Testé avec succès sur le sol français, le système MUTANT représente la première munition rôdeuse de longue portée 100 % tricolore. Une avancée qui pourrait rebattre les cartes face à la domination israélienne, turque et américaine sur ce terrain.
À Biscarrosse, l’armée française a validé les premiers essais du drone-tueur MUTANT, fruit d’un travail commun entre MBDA et Delair. Pensée pour les conflits de haute intensité, cette munition rôdeuse vise à allier portée étendue, précision chirurgicale, modularité et souveraineté industrielle. D’autres tests s’étaleront jusqu’en 2026, avec l’objectif clair de rendre cette technologie incontournable pour les prochaines décennies.
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Une réponse attendue à un retard stratégique
Avec plus de dix ans de retard sur Israël ou les États-Unis, la France commence enfin à rattraper le peloton de tête. Les premiers tirs du MUTANT, conduits sur le site de la DGA à Biscarrosse, ont montré une capacité opérationnelle bien réelle. Cette munition rôdeuse a touché ses cibles, fixes et mobiles, à plus de 50 km, démontrant une combinaison efficace entre la charge militaire de MBDA et la plateforme volante conçue par Delair.
Une architecture pensée pour la modularité
Le MUTANT repose sur une structure modulaire en deux parties : un vecteur déployable à ailes rétractables, et une charge militaire inspirée des missiles Akeron. La munition peut être récupérée si le tir est annulé, ce qui réduit le gaspillage. Ce concept permet aussi d’adapter la charge selon les missions et d’envisager une utilisation en essaim, élément clé de la guerre moderne.
Deux versions pour deux missions distinctes
Depuis son lancement en 2023, MUTANT a donné naissance à deux variantes : Akeron RCH-140 et Akeron RCH-170. La seconde, plus lourde avec 18 kg, pousse la portée à 70 km. Les deux conservent un contrôle humain permanent, un point crucial pour respecter les normes éthiques et tactiques françaises. Cette capacité à mêler autonomie et supervision humaine séduit les états-majors.
Un concurrent misant sur la discrétion
Un second consortium, formé par KNDS, EOS Technologie et TRAAK, a proposé un autre modèle, basé sur un drone à décollage vertical. Moins rapide mais plus furtif, il utilise une charge anti-blindé capable de projeter un noyau métallique à haute vitesse, sans contact direct. Ce choix technique mise sur la létalité ciblée tout en évitant la destruction du vecteur.
Une gamme qui se structure en profondeur
Au-delà de MUTANT, la France explore d’autres modèles complémentaires sous le programme MATARIS, avec des plateformes comme :
Nom du modèle | Portée | Vitesse | État actuel |
MX-10 | 10 km | Moyenne | 460 unités livrées |
MV-25 OSKAR | ~25 km | Élevée | Utilisé en Ukraine |
MV-100 | 80–100 km | 400 km/h | En qualification opérationnelle |
Ces vecteurs permettent de couvrir l’ensemble du spectre tactique, de l’engagement rapproché au harcèlement à longue distance.
L’intelligence artificielle comme tueur silencieux
Thales avance sur son système TOUTATIS Mk2, conçu pour fonctionner même sans GPS, en détectant les cibles grâce à une IA embarquée. De son côté, MBDA développe aussi le Raijin RD-120, en partenariat avec Fly-R, pour des frappes dans un rayon de 50 km. L’accent est mis sur l’autonomie décisionnelle, tout en gardant l’homme dans la boucle.
Des munitions létales mais abordables
Le programme LARINAE, à l’origine du MUTANT, impose une contrainte budgétaire : chaque unité doit coûter moins de 200 000 €. Ce seuil est indispensable pour envisager une production massive, avec des besoins potentiels dépassant 1 800 exemplaires pour l’armée française. Cette stratégie permet d’adapter l’industrie à une logique d’économie de guerre et à un environnement géopolitique sous tension.
Source : Direction Generale de l’Armement