La France annonce un renforcement inédit de ses frappes longue portée terrestres : la création d’un second régiment d’artillerie lance-roquettes dévoile une stratégie ambitieuse pour 2030.
Alors que les conflits modernes redonnent un rôle central à l’artillerie à longue portée, l’armée française prépare un véritable saut capacitaire. En dotant ses forces d’un second régiment de lance-roquettes multiples, Paris cherche à se hisser au niveau des standards de l’OTAN et à combler un vide critique dans son dispositif de dissuasion.
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Une capacité jugée insuffisante
La France ne dispose aujourd’hui que de neuf systèmes LRU en service actif, bien en deçà des besoins d’une armée moderne face aux menaces actuelles. Ces systèmes, dérivés des M270 américains, sont jugés obsolètes dans le cadre de conflits de haute intensité. L’annonce du général Pierre Schill prévoit le doublement de cette capacité avec un deuxième régiment d’ici 2030.
Un calendrier opérationnel précis
Objectif opérationnel | Échéance prévue |
Réactivation et maintien des LRU actuels | 2025-2028 |
Formation d’un second régiment | Début 2027 |
Livraison des nouveaux systèmes | 2028-2029 |
Pleine capacité opérationnelle | 2030 |
Une enveloppe budgétaire contrainte
Le ministère des Armées a alloué 600 millions d’euros pour moderniser l’artillerie de très longue portée. Cette somme couvre l’achat de 15 à 30 lanceurs, ainsi que des munitions guidées compatibles. Plusieurs entreprises françaises, dont Thales ou Turgis & Gaillard, se positionnent pour fournir ces nouveaux moyens.
Un candidat sérieux en lice
Parmi les systèmes envisagés, le Foudre, conçu par Turgis & Gaillard, se démarque. Pensé comme un équivalent français du HIMARS américain, il intègre un système de tir numérisé, une compatibilité OTAN et une mobilité accrue. Entièrement fabriqué en France, il répond aux exigences de souveraineté industrielle.
Une doctrine en mutation
L’artillerie à longue portée redevient un pivot stratégique. L’expérience ukrainienne a démontré l’impact d’une puissance de feu mobile, précise et réactive. La France souhaite ainsi adapter sa doctrine d’engagement, en combinant précision, portée et capacité de déploiement rapide.
Un enjeu de coopération OTAN
En intégrant un second régiment moderne, la France renforce la crédibilité de sa posture dissuasive au sein de l’Alliance. Les systèmes envisagés devront pouvoir s’insérer dans des opérations interalliées, notamment à l’Est de l’Europe. Cette capacité de frappes profondes est jugée essentielle par les analystes.
Une montée en puissance humaine
Ce nouveau régiment nécessitera le recrutement de 800 artilleurs, formés aux systèmes numériques et aux nouvelles tactiques de tir. Dans un contexte de tensions sur les effectifs, cela implique une campagne ambitieuse de fidélisation des spécialistes techniques.
Vers un modèle hybride entre souveraineté et alliance
La modernisation de l’artillerie française illustre une dynamique plus large : celle d’un équilibre complexe entre autonomie stratégique et solidarité atlantique. En optant pour un système 100 % national comme le Foudre, Paris affirme sa volonté de ne plus dépendre des chaînes logistiques américaines ou des délais politiques liés aux exportations. Pourtant, ce virage souverain reste étroitement intégré aux logiques de l’OTAN, tant sur les normes de munitions que sur la coordination des frappes. La France cherche donc à construire un modèle hybride où la puissance nationale reste le socle, mais s’inscrit dans une architecture collective cohérente, capable de répondre aux conflits de haute intensité sans renoncer à son indépendance industrielle
Source : Assemblee nationale