Le vieux colosse de l’air revient… avec des missiles à Mach 5 : le B-1B s’offre une nouvelle jeunesse.
Il a le fuselage râpé, des milliers d’heures de vol au compteur, et une réputation forgée dans les années Reagan. Le B-1B Lancer, surnommé affectueusement The Bone par ses pilotes (contraction de B-One), n’avait plus franchement la cote. Trop bruyant, trop voyant, trop cher à entretenir. Certains pensaient le voir partir à la casse, remplacé par les nouveaux avions furtifs. Et pourtant. En 2025, ce vieux monstre d’acier reprend du service avec une mission inédite : porter des missiles hypersoniques capables de filer à plus de 6 000 km/h. Oui, six fois la vitesse du son. Non, ce n’est pas de la science-fiction.
À l’heure où le B-21 Raider, le successeur discret et high-tech, accumule les retards, les États-Unis n’ont pas vraiment le luxe d’attendre. Alors, plutôt que de jeter les vieilles machines, ils les transforment. Le Bone renaît. Et cette fois, il revient avec les griffes sorties.
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Le détail pourrait sembler technique. Il est en réalité fondamental : en 2026, le budget de l’US Air Force prévoit 50 millions de dollars pour équiper le B-1B de nouveaux pylônes d’emport. Leur petit nom : LAM, pour Load Adaptable Modular. En clair, ce sont des bras sous les ailes capables de tenir des charges très lourdes. On parle de deux bombes de 900 kg par pylône, ou d’un missile unique de plus de 2 200 kg. Le genre de truc qui ne pardonne pas quand ça touche.
Ces pylônes vont être montés sur six points d’ancrage qui dormaient depuis qu’on avait renoncé à faire du B-1B un porteur d’armes nucléaires. Au lieu de les oublier, on les ressuscite.
D’après Boeing, cette mise à jour pourrait augmenter de 50 % la capacité d’emport du bombardier.
Type d’armement | Charge interne | Charge avec LAM | Capacité totale |
---|---|---|---|
Missiles de croisière JASSM / LRASM | 24 | 12 | 36 |
Missiles hypersoniques ARRW | 0 | 6 | 6 |
C’est simple : avec cette configuration, le Bone deviendrait l’avion le plus lourdement armé de toute l’aviation américaine, hors ogives nucléaires. Et tout cela depuis une cellule qui a volé pour la première fois… en 1984.
Le missile qui devait mourir… et qui revient
En 2023, le missile hypersonique AGM-183A ARRW avait été rayé des tablettes : trop instable, trop coûteux, trop risqué. Mais en 2025, surprise : il ressurgit dans les lignes budgétaires. Et devinez quel avion va le tester et, peut-être, le lancer le premier ? Le B-1B, évidemment.
Ce missile, s’il est validé, pourrait frapper une cible à 1 600 kilomètres en quelques minutes, en volant à plus de Mach 5. Sa vitesse empêche toute interception classique. Ce n’est plus une munition, c’est une gifle supersonique.
L’armée américaine ne se limite pas à ça. Elle développe aussi le HACM, un autre missile hypersonique, propulsé par statoréacteur. Plus petit, plus intelligent, et pensé pour les conflits de demain.
Alors que la Chine met le paquet sur ses missiles balistiques DF-17, les États-Unis choisissent l’aviation : ils veulent des missiles lancés depuis le ciel, mobiles, imprévisibles.
Résister dans un ciel qui hurle
L’Indo-Pacifique est un cauchemar pour les avions. Radars partout, brouilleurs, missiles sol-air, chasseurs furtifs. Entrer dans cette zone, c’est comme traverser une forêt de lasers. Le B-1B, pas vraiment discret, le sait mieux que personne.
C’est pourquoi, en plus de ses nouveaux bras, il reçoit aussi de nouveaux boucliers :
- Une mise à niveau du leurre tracté ALE-50, pour détourner les radars ennemis
- Des liaisons de données modernisées, via satellite et fréquences multiples, pour continuer à communiquer même en cas de guerre électronique
- Une interface de commandement refondue, capable de coordonner des frappes multi-domaines : drones, sous-marins, satellites, tout y passe
Il ne sera jamais invisible. Mais il pourra frapper avant d’être vu. Et ça, dans une guerre moderne, ça peut suffire.
