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Une trahison ou une simple anecdote ? Le plus vieil allié des Etats-Unis en Asie décide d’envoyer un message à Washington en achetant un sous-marin… Chinois

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Guillaume Aigron

Guillaume Aigron

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La Thaïlande achète un sous-marin chinois et envoie un signal à Washington. Le 16 septembre 2025, à Pékin, la Thaïlande a signé un contrat en vu de l’acquisition d’un sous-marin …

Une trahison ou une simple anecdote ? Le plus vieil allié des Etats-Unis en Asie décide d'envoyer un message à Washington en achetant un sous-marin… Chinois

La Thaïlande achète un sous-marin chinois et envoie un signal à Washington.

Le 16 septembre 2025, à Pékin, la Thaïlande a signé un contrat en vu de l’acquisition d’un sous-marin chinois Type 039A (S26T). Une première pour cet allié historique des États-Unis. Et un message qui ne laisse personne indifférent à Washington !

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L’histoire commence en 2017. La Thaïlande commande trois sous-marins à la Chine, une première dans l’histoire de la marine royale. En 2019, la coque du premier est prête. Mais l’Occident met un frein : l’Allemagne refuse d’exporter les moteurs diesel MTU requis, en raison de l’embargo européen sur les ventes d’armes à la Chine depuis Tian’anmen.

Le projet reste bloqué. Jusqu’à ce que Pékin, obstiné, développe un moteur maison. Tests poussés, fiabilité démontrée, feu vert de Bangkok. La Thaïlande accepte finalement l’alternative chinoise, et confirme la commande (réduite à un seul bâtiment pour raisons budgétaires).
Livraison prévue : 2028.

Le sous-marin, désigné localement S26T, affiche un déplacement de 2 550 tonnes pour 77 mètres de long. Il combine une propulsion classique diesel-électrique avec un système AIP de type Stirling, offrant jusqu’à 65 jours d’endurance en mer.

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Derrière l’acier, une stratégie d’ambiguïté assumée

Si le sous-marin n’est pas un bouleversement militaire, c’est un geste fort sur le plan symbolique.
La Thaïlande est l’un des plus anciens alliés des États-Unis en Asie. Membre fondateur de l’ASEAN, elle a accueilli des bases américaines pendant la guerre du Vietnam et reste classée “allié majeur hors-OTAN” depuis 2003.

Mais depuis 2014, les relations se sont tendues. Washington critique le coup d’État militaire, gèle partiellement les aides. Bangkok, de son côté, cherche à reprendre le contrôle de sa politique étrangère.

“Ce n’est pas un revirement. C’est une manière de dire que la Thaïlande ne veut être alignée sur personne”, explique Greg Raymond, spécialiste de stratégie indo-pacifique.

Le message est clair : coopération avec la Chine, sans rupture avec l’Amérique. Une forme d’équilibrisme très asiatique, que les analystes nomment hedging, l’art de ne pas choisir son camp, mais de tirer profit des deux.

Le jeu des puissances se déplace sous la mer

Du côté chinois, l’opération est tout sauf anodine. Fournir un sous-marin à un partenaire de Washington, c’est affirmer son savoir-faire, mais aussi gagner en influence dans un domaine où la Chine était absente il y a 20 ans.

Avec cette vente, la Chine consolide sa 4e place sur le podium mondial des exportateurs d’armement, derrière les États-Unis, la Russie et la France. Les navires de guerre : frégates, corvettes, sous-marins, deviennent des outils diplomatiques à part entière.

Le contrat inclut un transfert de technologie partiel et un programme de formation des équipages thaïlandais, ce qui ancre la relation dans la durée.

Une opération qui ne change pas l’équilibre militaire

Il faut être lucide : la marine thaïlandaise reste modeste. Ce sous-marin ne bouleversera pas la hiérarchie régionale dominée par les flottes chinoise, japonaise, indienne, sud-coréenne et américaine.

Mais il renforce un point : la mer d’Asie du Sud-Est est devenue un théâtre d’influence autant que de puissance. Et dans cet espace disputé, chaque livraison d’armement, chaque contrat, chaque moteur compte.

Côté américain, la réaction est mesurée. Le Pentagone ne commente pas publiquement les achats de ses alliés, mais précise :

“La Thaïlande reste un partenaire stratégique de longue date. Nos liens bilatéraux sont profonds, fondés sur la confiance, les échanges humains et une vision commune de la stabilité régionale.”

Traduction : on prend note. Mais on reste vigilant.

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Le S26T face aux autres sous-marins exportés

Modèle Pays constructeur Déplacement Propulsion Endurance max Vendu à
S26T (Type 039A modifié) Chine 2 550 t Diesel-électrique + AIP Stirling ≈ 65 jours Thaïlande (2025)
Scorpène France (Naval Group) 1 700 – 2 000 t Diesel-électrique + AIP MESMA (optionnel) ≈ 50 jours Inde, Brésil, Malaisie, Chili
Type 212A Allemagne (TKMS) 1 800 t Diesel-électrique + AIP hydrogène ≈ 30 jours Italie, Norvège, Allemagne
U214 Allemagne (TKMS) 1 860 t Diesel-électrique + AIP ≈ 50 jours Grèce, Corée du Sud, Turquie
Taigei Japon 3 000 t Diesel-électrique + batteries lithium-ion Très élevée Usage national uniquement

 

Image : Sous-marin chinois de type 039A à propulsion diesel-électrique, désignation OTAN : classe Yuan.

Source : https://www.defensenews.com/naval/2025/08/20/after-dillydallying-thailand-proceeds-with-chinese-built-submarine/

À propos de l'auteur, Guillaume Aigron