Un catamaran autonome armé jusqu’aux dents, révolutionne les opérations navales : voici le MASC, Modular Attack Surface Craft, le nouveau pari de la marine américaine.
Alors que le monde militaire bascule de plus en plus vers l’autonomie, l’US Navy passe à la vitesse supérieure avec le déploiement imminent d’un navire d’attaque sans équipage d’un genre nouveau. Conçu par BlackSea Technologies, ce catamaran de 20 mètres, entièrement modulable, peut emporter jusqu’à 28 000 kg de charge utile et parcourir jusqu’à 18 500 km sans assistance.
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L’US Navy dévoile un monstre naval sans équipage capable de parcourir 18 500 km avec 30 tonnes d’armement
Contrairement à de nombreux drones navals adaptés à partir de coques commerciales, le MASC est un navire conçu dès l’origine pour le combat. Sa double coque en aluminium marin offre une grande stabilité et un faible tirant d’eau, idéal pour des opérations littorales ou en haute mer. Il est doté de moteurs Volvo Penta D8-IPS600, un système à propulsion intégrée reconnu pour sa compacité, sa fiabilité, et surtout pour l’élimination des arbres d’hélice traditionnels, facilitant l’entretien et le montage.
C’est aussi un véritable éléphant de guerre : sa capacité d’emport atteint environ 28 tonnes, soit le double des navires autonomes de même taille. Une prouesse rendue possible par sa structure modulaire, capable d’embarquer des containers d’armement, de capteurs ou de systèmes de guerre électronique.
Sept missions embarquées, aucune limite en vue
Le MASC ne se limite pas à une mission unique. Il est conçu pour être multi-rôle dès sa sortie d’usine. Il peut exécuter sans pilote :
- des opérations de lutte anti-sous-marine (ASW),
- de la guerre anti-surface (ASuW),
- du renseignement électronique et de la guerre électronique,
- de la logistique longue distance,
- des frappes navales précises,
- du déminage (MCM/MIW),
- et même de la surveillance d’infrastructure.
Il s’agit du premier navire à offrir un tel niveau de flexibilité opérationnelle plug-and-play avec la norme UMAA (Unmanned Maritime Autonomy Architecture), l’architecture logicielle ouverte de la marine américaine. Plus de dépendance à un fournisseur unique, chaque module peut être remplacé en quelques heures.
Une autonomie taillée pour la planète
En vitesse de croisière à 10 nœuds (18,5 km/h), le MASC affiche une autonomie de 3 000 milles nautiques (environ 5 500 km). Mais c’est son mode de déploiement autonome qui impressionne le plus : jusqu’à 18 500 km sans ravitaillement.
Cela signifie qu’il pourrait partir de Norfolk (côte Est) et atteindre les eaux japonaises sans escale, sans équipage, et prêt à intervenir.
Une cadence de production digne d’une usine de missiles
BlackSea Technologies affirme pouvoir produire un MASC par jour grâce à sa chaîne de montage déjà rodée, celle du GARC (Global Autonomous Reconnaissance Craft). Cette compatibilité industrielle permet de réutiliser des composants, des systèmes de navigation, des modules de perception, et même des lignes logistiques déjà existantes. Une stratégie qui réduit à six mois la construction d’un prototype fonctionnel.
Une flotte en kit pour la guerre distribuée
Le MASC s’inscrit dans la stratégie navale de « lethal distributed fleet » (flotte de puissance distribuée) portée par l’US Navy depuis 2020. L’objectif : démultiplier les plateformes armées, réduire les risques humains, et saturer l’adversaire de cibles multiples. En ce sens, le MASC n’est pas un remplaçant, mais un multiplicateur de forces.
Son coût reste confidentiel, mais la marine a clairement l’intention de miser sur la quantité et la standardisation, un peu comme les Liberty Ships de la Seconde Guerre mondiale, mais à l’ère de l’autonomie et des drones.
Un clin d’œil aux galères d’attaque d’un autre temps ?
À bien y regarder, ce Modular Attack Surface Craft ressemble à une réinvention contemporaine d’un concept vieux comme la guerre navale : la galère d’assaut. Au Moyen Âge, ces navires longs et à faible tirant d’eau, propulsés à la rame, servaient à projeter rapidement des troupes ou des archers sur les flancs adverses. Leur efficacité reposait sur la vitesse, la manœuvrabilité et la surprise. Exactement ce que vise aujourd’hui la marine américaine avec un drone naval modulaire, autonome, capable de surgir à 18 500 km de sa base, chargé de senseurs, de missiles ou de torpilles. À la différence près qu’ici, aucun rameur ne sue sang et eau sous le pont. Juste des algorithmes et des gigaoctets, un concept hybride intéressant à surveiller !
Source : https://www.blacksea.tech/press-releases/blacksea-technologies-unveils-modular-attack-surface-craft-masc-usv-family-to-support-us-navy-fleet-modernization