Le B-21 en panne, le Bone en renfort
Le B-21 Raider devait tout changer. Furtif, autonome, furtif (encore), il devait remplacer les B-1B, B-2 et B-52. Sauf que… Northrop Grumman a pris l’eau. Retards de livraison, inflation des coûts, fournisseurs en faillite. Le programme avance, oui, mais lentement.
Résultat : l’US Air Force conserve ses B-1B. Elle en a 42, bientôt 44 après reconstitution. Ce sont des machines usées, mais entretenues, modernisées, et surtout encore capables d’emporter plus de 36 tonnes d’armement. L’équivalent de 72 missiles Exocet pour donner une idée.
Et pour les conflits à venir, où frapper à distance deviendra une nécessité, cela reste une option crédible.
La guerre à 1 000 kilomètres
En cas de crise dans le Pacifique, aucun pilote américain n’aura envie de survoler Shanghai. Trop risqué. Trop dangereux. C’est là que le B-1B entre en jeu : il peut lancer ses missiles depuis les confins de Guam, ou même depuis l’Australie, en visant avec précision des navires ou des bases terrestres.
Ses cibles :
- Les frégates et destroyers chinois dans la mer de Chine
- Les bases aériennes militaires sur les îles artificielles
- Les dépôts logistiques ou centres de commandement à l’intérieur des terres
Il n’a pas besoin d’entrer dans la gueule du loup. Il peut mordre à distance.
Et avec 36 missiles en soute et sous les ailes, il peut saturer les défenses adverses à lui seul.
Le géant qu’on croyait dépassé
Le B-1B, ce n’est pas juste un vieil avion bricolé pour tenir encore cinq ans. C’est un monstre en train de muer. Un dinosaure devenu dragon. Il incarne une vision très américaine de la guerre : on ne jette pas une arme qui fonctionne. On l’améliore. On la renforce. Et on la recycle pour l’avenir.
Dans l’arsenal mondial, peu d’avions peuvent se vanter d’avoir été inutiles, puis nucléaires, puis conventionnels, puis hypersoniques. Le Bone, lui, coche toutes les cases.
Et pendant que les nouveaux prototypes se cherchent, lui est prêt. Chargé, armé, modernisé. À l’arrière-plan des grandes cérémonies d’inauguration, il attend, silencieux, au bout d’un tarmac du Nevada. Il ne fait plus la une. Mais s’il le faut, c’est lui qui portera le premier feu de la prochaine guerre.
Caractéristiques du B-1B
Caractéristiques générales du B-1B Lancer | |
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Fonction principale | Bombardier lourd multi-rôle à long rayon d’action |
Contractants | Boeing, North America (ex-Rockwell International, North American Aircraft) ; Avionique offensive : Boeing Military Airplane ; Avionique défensive : EDO Corporation |
Motorisation | 4 turboréacteurs General Electric F101-GE-102 avec postcombustion |
Poussée | Plus de 13 600 kg (30 000 livres) par moteur avec postcombustion |
Envergure | 41,8 mètres (137 pieds) ailes étendues ; 24,1 mètres (79 pieds) ailes repliées |
Longueur | 44,5 mètres (146 pieds) |
Hauteur | 10,4 mètres (34 pieds) |
Poids à vide | Environ 86 183 kg (190 000 livres) |
Masse maximale au décollage | 216 634 kg (477 000 livres) |
Capacité en carburant | 120 326 kg (265 274 livres) |
Charge utile | 34 019 kg (75 000 livres) |
Vitesse maximale | Plus de 1 450 km/h (Mach 1,2 au niveau de la mer) |
Rayon d’action | Intercontinental |
Plafond | Plus de 9 144 mètres (30 000 pieds) |
Armement |
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Équipage | 4 personnes : commandant de bord, copilote, 2 officiers systèmes d’armes |
Coût unitaire | 271 millions d’euros (317 millions de dollars) |
Entrée en service opérationnel | Octobre 1986 |
Inventaire | Force active : 62 (dont 2 en test) ; Garde nationale et Réserve : 0 |
Source :https://www.af.mil/About-Us/Fact-Sheets/Display/Article/104500/b-1b-lancer