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4 milliards d’euros en six mois pour l’Armée française qui vise une intégration des dernières innovations le plus tôt possible sous l’égide de la DGA

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Guillaume Aigron

Guillaume Aigron

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4 milliards d’euros en six mois, la DGA dépense sans compter pour tenir l’armée français à jour. Le 14 juillet approche, les défilés se préparent, les fanions s’installent. Mais dans …

4 milliards d’euros en six mois pour l'Armée française qui vise une intégration des dernières innovations le plus tôt possible sous l'égide de la DGA

4 milliards d’euros en six mois, la DGA dépense sans compter pour tenir l’armée français à jour.

Le 14 juillet approche, les défilés se préparent, les fanions s’installent.
Mais dans les coulisses du ministère des Armées, un autre défilé s’est déroulé ces derniers mois. Celui des milliards.
Au premier semestre 2025, plus de 4 milliards d’euros ont été signés en commandes militaires. Un rythme effréné, sans précédent.
Derrière cette accélération, un seul mot d’ordre : ne plus être pris de court.

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Depuis janvier, la DGA (Direction générale de l’armement) a mis les bouchées doubles. Objectif : tenir le cap de la nouvelle Loi de programmation militaire 2024-2030, qui prévoit une montée en puissance continue des capacités françaises. Malgré une situation budgétaire complexe, l’administration a accéléré les prises de commandes, engageant à mi-année 12 milliards d’euros de paiements, soit autant qu’en toute l’année 2019.

Cette accélération ne vient pas de nulle part. Le climat géopolitique est tendu. L’Ukraine, Taïwan, la mer Rouge, le Sahel : les zones de friction se multiplient. Paris veut du matériel prêt, des industriels lancés, et des troupes équipées.

Et derrière les chiffres, un changement de rythme assumé : le temps de la prudence comptable est terminé. L’armée s’achète du temps, de l’avance et des marges de manœuvre.

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Des milliards ventilés dans tous les programmes clés

La répartition des commandes donne une cartographie précise des priorités de la France : l’aérien, le naval, le terrestre, le spatial, rien n’est oublié. Voici un aperçu des grands bénéficiaires :

Industriel Montant des commandes (M€) Principaux projets
Thales 725 Syracuse, Contact, liaisons Rafale
Dassault Aviation 318 Rafale F5, production Rafale, démonstrateur spatial
KNDS 300 Scorpion, Caesar, munitions 40 mm
Naval Group 168 Barracuda, F21, SNLE 3G
Safran 128 Munitions AASM
Ariane Group 106 Programme M51
Airbus 89 Hélicoptères Caracal
MBDA 69 Missiles Exocet et MMP
Arquus 11 Évolutions de blindés

 

Au total, plus de 4 milliards d’euros de commandes ciblées, calibrées pour renforcer chaque segment des forces armées.

L’innovation pour éviter l’obsolescence

L’un des postes les plus symboliques concerne le Rafale F5, futur standard du chasseur français. L’étude de « levée de risques » est lancée. On veut tester, valider, ajuster, pour que l’avion reste dominant face aux drones, aux furtifs, aux menaces hybrides. Dassault travaille aussi sur un démonstrateur d’avion spatial. Rien n’est encore dévoilé, mais l’idée est claire : explorer la frontière entre haute atmosphère et orbite basse.

Du côté des blindés, KNDS poursuit le programme Scorpion, qui doit remplacer une partie du parc français. On modernise aussi les chaînes de production pour rendre l’approvisionnement en munitions 40 mm plus résilient. L’expérience ukrainienne a marqué les esprits : pas de victoire sans stocks.

Le sous-marin Barracuda continue son chemin, tout comme le développement du SNLE 3e génération. La dissuasion reste le socle. Le programme M51 de missiles stratégiques bénéficie de 106 millions d’euros, confiés à ArianeGroup.

Les PME ne sont pas oubliées

Derrière les grands maîtres d’œuvre, des centaines de petites et moyennes entreprises reçoivent également des commandes. Au total, plus de 300 millions d’euros leur sont directement alloués au premier semestre.

Quelques exemples marquants :

  • Sabena Technics : acquisition d’un avion banc d’essai.
  • CNIM : conception et fabrication de chalands de débarquement.
  • Aura Aéro : développement d’un prototype de drone.

Ces projets ne font pas la une, mais ils sont les racines de l’autonomie industrielle française. Chaque drone, chaque bateau logistique, chaque composant électronique participe à la chaîne de souveraineté.

Une défense qui assume ses choix budgétaires

En 2025, le budget de la mission « Défense » grimpe à 50,5 milliards d’euros, soit une hausse de 7 % par rapport à l’année précédente. L’agrégat « équipements » franchit les 31 milliards d’euros, contre 28 milliards en 2024. Et cette croissance bénéficie presque exclusivement à la BITD (Base industrielle et technologique de défense).

Voici l’évolution récente :

Année Budget Défense (Md€) Budget Équipements (Md€)
2019 35,9 20,5
2024 47,2 28
2025 50,5 31

Ces chiffres traduisent une volonté politique assumée : réarmer sans délai. Le contexte stratégique l’exige. La loi de programmation 2024-2030 prévoit 268 milliards d’euros de commandes, contre 170 milliards dans la précédente LPM. La différence n’est pas une nuance. C’est un changement de posture.

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Des commandes à finir… et des objectifs à tenir

Les six premiers mois ont donné le ton. Mais le ministère des Armées ne veut pas ralentir. D’ici décembre, le rythme doit encore s’accélérer pour tenir l’annuité 2025 de la LPM. Les équipes de la DGA restent mobilisées. Et les industriels, souvent à flux tendus, doivent suivre.

En parallèle, des coopérations européennes se renforcent via l’Occar, pour soutenir notamment le 2e Bâtiment Ravitailleur de Force. Le CEA, de son côté, poursuit ses travaux liés à la dissuasion et aux chaufferies nucléaires militaires.

Derrière ces lignes comptables, une réalité se dessine : la défense française ne se contente plus de maintenir le niveau. Elle l’élève. Et elle met les moyens pour le faire.

Source : DGA

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