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L’Inde fait une démonstration de force avec un nouveau missile high-tech pour la guerre sous-marine

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Guillaume Aigron

Guillaume Aigron

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L’Inde tire une roquette sous-marine qui change la donne : l’ERASR entre en scène. Une silhouette discrète fend les eaux chaudes de l’océan Indien. À son bord, une arme silencieuse …

Le plus grand rival de la Chine fait une démonstration de force avec un nouveau missile high-tech pour la guerre sous-marine

L’Inde tire une roquette sous-marine qui change la donne : l’ERASR entre en scène.

Une silhouette discrète fend les eaux chaudes de l’océan Indien. À son bord, une arme silencieuse vient de prouver qu’elle pouvait changer le visage de la guerre navale. Entre le 23 juin et le 7 juillet 2025, la marine indienne a testé avec succès l’ERASR, une roquette anti-sous-marine à longue portée développée sur son propre sol. Et c’est depuis l’INS Kavaratti, corvette furtive taillée pour la chasse en profondeur, que cette démonstration de force s’est déroulée.

L’annonce officielle est tombée le 8 juillet. L’Inde affirme désormais pouvoir frapper, avec une précision chirurgicale, des sous-marins ennemis bien au-delà des distances habituelles. Voici comment une roquette indienne fait basculer l’équilibre sous les vagues.

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C’est à bord de l’INS Kavaratti, unité de la classe Kamorta, que les essais ont été réalisés. Ce bâtiment de 110 mètres pour environ 3 300 tonnes en charge est l’un des plus modernes de la marine indienne. Il a été conçu dans le cadre du projet 28, dédié à la guerre anti-sous-marine.

Doté de sonars embarqués, de lance-torpilles, de systèmes de leurres et d’un Indigenous Rocket Launcher (IRL), le Kavaratti est un chasseur silencieux. Il opère aussi bien dans les eaux littorales que hauturières. Sa signature radar réduite et sa maniabilité élevée en font une plateforme idéale pour les tests exigeants de la nouvelle arme.

Au total, 17 roquettes ERASR ont été tirées durant plusieurs phases, à des distances variées. Chaque tir visait à valider les performances de portée, de précision, de déclenchement de la fusée électronique (Electronic Time Fuze) et d’efficacité de la charge militaire. Tous les objectifs ont été atteints.

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Une portée allongée pour des proies plus profondes

L’ERASR — pour Extended Range Anti-Submarine Rocket — n’est pas une simple évolution. C’est un changement de paradigme. Là où les roquettes classiques de lutte anti-sous-marine étaient limitées à quelques kilomètres, l’ERASR double, voire triple cette portée, grâce à sa configuration bimoteur.

Son autre atout, plus subtil, réside dans son système de détonation programmable. En fonction de la profondeur estimée du sous-marin ennemi, le capteur électronique déclenche l’explosion à l’instant optimal. Ce qui augmente drastiquement les chances de destruction contre des cibles furtives, mobiles et profondes.

L’arme est conçue pour s’intégrer sans modification dans les lanceurs IRL existants, ce qui permet une mise en service rapide sur l’ensemble des corvettes et frégates du pays.

Une autonomie industrielle renforcée

La fabrication de l’ERASR sera assurée par Bharat Dynamics Limited à Hyderabad et Solar Defence & Aerospace Limited à Nagpur. Deux fleurons de l’industrie militaire indienne, chargés de matérialiser la volonté politique de produire localement des armements de pointe.

Ce tir réussi est donc autant un événement technologique qu’un jalon politique : il confirme la montée en gamme de l’industrie nationale dans le domaine naval. Le ministre de la Défense, Rajnath Singh, s’est d’ailleurs empressé de féliciter l’ensemble des équipes, du DRDO (l’équivalent indien de la DGA) aux marins et aux partenaires industriels.

Selon le président du DRDO, Dr Samir V. Kamat, l’ERASR prouve qu’un cycle complet — de la conception à la validation opérationnelle — peut désormais être assuré sans dépendre de fournisseurs étrangers.

Un arsenal discret mais dissuasif

Avec cette roquette, la marine indienne renforce sa défense en profondeur. L’ERASR s’intègre dans une stratégie à plusieurs couches, combinant sonar, drones sous-marins, torpilles légères et missiles embarqués.

Voici un aperçu des principales caractéristiques connues de l’arme :

Paramètre Valeur estimée
Nom ERASR (Extended Range Anti-Submarine Rocket)
Portée Jusqu’à 8 à 12 kilomètres
Guidage Détonation à temps programmé
Propulsion Deux moteurs-fusées
Compatibilité Lanceurs IRL existants
Producteurs BDL Hyderabad / Solar Defence Nagpur

Cet outil est particulièrement utile dans les zones de tension sous-marine croissantes, comme le golfe du Bengale ou l’entrée du détroit de Malacca. Là où des sous-marins chinois ou pakistanais pourraient chercher à se faufiler, l’ERASR offre une capacité de frappe immédiate, sans intervention aérienne.

Une marine qui s’arme sans bruit

L’Inde ne se limite pas à cette roquette. Sa marine connaît une modernisation rapide, avec de nouvelles frégates de classe Nilgiri, le développement du sous-marin nucléaire SSBN Arighat, et une relance du programme de drones de surface. En 2025, le budget alloué à la marine dépasse 7 milliards d’euros, une progression marquée depuis 2020.

Cette montée en puissance s’inscrit dans une ambition géostratégique claire : devenir la première force navale de l’océan Indien, capable de contenir les ambitions navales chinoises et de répondre aux incursions pakistanaises.

Le développement d’armes comme l’ERASR, capables d’intervenir sans provoquer, incarne cette doctrine : frapper sous l’eau, sans éclats, avec précision.

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Une guerre sous-marine en pleine mutation

La mer, jadis royaume des porte-avions et des frégates, est en train de redevenir le théâtre des armes invisibles. Mines navales, drones subaquatiques, sous-marins nucléaires ou autonomes… Et désormais, roquettes intelligentes capables de cibler l’invisible.

En testant et en validant l’ERASR, l’Inde vient de franchir une étape silencieuse mais déterminante. Elle ne crie pas victoire. Elle ne menace personne. Elle écoute, elle détecte, et elle frappe avant qu’on ne la voie venir.

Source : https://www.pib.gov.in/PressReleasePage.aspx?PRID=2143225

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