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L’armée de Terre française utilise pour la première fois un A400M pour transporter des Fardier en ordre de combat

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Guillaume Aigron

Guillaume Aigron

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L’A400M avale du Fardier : l’armée française muscle son aéroportage tactique. Le Fardier est un petit colosse sur roues, conçu pour les missions les plus exigeantes, capable d’embarquer du matériel, …

L'armée de Terre française utilise la première fois un A400M pour transporter des Fardier en ordre de combat

L’A400M avale du Fardier : l’armée française muscle son aéroportage tactique.

Le Fardier est un petit colosse sur roues, conçu pour les missions les plus exigeantes, capable d’embarquer du matériel, de tracter un mortier de 120 mm, et d’offrir un appui-feu direct. En ce mois de juillet 2025, un jalon a été posé dans la capacité de projection rapide de l’armée française : pour la première fois, des Fardier ont été chargés en ordre de combat dans un A400M, au cours d’un exercice interarmées impliquant le 3e RPIMa et l’Armée de l’Air et de l’Espace.

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L’opération a démarré depuis l’aéroport Salvaza de Carcassonne, où l’on est loin des valises à roulettes et des sandwichs triangles. Deux vagues de six Fardier ont été embarquées à bord d’un A400M de l’Escadron de transport 4/61 Béarn. L’appareil, venu de la Base Aérienne 123 d’Orléans, n’a pas chômé : en moins de 15 minutes, chaque rotation permet d’avaler six véhicules avec tout leur attirail, de la mitrailleuse MaG 58 à la dotation individuelle des paras.

Les véhicules, conçus par la société française UNAC, ont été intégrés dans l’avion dans un état qu’on appelle “ordre de combat”. Autrement dit, tout est prêt à sauter du cargo et à rouler dans la minute.

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Objectif : opérationnel dès l’atterrissage

Le théâtre de manœuvre n’a rien de fictif : le camp de Caylus, terrain de jeu favori de nombreuses unités françaises, a servi de destination à cet exercice grandeur nature. À peine posés, les Fardier sont sortis en quelques minutes. Un vrai ballet mécanique, avec à la clef un déploiement immédiat des équipes sur zone.

Les Fardier ne sont pas là pour faire joli. Leur mission : remotoriser les troupes parachutistes qui viennent de sauter, en leur redonnant une mobilité terrestre et une capacité de feu renforcée. Un enjeu central dans les interventions rapides type ENU (Échelon National d’Urgence), où chaque minute compte pour sécuriser une tête de pont.

Mortiers et mitrailleuses à portée de soute

Deux mortiers de 120 mm ont été également embarqués pour cet exercice. On ne parle pas ici d’une balade en campagne : chaque pièce pèse environ 230 kg, sans compter les munitions. Les Fardier sont capables de les tracter directement en sortie d’appareil, ce qui constitue un gain de temps considérable sur un terrain dégradé.

Et pour assurer la protection rapprochée, les MaG 58 et autres mitrailleuses de 12,7 mm sont prêtes à entrer en action dès que les roues touchent le sol. Sur le camp de Caylus, une séquence de tir a d’ailleurs été exécutée immédiatement après le déploiement, comme pour montrer que l’exercice ne s’arrêtait pas au tarmac.

Une coordination interarmées millimétrée

Rien de tout cela n’aurait été possible sans une synchronisation très fine entre l’armée de Terre et l’Armée de l’Air et de l’Espace. L’objectif était clair : démontrer que les essais réalisés avec le 1er Régiment du train parachutiste (1er RTP) ces derniers mois sont reproductibles dans des conditions réalistes.

L’Escadron de transport 4/61 n’a pas simplement transporté des véhicules, il a aussi adapté ses procédures pour coller aux exigences du 3e RPIMa. De son côté, le régiment, certifié Scorpion depuis 2024, a montré qu’il pouvait mettre en œuvre des moyens motorisés légers dans un cadre aéroporté, tout en restant cohérent avec les doctrines du combat en zone hostile.

Le Fardier, un maillon de la remotorisation aéroportée

Long de 3,6 mètres, large de 1,8 mètre et pesant moins de 2 tonnes, le Fardier n’est pas une bête de somme, mais un utilitaire tactique agile. Il peut transporter 1 tonne de charge utile, accueillir deux hommes, et surtout : il passe dans un A400M sans avoir besoin d’être démonté. Son design pensé pour l’aéroportage direct est l’une des grandes avancées de la motorisation légère en milieu parachutiste.

En comparaison, le Serval, bien plus massif (17 tonnes), ne peut être transporté que dans un A400M à la condition d’être allégé ou adapté, ce qui prend du temps. Le Fardier, lui, peut embarquer dans un C-130 Hercules, voire être héliporté sous un Caïman NH90 si nécessaire.

C’est là toute l’utilité tactique de ce véhicule : fournir une mobilité immédiate aux troupes au sol, dans un format ultracompact, sans sacrifier la puissance de feu ni la logistique embarquée.

Des chiffres qui parlent

Voici quelques données pour comprendre les avantages de cette manœuvre :

Donnée technique Valeur
Capacité de charge du Fardier 1 000 kg
Poids à vide 1 950 kg
Nombre de Fardier dans un A400M 6 à 8 selon l’équipement
Temps d’embarquement 15 minutes pour 6 véhicules
Temps de déchargement Moins de 5 minutes
Autonomie du Fardier 600 km
Vitesse maximale 90 km/h

Le Fardier ne prétend pas remplacer un blindé. Ce n’est ni un char, ni un véhicule de reconnaissance blindée. Il intervient après le saut, pour donner aux troupes une capacité de manœuvre rapide, un appui-feu mobile et une possibilité de repli si besoin.

En somme, ce premier aéroportage réussi dans un A400M, avec une mise en condition de tir immédiate, démontre que la projection motorisée ultrarapide n’est plus une ambition sur PowerPoint mais une capacité concrète.

Source : Armée de terre

Image : Embarquement d’un Fardier dans un A400M – © armée de Terre

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