La frégate furtive revient au centre du jeu militaire avec un exercice franco-tunisien qui cache une coopération plus profonde qu’il n’y paraît.
Sous prétexte d’un simple exercice d’entraînement entre alliés, Paris et Tunis révèlent une ambition partagée : contrer les menaces maritimes en Méditerranée. Derrière les manoeuvres de juillet 2025 se cache un objectif stratégique : renforcer la présence conjointe face au chaos qui gagne les routes maritimes du sud.
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Une mise en situation tactique bien plus réaliste qu’annoncé
L’exercice du 15 juillet 2025 entre la frégate française Guépratte et le patrouilleur tunisien Jugurtha a dépassé le simple cadre de la routine navale. Si les communiqués parlent de scénarios classiques, l’utilisation de menaces asymétriques, de rapides embarcations suspectes et d’interventions croisées laisse entrevoir une réelle préparation opérationnelle face aux risques concrets de trafics, attaques pirates ou infiltrations.
La frégate Guépratte toujours au front
Basée à Toulon, la Guépratte reste le dernier exemplaire actif de la classe La Fayette. Malgré son absence de modernisation sonar, elle continue d’assurer des missions critiques. Avec ses 3¢000 tonnes, ses missiles Exocet, son canon de 100 mm et son hélicoptère embarqué, elle opère aussi bien dans la lutte anti-surface que dans l’appui à la sécurité maritime. Son autonomie de 50 jours et ses 7 000 km d’endurance en font un outil toujours redoutable.
Une marine tunisienne qui monte en gamme
Le Jugurtha, fleuron des patrouilleurs hauturiers tunisiens, affiche un profil moderne : coque Sea Axe, hangar pour drones, canon de 12,7 mm, moteurs Caterpillar, 1 800 tonnes à pleine charge, et une autonomie de 7 400 km. Il embarque également deux RHIBs pour les abordages rapides. Avec ses 35 marins et 12 places supplémentaires, il s’adapte aux missions longues durées et aux opérations multinationales.
Des échanges de pratiques plus qu’un simple show
Au-delà de l’aspect vitrine, cet exercice a permis de tester les procédures d’abordage, les contrôles de pavillons et les tactiques de communication croisées. Des équipes sont montées à bord de chaque navire pour simuler des vérifications d’unités suspectes, montrant une coordination digne des opérations réelles anti-traîfic.
Une coopération stratégique renforcée
Cette opération révèle surtout la volonté française de consolider ses liens avec les marines d’Afrique du Nord. Avec un axe Tunis-Toulon plus actif, la France renforce sa maîtrise du bassin occidental de la Méditerranée. Tunis, de son côté, affirme une posture plus proactive sur le flanc sud de l’OTAN.
L’ombre des trafics et de la guerre hybride
Les routes maritimes du sud sont de plus en plus exposées aux cargaisons illicites, aux transferts d’armes et aux flux migratoires déroutés. Dans ce contexte, l’entraînement commun permet aux deux pays de tester en situation réelle leurs capacités à intercepter et contrôler, en présence d’acteurs non conventionnels.
Une présence opérationnelle assumée
En multipliant ce type d’exercices, la France signale qu’elle n’abandonne pas sa zone d’intérêt sud-méditerranéenne. La Tunisie y trouve un relais de compétence et un soutien capacitaire, tandis que les navires comme la Guépratte ou le Jugurtha restent en première ligne pour les opérations de police des mers.
Source : Ministère de La Défense