome d’ici 2035.

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Un renfort de feu pour compenser des frégates légères

La marine allemande a longtemps été critiquée pour le manque de puissance de feu de certaines de ses frégates, notamment les F126. Avec les Large Remote Missile Vessels (LRMV), elle ajoute un volume de missiles impressionnant à moindre coût. À la différence des frégates traditionnelles, ces vaisseaux n’auront aucun équipage, réduisant les coûts de fonctionnement et les risques humains.

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Un format hybride en pleine mutation

Les LRMV seront de taille moyenne, proches de celle d’une corvette, avec environ 80 m de long (260 pieds). S’ils sont pensés comme des compléments aux F127, ils pourront aussi accompagner les F126. Ils devraient être équipés de lanceurs verticaux (VLS) pour divers types de missiles.

Type de missile Portée estimée Usage principal
SM-2 167 km Défense aérienne de zone
ESSM 50 km Défense rapprochée
SM-6 > 370 km Anti-missile + frappe
Tomahawk > 1 600 km Frappe stratégique terrestre

Une architecture de tir en réseau

Les LRMV n’auront pas leurs propres radars longue portée. Les tirs de missiles seront commandés à distance, soit par une frégate mère, soit par liaison satellite. Ce choix réduit la complexité à bord et permet de concentrer les investissements sur la puissance de feu pure.

Illustration conceptuelle de la future frégate F127. (Source : TKMS)
Illustration conceptuelle de la future frégate F127. (Source : TKMS)

Une vision modulaire pour la guerre future

En plus des missiles américains comme le Tomahawk, l’Allemagne envisage d’utiliser des systèmes locaux, comme le futur missile 3SM Tyrfing développé avec la Norvège, ou le programme Deep Precision Strike mené avec le Royaume-Uni, qui vise une portée supérieure à 2 000 km.

Des drones de surface, mais pas seulement

Outre les LRMV, la Bundesmarine projette d’acquérir 18 drones de surface plus petits (Future Combat Surface Systems – FCSS) et 12 drones sous-marins lourds (LUUV). L’objectif : créer un écosystème naval multicouche, allant de la surveillance à la frappe précise.

Une comparaison directe avec les alliés

Les Pays-Bas développent eux aussi des vaisseaux de soutien automatisés, mais ceux-ci seront plus petits (53 m, 600 tonnes), destinés à des missions côtières. L’Allemagne, elle, vise l’Atlantique et des missions prolongées. Les LRMV devront donc être bien plus robustes.

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Un modèle économique mais stratégique

Le programme F127 est l’un des plus coûteux de la défense allemande : plus de 28 milliards d’euros pour 6 frégates. Les LRMV visent à étendre leur efficacité à moindre coût. Leur capacité à multiplier les frappes depuis un vaisseau non habitable représente une rupture dans la manière de penser la guerre navale.

Source :

  • TWZ

Image :

  • US NAVY
  • TKMS

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