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Le plus grand rival de l’Inde montre les muscles avec un nouveau missile qui lui donnera un avantage temporaire pour une riposte profonde en cas de conflit

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Guillaume Aigron

Guillaume Aigron

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Pakistan sort un missile capable de frapper à 750 km sans ogive nucléaire. Le 12 août 2025, une annonce officielle a jeté un froid dans les chancelleries d’Asie du Sud. …

Le plus grand rival de l'Inde montre les muscles avec un nouveau missile qui lui donnera un avantage temporaire pour une riposte profonde en cas de conflit

Pakistan sort un missile capable de frapper à 750 km sans ogive nucléaire.

Le 12 août 2025, une annonce officielle a jeté un froid dans les chancelleries d’Asie du Sud. À la veille de sa fête nationale, le Pakistan a dévoilé une arme nouvelle génération au potentiel déstabilisant : le Fatah-4.
Ce missile de croisière longue portée, conçu pour des frappes de précision non nucléaires, bouleverse l’équilibre tactique dans une région déjà sous tension.
Une réponse discrète à une doctrine offensive, ou une étape vers l’autonomie stratégique ?
Dans les coulisses de ce programme, un saut technologique, une ambition assumée et un parfum de défi adressé à son voisin indien.

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Le Fatah-4 n’est ni un projectile balistique ni un simple engin d’artillerie à guidage. Il s’agit d’un missile de croisière terrestre, pensé pour voler bas, très bas, à environ 50 mètres d’altitude. Cette altitude minimale le rend difficilement détectable par les radars, surtout dans des zones où le relief complique encore plus la traque. Avec une vitesse d’environ 860 km/h (soit Mach 0,7) et un profil de vol dit suiveur de terrain, il peut se faufiler à travers les défenses les plus denses sans se faire remarquer.

Ses 7,5 mètres de long et ses 1 530 kg en ordre de vol transportent une charge militaire de 330 kg, à fragmentation, capable de pulvériser un poste de commandement, une piste d’aviation ou un dépôt de carburant.

Sa portée dépasse les 750 kilomètres, ce qui place Islamabad en position de frapper en profondeur sans franchir la ligne rouge du nucléaire.

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Une tête chercheuse dopée à l’intelligence artificielle

Le cœur du Fatah-4 n’est pas seulement explosif. Il est aussi numérique. Le missile embarque un système de navigation double : GPS + centrale inertielle (INS), complété par un guidage terminal hybride. Deux capteurs se relaient dans la phase d’approche : un capteur électro-optique et un radar à ondes millimétriques.

Cette combinaison est renforcée par un module d’analyse d’image assisté par intelligence artificielle. L’engin est ainsi capable de reconnaître une cible à partir d’une bibliothèque d’images, même dans un environnement brouillé par l’ennemi ou sans signal GPS. En d’autres termes, il peut atteindre un bâtiment spécifique dans une zone urbaine, malgré un camouflage actif ou des leurres électroniques.

Le niveau de précision annoncé frôle les 5 mètres d’erreur circulaire probable (CEP). Cela signifie qu’il peut frapper un hangar sans endommager les bâtiments voisins. Et cela change tout en matière de dissuasion conventionnelle.

Une force mobile, prête à tirer et à repartir

Le Fatah-4 n’est pas installé dans un bunker, il roule. Il est embarqué sur un véhicule lanceur, ce qui lui permet de changer de position à tout moment et de tirer en quelques minutes. Cette capacité de “tir et dispersion” (shoot-and-scoot) réduit considérablement le risque d’être détruit avant le lancement.

La propulsion repose sur un moteur à ergols solides, qui simplifie la logistique et permet une mise en œuvre rapide sans préparation complexe. Ce choix technique a aussi l’avantage de renforcer l’endurance opérationnelle : pas besoin de réservoirs ni de systèmes cryogéniques.

Le système complet – missile, véhicule et personnel – peut donc se fondre dans le terrain, rester caché jusqu’au dernier moment, puis frapper une cible située à plusieurs centaines de kilomètres sans alerter la défense adverse.

Un missile Fatah 4.
Un missile Fatah 4.

Une montée en gamme méthodique depuis 2021

Le Fatah-4 est le dernier-né d’une lignée commencée il y a quatre ans. Depuis 2021, l’armée pakistanaise a développé la série suivante :

Modèle Type Portée Statut
Fatah-I Roquette guidée ≈ 140 km Déployé
Fatah-II Missile surface-surface ≈ 250–400 km En service
Fatah-III (Abdali) Missile balistique ≈ 450 km Modernisé
Fatah-4 Missile de croisière terrestre > 750 km Révélé en 2025

Cette progression témoigne d’une stratégie patiente mais déterminée, visant à couvrir toute la gamme des distances tactiques, sans recourir systématiquement au nucléaire.

Une réponse aux doctrines offensives indiennes

Le Fatah-4 ne se résume pas à sa fiche technique. Il est aussi un signal stratégique. En renforçant ses capacités de frappe conventionnelle, le Pakistan cherche à répondre à ce qu’il perçoit comme une menace : la doctrine indienne dite du Cold Start, conçue pour lancer rapidement des offensives limitées à la frontière sans provoquer de riposte nucléaire.

Avec ce missile, Islamabad se donne les moyens d’une riposte profonde, ciblée, précise, rapide, sans franchir le seuil nucléaire. Il peut ainsi répondre à une incursion militaire indienne sans subir la pression internationale d’une escalade atomique.

Cette diversification des vecteurs (roquettes, missiles balistiques, missiles de croisière) complique la tâche des planificateurs adverses. Une frappe peut désormais venir de plusieurs directions, avec des trajectoires imprévisibles et des profils différents.

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Une rivalité technologique où le temps compte

En Asie du Sud, les comparaisons sont inévitables. Le Fatah-4 entre en concurrence directe avec le missile indien Nirbhay, annoncé avec une portée d’environ 1 000 km, mais victime de multiples retards et problèmes de mise au point.

Là où New Delhi peine encore à finaliser son programme, Islamabad a déjà mis en ligne un engin opérationnel, intégré aux unités de l’armée de terre. Ce calendrier inversé redonne un avantage temporaire au Pakistan, bien que l’Inde reste largement supérieure en termes de budget et de masse industrielle.

Quant à la gamme Babur, destinée initialement à la dissuasion nucléaire, elle semble désormais céder le terrain à des missiles spécialisés comme le Fatah-4, mieux adaptés à un usage strictement conventionnel. Cela laisse penser que le Pakistan se dote progressivement d’un arsenal modulaire, ajustable en fonction de la gravité du conflit.

Résumé chiffré :

  • Portée du missile : > 750 km
  • Précision annoncée : ≈ 5 m
  • Charge utile : 330 kg (explosif à fragmentation)
  • Vitesse : ≈ 860 km/h
  • Altitude de vol : ≈ 50 m
  • Longueur : 7,5 m
  • Poids total : 1 530 kg
  • Mise en service : 2025
  • Système de guidage : GPS/INS + EO/IR + radar + IA

Le Fatah-4 n’est pas une révolution en soi. C’est une synthèse astucieuse de technologies connues, mises au service d’une stratégie : dissuader, riposter, frapper juste, sans déclencher l’apocalypse. Un missile qui parle doucement, mais qui tape loin.

Source : https://quwa.org/pakistan-army-news/pakistan-reveals-fatah-4-land-attack-cruise-missile-08-13-2025/

Image : X / @Defence_IDA

 

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