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La France bat l’Angleterre sur le fil et décroche un contrat de 6,7 milliards d’euros pour développer le moteur du futur avion de combat de 6e génération de l’Inde

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Guillaume Aigron

Guillaume Aigron

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Pourquoi l’Inde a misé sur la France pour son moteur d’avion de guerre… et pas sur les États-Unis ou le Royaume-Uni ? Depuis les années 1980, l’Inde rêve de voler …

La France bat l’Angleterre sur le fil et décroche un contrat de 6,7 milliards d’euros pour développer le moteur du futur avion de combat de 6e génération de l’Inde

Pourquoi l’Inde a misé sur la France pour son moteur d’avion de guerre… et pas sur les États-Unis ou le Royaume-Uni ?

Depuis les années 1980, l’Inde rêve de voler de ses propres ailes. Pas seulement au sens figuré. Elle rêve de concevoir ses propres avions de combat, de maîtriser chaque écrou, chaque turbine, chaque aile.
Mais il y a un mur. Ce mur, c’est le moteur et la France pourrait bien l’aider à le franchir !

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Chaque fois qu’un projet local se met en route, il achoppe sur la propulsion. Le programme Kaveri, lancé en 1986, devait doter les chasseurs indiens d’un cœur national. Trente ans plus tard, il est toujours incapable de fournir la poussée nécessaire. Résultat : les avions indiens sont tous équipés de moteurs étrangers. Qu’ils soient russes, français ou américains.

Ce 18 juillet 2025, l’Inde se décide à appeler la France à l’aide.

La France regarde avec beaucoup d’inquiétude la chute sans fin de son plus grand rival qui est passé de 400 navires de guerre en 1945 à seulement 62 en 2025

Un moteur et 6,7 milliards d’euros sur la table

Le chiffre est aussi massif que le défi : 6,7 milliards d’euros. C’est le coût estimé du partenariat signé avec la France. Objectif : concevoir un moteur de 120 kilonewtons, assez puissant pour propulser le futur avion de combat indien, le AMCA (Advanced Medium Combat Aircraft). Ce chasseur furtif, taillé pour les décennies à venir, doit entrer en service en 2035.

Tout est déjà calé :

  • 2027 : cinq prototypes de moteurs.
  • 2028 : premier vol de l’AMCA.
  • 2032 : certification finale.
  • 2035 : production en série.

Ce calendrier est ambitieux, presque risqué mais pour les Indiens, il est vital. Car dans les guerres de demain, celui qui n’a pas ses moteurs dépend des autres.

Pourquoi la France a coiffé les Anglais au poteau

Ils étaient deux en lice. D’un côté, les Britanniques de Rolls-Royce, avec leur expérience centenaire. De l’autre, Safran, le motoriste français. Les deux ont présenté leur technologie, leurs usines, leurs délais.
Mais Safran a offert plus que du métal et des plans. Il a offert de transmettre.

C’est là que tout s’est joué : le transfert de technologies. La France a accepté de partager avec l’Inde les secrets les plus sensibles : la métallurgie des aubes chaudes, le perçage laser, les simulations thermiques à haute pression. Des savoir-faire que même les États-Unis hésitent à livrer.

Ce geste n’est pas anodin. Il implique de faire confiance. De former. D’ouvrir ses laboratoires. C’est ce qui a convaincu les décideurs indiens. Pas seulement le moteur. Le chemin pour y arriver ensemble.

Une dépendance que l’Inde veut briser

Depuis des années, l’Inde tente d’obtenir des licences de production locale. Les négociations avec General Electric, pour produire le moteur GE 414 INS6, sont longues, complexes. Washington reste frileux. Il craint de voir certaines technologies sensibles se disséminer.

Pendant ce temps, le coût de maintien en condition opérationnelle des moteurs étrangers explose. Chaque pièce détachée, chaque mise à jour logicielle, chaque opération de maintenance est facturée. Et la facture grimpe.

Avec Safran, les Indiens espèrent mettre fin à cette dépendance. Non pas en copiant, mais en comprenant. En produisant localement. En devenant, eux aussi, un pays capable de concevoir un turboréacteur militaire de A à Z.

Le pari stratégique derrière les chiffres

Cet accord, c’est aussi une lecture géopolitique. L’Inde se méfie de la Chine, surveille le Pakistan, observe les États-Unis. Elle veut tracer une voie propre. Le moteur franco-indien pourrait devenir le pied dans la porte d’un club très fermé.

Aujourd’hui, seuls cinq pays maîtrisent la conception d’un moteur de chasse de nouvelle génération : les États-Unis, la Russie, la Chine, la France et le Royaume-Uni. L’Inde pourrait devenir le sixième.

Safran, de son côté, consolide son implantation en Asie. Avec les Rafale déjà livrés à l’Inde, avec les pièces détachées, avec les coopérations industrielles, l’entreprise française devient un acteur incontournable dans la région.

Voici un aperçu chiffré :

Indicateur Valeur
Budget du programme moteur 6,7 milliards d’euros
Poussée visée 120 kilonewtons
Prototypes attendus 5 d’ici 2027
Appareils AMCA prévus 140 unités
Moteurs à produire (estimation) 250 à 300 unités

 

20 000 fois plus rapide que les capteurs américains, la Chine affole le Pentagone avec un capteur de missile inspiré d’un insecte étonnant

Une promesse d’avenir, si le moteur tient

Le chantier ne fait que commencer. À Gennevilliers, à Villaroche, des équipes s’activent. En Inde, des ingénieurs sont déjà en formation. Les premiers bancs d’essai seront installés dans l’État du Karnataka. Des universités sont associées. Tout un écosystème naît autour de ce projet.

C’est plus qu’un moteur. C’est un symbole. Un pari. Une promesse de puissance retrouvée, de compétence transmise, de dépendance réduite.

Les militaires indiens le savent : un avion peut être remplacé. Un moteur, non. Car sans lui, c’est toute une chaîne qui s’arrête. En choisissant la France, l’Inde ne s’offre pas juste un moteur, elle s’offre une trajectoire.

Peut-être que dans dix ans, lorsqu’un AMCA décollera sous les yeux du monde, verra-t-on dans ses entrailles battre le cœur d’un moteur né d’une alliance improbable entre les faubourgs de Paris et les ateliers de Bangalore.

Source : https://timesofindia.indiatimes.com/business/india-business/india-to-tie-up-with-france-for-next-generation-fighter-jet-engine-defence-ministry-pitches-rs-61000-crore-project-key-step-towards-self-reliance/articleshow/122756513.cms

Image : Maquette de l’AMCA

À propos de l'auteur, Guillaume Aigron