Présenté lors de la fête nationale, le H160 d’essai préfigure l’arrivée du Guépard, un hélicoptère militaire unique en son genre destiné à tout faire, pour toutes les armées.
Un appareil orange fluo au cœur de Paris ? Ce n’était pas une maquette, mais le premier H160 destiné à tester ce qui deviendra l’hélicoptère interarmées de demain. En coulisses, les essais en vol se multiplient pour faire naître un monstre d’efficacité capable de remplacer cinq types d’hélicoptères militaires différents. Entraînement, armement, électronique, connectivité : le Guépard vise à couvrir tous les rôles, et à durer sur plusieurs décennies.
A lire aussi :
- La Chine va faire taire le « cœur malade » de son aviation militaire avec une innovation qui va lui permettre de viser l’hégémonie dans les vols hypersoniques
- La France bat l’Angleterre sur le fil et décroche un contrat de 6,7 milliards d’euros pour développer le moteur du futur avion de combat de 6e génération de l’Inde
Un démonstrateur testé en plein ciel pour un futur polyvalent
Le 14 juillet 2025, au pied des Invalides, le public a pu apercevoir le nouveau H160 d’essai, identifiable à ses marquages orange. Ce modèle est destiné à préparer l’arrivée du Guépard, version militaire du H160. Doté de postes d’essai embarqués et de capteurs dans la soute, cet appareil est essentiel pour former les pilotes d’essai et tester les modifications à venir. Il servira aussi à intégrer les systèmes d’armement et d’optronique futurs, sur un châssis commun à toutes les armées.
Une plateforme unique pour cinq remplacements
L’ambition est claire : remplacer cinq flottes vieillissantes (Gazelle, Alouette III, Dauphin, Fennec, Panther) par un seul modèle, le H160M Guépard. Pour y parvenir, la DGA a signé un contrat en 2021 avec Airbus Helicopters, incluant un premier lot de 30 appareils, dont 21 pour l’armée de Terre, 8 pour la Marine, et 1 pour l’armée de l’Air. À terme, ce sont 169 Guépards qui devraient entrer en service. C’est une révolution logistique et opérationnelle pour les forces françaises.
Une bête d’endurance pour missions multiples
Le H160M pourra voler jusqu’à 880 km à 255 km/h, avec une endurance de 4 h 30. Il sera armé de missiles guidés, de mitrailleuses, et compatible avec le ravitaillement en vol via KC-130J. Il servira dans des missions aussi variées que :
- L’appui-feu et le combat léger
- La reconnaissance tactique
- La recherche et sauvetage
- Les opérations maritimes
- La guerre électronique et la surveillance côtière
Une machine unique pour des besoins multiples.
Une architecture pensée pour la guerre connectée
Sous sa coque composite, le Guépard embarquera une suite avionique Thales FlytX, une visière de pilotage TopOwl, et une boule optronique Euroflir 410 de Safran. Ces équipements seront intégrés au système de combat, permettant de partager des données en temps réel avec d’autres plateformes. À l’intérieur, quatre écrans multifonctions, des commandes numériques, une ergonomie pensée pour des vols longs. Tout est calibré pour un champ de bataille numérique et piloté en réseau.
Une phase d’essai critique pour les équipages du futur
Le H160 de test livré à la DGA EV sera intégré dans le programme EPNER, l’école de formation des pilotes d’essai à Istres. Cette école, reconnue en Europe, forme les pilotes, mécaniciens et ingénieurs à tester les appareils militaires. Le H160 servira à simuler les futurs scénarios du Guépard, avec des modules permettant de modifier les lois de pilotage ou d’intégrer des équipements spécifiques. Un outil pédagogique et tactique inédit en France.
Une logistique industrielle multi-sites et souveraine
Le H160 est assemblé à Marignane, mais ses composants sont répartis sur plusieurs sites :
Composant | Lieu de production |
Fuselage | Donauwörth (Allemagne) |
Pales | Le Bourget (France) |
Queue | Albacete (Espagne) |
Intégration finale | Marignane (France) |
Cette organisation permet de soutenir plusieurs bassins d’emploi européens tout en maintenant une chaîne logistique maîtrisée. Le programme s’inscrit dans la loi de programmation militaire 2024–2030, avec un accent mis sur l’aviation plus verte, la connectivité, et la souveraineté capacitaire.
Un programme aux retombées déjà internationales
Le H160, dans ses versions civiles et militaires, suscite déjà l’intérêt mondial. Des commandes ont été enregistrées en France, au Japon, en Chine, en Arabie Saoudite, aux États-Unis et en Espagne. Son coût unitaire estimé à 13,2 millions d’euros le place dans une gamme concurrentielle, avec des performances proches des modèles plus lourds mais à moindre coût d’exploitation. Le Guépard pourrait ainsi devenir un modèle d’exportation, surtout dans sa version testée pour l’armement et les missions tactiques.
Tableau des dates et objectifs clés
Événement | Date |
Première présentation publique | 14 juillet 2025 (Paris) |
Livraison du H160 d’essai | Octobre 2025 |
Premier vol du prototype Guépard | 2025 (prévu) |
Entrée en service du Guépard | À partir de 2027 |
Nombre total de Guépards prévus | 169 unités |
Durée d’endurance en vol | Jusqu’à 4 h 30 |
Vitesse de croisière | 255 km/h |
Portée maximale | 880 km |
Source : Direction Générale de l’Armement