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Taïwan projette de « noyer » le ciel avec plus de 100 000 drones ultra-modernes pour faire face à toute menace

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Guillaume Aigron

Guillaume Aigron

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Plus de 100 000 drones pour Taïwan : l’armée de demain tiendra dans un sac à dos. C’est un chiffre vertigineux : plus de 100 000 drones militaires seront bientôt …

Taïwan projette de « noyer » avec plus de 100 000 drones ultra-modernes pour faire face à toute menace dans son ciel

Plus de 100 000 drones pour Taïwan : l’armée de demain tiendra dans un sac à dos.

C’est un chiffre vertigineux : plus de 100 000 drones militaires seront bientôt produits pour Taïwan. Annoncée fin juillet 2025, cette commande historique vise à transformer en profondeur l’architecture défensive de l’île. Dans un contexte de tensions croissantes avec la Chine, Taïwan parie sur une armée plus agile, plus distribuée, et surtout, truffée de capteurs volants autonomes. Décryptage d’une stratégie inédite à l’échelle mondiale !

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Une stratégie de masse pour un territoire sous pression

Le chiffre exact impressionne : 48 750 drones déjà commandés par le ministère de la Défense taïwanais, auxquels s’ajoutent plus de 50 000 unités supplémentaires annoncées par l’Executive Yuan. L’objectif est simple : déployer un maillage aérien massif, capable de surveiller, protéger et frapper en tout point du territoire, en toutes circonstances.

Ces drones ne serviront pas uniquement sur le champ de bataille. Ils seront aussi mobilisés pour la surveillance d’infrastructures critiques, comme les centrales électriques, les ports, les réseaux ferroviaires ou les dépôts de carburant. Un maillage autonome qui vise à renforcer la résilience nationale face à un scénario d’invasion ou de blocus.

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Cinq familles de drones, une architecture distribuée

La première vague de drones militaires couvre cinq catégories fonctionnelles :

  • Drones micro-surveillance : très petits, légers, pour missions urbaines et infiltration,
  • Drones d’attaque courte portée : type kamikaze ou tir guidé contre véhicules,
  • Drones de reconnaissance moyenne portée : pour surveiller les zones côtières ou les montagnes,
  • Drones de liaison et relais de communication : pour maintenir le signal entre unités,
  • Drones logistiques ou de brouillage : pour transporter charge ou saturer l’électronique adverse.

Chaque catégorie est conçue pour fonctionner en réseau, dans un système dit “en essaim” (swarming). Ces essaims peuvent se déplacer en coordination, se répartir les tâches, ou réagir en temps réel à une attaque.

Une filière industrielle sous stéroïdes

Pour répondre à ce défi de production, plusieurs industriels taïwanais montent en puissance. Deux noms dominent le secteur :

  • Thunder Tiger Technologies, qui souhaite candidater sur les cinq segments du programme militaire,
  • Century Minsheng, qui étend ses lignes pour répondre aux marchés taïwanais, mais aussi européens et américains.

En tout, plus de 400 entreprises ont assisté au dernier briefing du gouvernement à Nangang, incluant aussi des fabricants de composants électroniques, de matériaux composites et de systèmes de communication. L’objectif est clair : mobiliser toute la chaîne de valeur pour livrer vite, bien, et sans dépendance extérieure.

La sélection des fournisseurs suivra un modèle multi-attributaire : plusieurs industriels seront retenus, chacun responsable d’une partie du volume. Une stratégie qui renforce la résilience, évite les goulets d’étranglement, et stimule la concurrence technologique.

Objectif : tenir face à Pékin

Ce plan s’inscrit dans un contexte de tension maximal. La Chine augmente chaque année son budget militaire, déploie des manœuvres navales autour de Taïwan, et multiplie les cyberattaques. En cas de conflit, l’armée taïwanaise sait qu’elle ne peut pas tenir le front par la masse humaine ou le feu lourd. Elle mise donc sur la mobilité, la décentralisation et la saturation.

Un drone perdu n’est pas une catastrophe. Un millier de drones qui saturent une zone, transmettent les positions ennemies, ou neutralisent des cibles logistiques… peut faire basculer un affrontement asymétrique.

Et l’approche n’est pas isolée : l’Ukraine a déjà démontré l’efficacité des mini-drones FPV bon marché. Taïwan pousse le concept à l’échelle nationale, et l’adapte à son relief : montagnes, villes denses, littoral fragmenté. C’est l’architecture en couches, chaque zone disposant de sa propre couverture drone.

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Une révolution discrète, mais globale

Cette initiative aura des effets au-delà de l’île. Elle transforme la perception des drones militaires, longtemps cantonnés à des missions d’élite. Désormais, ils deviennent un outil de masse, comparable à l’artillerie ou aux mines. Et cette standardisation pousse les industriels à innover, réduire les coûts, intégrer l’intelligence artificielle et les systèmes anti-jamming.

En Europe, plusieurs armées observent le modèle taïwanais avec attention. La Lituanie, la Pologne ou l’Estonie expérimentent des concepts similaires à moindre échelle. En France, les appels à « droniser » la défense territoriale se multiplient.

Résumé en chiffres

Éléments Valeur
Drones commandés 48 750 (défense) + 50 000 (civilo-militaire)
Budget militaire dédié > 50 milliards de NT$ (~1,44 milliard d’euros)
Nombre d’entreprises impliquées + de 400
Types de drones Surveillance, attaque, liaison, reconnaissance, brouillage
Modèle industriel Multi-attributaire, production locale
Objectif stratégique Défense distribuée et résilience territoriale
Durée de production 5 ans d’activité assurée pour l’industrie nationale

 

Source : Ministère de la défense de Taïwan

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