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Ce pays limitrophe de la Russie se prépare au pire avec une armée qui atteindra un million de réservistes en 2031

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Guillaume Aigron

Guillaume Aigron

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À 65 ans, ils seront encore mobilisables : la Finlande réécrit les règles de mobilisation dans le pays. Le 28 août 2025, le gouvernement d’Helsinki a transmis au Parlement une …

Patria AMV avec système de mortier AMOS lors du défilé national à l’occasion de la Journée du drapeau des Forces de défense finlandaises.

À 65 ans, ils seront encore mobilisables : la Finlande réécrit les règles de mobilisation dans le pays.

Le 28 août 2025, le gouvernement d’Helsinki a transmis au Parlement une proposition qui en dit long sur l’état de sérénité du pays : porter à 65 ans l’âge limite des réservistes.
En toile de fond, une frontière longue, glacée, surveillée. Et de l’autre côté, un ogre à l’appétit encore inconnu.

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Désormais, les citoyens finlandais nés à partir de 1966 pourraient rester mobilisables jusqu’à la fin de l’année de leurs 65 ans. Cinq années de plus, quinze pour certains.

Officiellement, c’est une simple mise à jour de la loi sur la conscription.
Officieusement, c’est une réponse lucide à l’époque. Depuis l’adhésion à l’OTAN en 2023, la Finlande muscle son jeu.

Et cette fois, elle le fait avec ses propres citoyens, plus âgés, plus expérimentés, prêts à servir si le pire venait à se produire.

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Des retraités mobilisables, vraiment ?

À première vue, l’image a de quoi surprendre. Un homme de 64 ans, bottes aux pieds, treillis sur le dos, appelé pour une mission de soutien.
Ce ne sera pas le cas. La mesure ne signifie pas que tous les sexagénaires seront envoyés dans les bois enneigés. Elle concerne uniquement ceux déjà affectés à des fonctions précises en temps de guerre. Ceux dont la fiche existe dans un tiroir du ministère.

Et même parmi eux, seuls certains seront rappelés pour une formation, un exercice, un encadrement. En clair, la Finlande ne veut pas épuiser ses forces vives, mais garder sous la main un réservoir humain qualifié, pour tenir en cas d’urgence.

Une armée en pointillé, mais un pays tout entier en réserve

La Finlande n’a pas une grande armée d’active.
Moins de 20 000 soldats permanents. C’est peu, même pour un pays de 5,6 millions d’habitants.
En revanche, elle dispose d’un système rodé, méthodique, préparé. Et ce système, c’est la réserve.

Avec la nouvelle loi, le nombre de réservistes va grimper en flèche :

Année Réservistes en effectif Évolution
2025 875 000
2026 900 000 +25 000
2027 925 000 +25 000
2028 950 000 +25 000
2029 975 000 +25 000
2030 1 000 000 +25 000

Dans six ans, la Finlande pourrait compter un million de réservistes.

Un statut différent selon le grade et l’expérience

Les officiers de haut rang, à partir du grade de colonel, ne sont pas concernés : ils pouvaient déjà rester en réserve sans limite, tant qu’ils étaient jugés en forme. Cela reste vrai.

Ceux que la loi impacte directement, ce sont :

  • les soldats et caporaux : +15 ans de maintien dans la réserve
  • les sous-officiers et officiers de compagnie : +5 ans de service potentiel

Des profils qu’on imagine aisément affectés à des fonctions techniques, de transmission, de commandement intermédiaire, de soutien logistique ou sanitaire.

Et à ceux qui s’inquiéteraient de voir revenir de force tous les pères tranquilles du pays au champ de tir, la réponse est simple : il ne s’agit pas de remobilisation massive, mais de souplesse en cas de crise.

Une frontière, une tension, une mémoire

Rien ne se fait en Finlande sans penser à la ligne qui la sépare de la Russie. Plus de 1 300 kilomètres de limite orientale, parfois boisée, parfois minée. Une ligne qui n’a jamais cessé de faire frissonner les cartes d’état-major.
La guerre en Ukraine a encore une fois rebattu les cartes. La Finlande, qui misait autrefois sur sa neutralité, a fini par trancher : l’OTAN, la dissuasion collective, les accords renforcés.
Mais cette alliance ne dispense pas de prévoir, au contraire.
D’où cette idée : étendre la réserve, prolonger la vigilance, rester maître de son propre destin.

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La défense civile aussi mobilisée

La réforme ne s’arrête pas à l’armée.
Le texte de loi prévoit également une extension du service civil, pour ceux qui choisissent une voie non militaire.
Dans les hôpitaux, les centres d’urgence, les services de protection civile ou les réseaux de secours, ces volontaires seront eux aussi mobilisables jusqu’à 65 ans.

Le message est limpide : la défense nationale n’est pas seulement une affaire de soldats, c’est l’affaire d’un peuple.

Et peut-être qu’au bout de cette ligne austère, sur un banc de neige battu par les vents, un homme de 63 ans, médecin à la retraite, aura sa place tout autant qu’un pilote de chasse.

Source : https://www.defmin.fi/en/topical/press_releases_and_news/finnish_government_submits_to_parliament_proposal_to_raise_reservist_age_limit_to_65.15151.news#9a4b670c

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