Peu coûteuses, mobiles et redoutables contre les drones, les armes de 30 et 40 mm reviennent au premier plan. Portées par l’armée de Terre et la Marine, elles s’imposent comme la réponse française aux attaques à bas coûts que subissent les bases stratégiques.
Les forces françaises ne veulent plus subir. Après des années d’érosion capacitaire, la lutte anti-drones s’organise enfin autour de solutions économiques, disponibles et adaptées aux nouvelles menaces. Exit le missile à 1 million d’euros contre un drone à 2 000. Place à l’artillerie intelligente.
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Des canons intelligents pour un nouveau type de guerre
Le général Bellanger l’a dit clairement : les canons de 30 et 40 mm sont devenus essentiels. En plein changement de doctrine, l’armée française mise sur ces systèmes cinétiques à bas coûts pour répondre à la multiplication des drones de surveillance et d’attaque. Avec des munitions programmables et un guidage radar, ces armes permettent de neutraliser rapidement des engins à très faible signature.
Des drones partout, une riposte nécessaire
Le retour d’expérience est formel : les bases aériennes sont devenues vulnérables. La prolifération de drones commerciaux modifiés, les incursions récurrentes en Europe et les attaques ciblées en Ukraine ou au Proche-Orient ont convaincu l’état-major français de passer à l’action. L’objectif : disposer d’une couche anti-drones solide, répartie entre moyens mobiles et fixes.
Le Serval C-UAV, un tueur de drones sur roues
Basé sur un 4×4 blindé, le Serval C-UAV embarque un canon de 30 mm dérivé de celui de l’hélicoptère Tigre. Il tire des obus à détonation programmée pour former un nuage de fragmentation. Doté de radars 3D et de capteurs RF, il peut détecter et frapper automatiquement un essaim à moins de 2 km. L’armée de Terre en a commandé 24, avec une option pour en doubler le nombre. Les livraisons commenceront en 2028.
Le RapidFire s’invite dans les bases
Développé par Thales et KNDS, le système RapidFire repose sur un canon de 40 mm et une munitions téléscopée airburst A3B. Son but : proteger les bases fixes, dépôts logistiques et zones sensibles. Avec 200 tirs/minute, une portée utile de 4 km et une capacité à frapper des drones, avions légers et munitions, il forme un maillon-clé de la défense rapprochée. Une première série de 14 exemplaires sera livrée dès 2027.
Une production 100 % contrôlée
Pour éviter toute dépendance, la France a réparti la fabrication de ses obus de 40 mm sur trois sites industriels. Un contrat de 25 000 obus (dont 8 000 de combat) a été signé pour 150 millions d’euros. Objectif : atteindre 30 000 obus par an dès 2027. Cette maîtrise logistique est cruciale pour tenir dans un conflit de haute intensité.
Un dispositif complémentaire aux missiles
Les canons de 30 et 40 mm ne remplacent pas les missiles, mais les complètent. Là où un missile coûte très cher et doit être réservé à des cibles de haute valeur, les systèmes cinétiques répondent aux drones de masse. Le RapidFire et le Serval permettent de gérer des attaques saturantes à bas coût tout en réduisant la charge sur les batteries Mistral ou VL MICA.
Tableau – Déploiement prévisionnel
Système | Calibre | Portée utile | Livraison | Volume initial |
Serval C-UAV | 30 mm | 2 km | 2028 | 24+24 en option |
RapidFire (Terre) | 40 mm | 4 km | 2027 | 14+34 en option |
Obus 40 mm A3B | – | – | 2026-2030 | 25 000 (150 M€) |
Source : LCP Assemblée Nationale