Ni le Black Hawk, ni le Huey, ni aucun hélico occidental n’a jamais atteint de tels chiffres. Avec plus de 17 000 unités sorties d’usine, ce dinosaure volant continue d’assurer des missions civiles et militaires aux quatre coins du monde.
Il a tout vu, tout vécu, tout traversé. Né en pleine guerre froide, il a volé à Tchernobyl, sur les glaciers, dans les déserts, au cœur des conflits modernes. Loin d’être une relique, il reste aujourd’hui indispensable pour des dizaines de pays. Voici l’histoire méconnue du plus grand succès industriel de l’aviation à voilure tournante.
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Un hélico vieux de 60 ans… mais toujours là
Difficile à croire, et pourtant. Le tout premier vol du Mi-8 remonte à 1961. On est en pleine époque Nikita Khrouchtchev, le mur de Berlin vient de s’ériger, et le monde se divise en deux blocs. Mais pendant ce temps, en URSS, un homme — Mikhail Mil — travaille sur un hélico de transport robuste, polyvalent, et facile à entretenir. Le résultat ? Un mastodonte de 18 mètres de long, deux turbines de plus de 1 400 chevaux chacune, et une capacité à embarquer jusqu’à 32 soldats ou 3 tonnes de matériel. Depuis, il n’a jamais cessé d’être produit.
Il écrase tous les records de production
Ce que peu de gens savent, c’est que le Mi-8 détient un record mondial absolu. Avec plus de 17 000 exemplaires construits, il est l’hélicoptère le plus produit de l’histoire de l’humanité. Même le Bell UH-1 Huey – pourtant icône du Vietnam – plafonne à 16 000 unités. Et le célèbre Black Hawk, qu’on voit dans tous les films américains ? À peine 5 000 exemplaires dans 36 pays. Le Mi-8, lui, continue de dominer le ciel dans 80 nations, avec une présence aussi bien dans les armées que dans les missions humanitaires ou civiles.
Une fiche technique simple, mais efficace
Ce qui impressionne dans le Mi-8, ce n’est pas la technologie de pointe ou les capteurs dernier cri. C’est sa simplicité, et surtout son adaptabilité extrême. Voici les principales caractéristiques de ce colosse aérien :
| Caractéristique | Donnée principale |
| Longueur du fuselage | 18,2 mètres |
| Moteurs | 2 turbines TV2-117 de 1 482 chevaux |
| Capacité en passagers | 24 à 32 personnes |
| Charge utile | Jusqu’à 3 000 kg de fret |
| Nombre d’unités produites | +17 000 |
| Fabrication actuelle | Kazan et Ulan-Ude (Russie) |
| Vitesse maximale | Environ 260 km/h |
| Prix moyen (neuf) | 6 à 9 millions d’euros, selon version |
Son secret ? Il peut décoller en toutes conditions, se poser sur des pistes sommaires, et se réparer facilement, même dans des zones isolées.
Né d’un vol américain, fabriqué pour l’URSS
Voici un fait peu connu mais savoureux. L’idée de créer le Mi-8 vient… d’un voyage aux États-Unis. Lors d’une visite officielle en 1959, Khrouchtchev monte à bord du Sikorsky S-58 présidentiel américain. Il en ressort bluffé. Il veut le même, ou mieux. Deux ans plus tard, le Mi-8 fait son premier vol. À l’origine, les militaires soviétiques n’en veulent pas. Trop gros, trop nouveau. Mais ils changent vite d’avis en voyant ce que font les Huey américains au Vietnam : transport, évacuation, soutien, logistique. Le Mi-8 devient alors l’arme à tout faire de l’Armée rouge.
Un hélico pour toutes les missions, tous les climats
L’autre force du Mi-8, c’est qu’il peut être décliné à l’infini. En plus des modèles de base, on trouve des variantes pour quasiment tous les usages :
- Mi-8T : transport de troupes (militaire/civil)
- Mi-8S : version VIP avec salon, galley et WC
- Mi-8MA : adaptation pour zones polaires
- Mi-8MT : grue volante, cargo
- Mi-8TZ : ravitailleur en carburant
- Mi-17 : version export plus puissante (moteurs TV3-117VM)
Que ce soit en missions médicales, en évacuations d’urgence, en logistique d’armée, ou en transport d’ONG dans des zones sinistrées, le Mi-8 est devenu le couteau suisse volant du XXe puis du XXIe siècle.
Il a servi à Tchernobyl, en Syrie, et même aux USA
Sa carrière est aussi longue que mouvementée. En 1986, lors de la catastrophe nucléaire de Tchernobyl, ce sont des Mi-8 qui larguent du sable, du bore, du plomb sur le réacteur en fusion. Une vidéo devenue célèbre montre même l’un d’eux s’écrasant dans la zone contaminée, en direct. Depuis, il a été vu en Afghanistan, en Tchétchénie, en Syrie, en Ukraine. Il a même été utilisé par les forces afghanes soutenues par les États-Unis, preuve de son universalité. En 2024, il vole encore dans les deux camps du conflit russo-ukrainien.
Une machine faite pour durer, malgré les embargos
Aujourd’hui encore, le Mi-8 est fabriqué dans deux usines russes : à Kazan et à Ulan-Ude, sous la société Russian Helicopters (Rostec). Malgré les sanctions économiques, les chaînes tournent. Pourquoi ? Parce que la demande reste forte dans le monde entier, en particulier dans les pays non-alignés. Avec les nouveaux kits de modernisation, ces hélicos peuvent être mis à jour pour 10 à 20 ans de plus, avec GPS moderne, blindages améliorés, radars infrarouge. Et surtout, leur maintenance reste bon marché, et possible même sans hangar high-tech.
Source : Slashgear
