L’accostage inédit du USS Newport News à Reykjavik marque un tournant symbolique dans la stratégie américaine dans l’Arctique, réactivant les logiques de la Guerre froide face à la pression militaire russe.
Ce n’est pas qu’une escale : pour la première fois, un sous-marin à propulsion nucléaire des États-Unis jette l’ancre en Islande. En toile de fond, la recrudescence des activités russes dans l’Arctique, les infrastructures critiques sous-marines à protéger et un signal fort envoyé à l’OTAN. Reykjavik devient une pièce essentielle dans le jeu stratégique Nord-Atlantique.
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Une première qui n’a rien d’anodin
L’arrivée du USS Newport News à Reykjavik, le 9 juillet, n’est pas une formalité diplomatique. C’est le premier sous-marin nucléaire à accoster en Islande depuis que le pays a levé en 2023 son interdiction historique d’accueillir ce type de navires. L’annonce du commandement américain est claire : il s’agit d’un engagement renouvelé en faveur de la défense collective de l’Arctique.
Une région sous forte pression militaire
Depuis plusieurs années, l’Arctique attire les convoitises. Le renforcement militaire russe, notamment autour de Mourmansk et de la mer de Barents, inquiète les capitales occidentales. Des incursions fréquentes de sous-marins russes et la montée des tensions avec la Finlande nourrissent un climat d’électrisation croissante. L’accès aux détroits est devenu un enjeu stratégique.
L’Islande, pivot du GIUK Gap
Placée entre le Groenland, l’Islande et le Royaume-Uni, l’île occupe une position clé. Ce couloir maritime, surnommé le GIUK Gap, est un point de passage obligatoire pour les sous-marins russes. En surveillant ce goulot, les forces de l’OTAN peuvent intercepter dès leur sortie de la mer de Barents les vaisseaux de la Flotte du Nord.
Une armada qui veille dans l’ombre
Le USS Newport News est un sous-marin d’attaque de classe Los Angeles, conçu pour des opérations polyvalentes : écoute, suivi, attaque en profondeur. Il embarque 12 tubes verticaux capables de lancer des missiles Tomahawk à longue portée. Mais son véritable atout, c’est sa furtivité opérationnelle.
La peur des saboteurs russes
Derrière la venue du sous-marin se cache une inquiétude : les câbles sous-marins. En 2023, plusieurs incidents suspects ont affecté les lignes de communication en mer Baltique. En réaction, l’OTAN a lancé l’initiative « Baltic Sentry » pour protéger les infrastructures critiques. L’Islande, isolée mais stratégique, veut éviter de subir le même sort.
Un passé réactivé
Durant la Guerre froide, la base de Keflavik accueillait déjà des avions de chasse américains et des patrouilles maritimes P-3 Orion. Aujourd’hui, les Poseidon P-8A assurent la surveillance continue, tandis que l’OTAN garantit la défense aérienne du pays. Le retour des sous-marins américains boucle la boucle.
Une logistique précise et calculée
L’Islande devient un point d’appui opérationnel pour les forces navales. Les ports les plus proches étaient jusqu’alors en Écosse (base navale de Clyde à 1¡000 km) ou en Norvège (à 1¡450 km). Reykjavik offre une solution intermédiaire à quelques heures de transit. Elle permet notamment des changements d’équipage, une maintenance rapide et une surveillance constante.
Dates clés | Événements |
1954 | Installation de la base de Keflavik par l’USAF |
2023 | Autorisation d’accostage pour les sous-marins nucléaires |
Juillet 2025 | Arrivée du USS Newport News à Reykjavik |
Un signal stratégique assumé
Les déclarations des responsables américains ne laissent aucun doute : cette escale marque un changement d’échelle dans l’emploi des moyens navals. En renforçant leur présence dans l’Atlantique Nord, les États-Unis veulent éviter tout effet de surprise et sécuriser les communications intercontinentales. L’Islande n’est plus un simple point sur la carte.
Source : USS Newport News