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La France craint la montée en flèche de la puissance militaire de ce pays qui met en péril son hégémonie en Méditerranée avec son nouveau laser high-tech

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Guillaume Aigron

Guillaume Aigron

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Laser turc contre missiles : la guerre aérienne passe à la vitesse de la lumière. Un avion vole à basse altitude. Un missile infrarouge est tiré, il fonce puis soudain, …

Ce pays dont la puissance militaire monte en flèche veut intégrer un laser high-tech sur son futur avion de 5e génération KAAN

Laser turc contre missiles : la guerre aérienne passe à la vitesse de la lumière.

Un avion vole à basse altitude. Un missile infrarouge est tiré, il fonce puis soudain, il dévie. Un faisceau invisible vient de l’aveugler. Ce n’est ni de la science-fiction ni une séquence de Top Gun, mais un test réel réalisé par la Turquie en juillet 2025. Le pays vient de démontrer qu’un chasseur peut aujourd’hui détruire un missile… avec un laser.

L’YILDIRIM-100 a été mis au point par Aselsan, il annonce une révolution dans la protection aérienne. Voici comment un laser made in Turkey pourrait bientôt s’inviter dans les cockpits des avions de chasse les plus modernes !

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L’YILDIRIM-100, une tourelle autonome qui détecte et neutralise les missiles ennemis à coup de laser

L’YILDIRIM-100 est ce que les ingénieurs appellent un système DIRCM : Directed InfraRed Counter Measure. Son rôle ? Identifier automatiquement un missile à tête chercheuse thermique, le suivre en vol, et le neutraliser avant qu’il n’atteigne sa cible. Le tout, en quelques secondes.

Lors des essais, diffusés par Aselsan, le système a repéré plusieurs menaces entrantes, déclenché un suivi automatique, puis dirigé un faisceau laser multibande sur les têtes de guidage des missiles. Résultat : les projectiles ont tous dévié de leur trajectoire, incapables de poursuivre leur cible.

Le système offre une couverture hémisphérique à 360 degrés et peut traiter plusieurs missiles simultanément. Il repose sur deux composants principaux :

  • Une tourelle double tête : capteur rapide + laser de puissance
  • Une unité de contrôle électronique couplée aux alertes infrarouges et ultraviolettes de l’avion

Le tout intégré à l’architecture de bord, avec un poids et une consommation énergétique réduits, ce qui le rend compatible avec les avions actuels comme avec les futurs chasseurs.

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Une réponse à la prolifération des MANPADS

Depuis quelques années, les conflits asymétriques ont vu émerger une menace bien particulière : les MANPADS, ces missiles sol-air portables que des groupes non étatiques ou terroristes utilisent pour viser des hélicoptères, des drones ou même des avions de ligne.

Dans ce contexte, les contre-mesures classiques, comme les leurres thermiques, montrent leurs limites. Les missiles modernes apprennent à ignorer ces diversions. Les systèmes DIRCM comme YILDIRIM-100 deviennent alors l’unique défense fiable pour les appareils opérant à basse ou moyenne altitude.

Le fait de neutraliser la menace avant même l’impact, sans explosif, sans bruit, ouvre un nouveau chapitre de la guerre électronique embarquée.

Une version encore plus ambitieuse pour le futur chasseur turc

Aselsan ne s’arrête pas là. Une version évoluée, baptisée YILDIRIM-300, est déjà en développement. Elle sera spécialement conçue pour être intégrée dans le KAAN, le futur chasseur turc de 5ᵉ génération.

Le KAAN, développé par Turkish Aerospace Industries (TAI), ambitionne d’entrer en production au début des années 2030. Il combinera furtivité, guerre en réseau, armement interne et capacités d’attaque air-sol ou air-air avancées.

Si le YILDIRIM-300 est effectivement intégré, le KAAN deviendra le deuxième avion de chasse au monde doté d’un système DIRCM, après le Su-57 Felon russe.

Ce couplage d’un chasseur de nouvelle génération avec une contre-mesure native marque une rupture stratégique : la Turquie veut non seulement concevoir ses plateformes, mais aussi leurs protections, en totale autonomie.

Une architecture pensée pour l’OTAN et l’export

Aselsan a soigné la compatibilité du YILDIRIM-100. Il s’agit d’un système à interface ouverte, compatible avec les alertes missiles des standards de l’OTAN. Cela signifie que le système peut être intégré aussi bien sur un drone MALE, un hélicoptère d’attaque ou un avion cargo.

Voici un tableau récapitulatif de ses principales caractéristiques :

Paramètre Valeur
Nom YILDIRIM-100
Type DIRCM (contre-mesure infrarouge dirigée)
Mode de fonctionnement Autonome et temps réel
Zone de couverture 360° (hémisphérique)
Composants Tourelle double, capteurs IR/UV, laser multibande
Consommation Faible (optimisée pour avionique)

Grâce à cette modularité, Ankara vise non seulement l’intégration sur ses propres aéronefs, mais aussi l’export vers des partenaires stratégiques.

L’émergence d’une doctrine turque d’autodéfense aérienne

Ce laser, aussi discret que dangereux pour les missiles, s’inscrit dans une tendance plus large : la militarisation autonome des programmes aériens turcs. Le pays cherche à se libérer des dépendances, notamment américaines, après des épisodes de tensions (notamment autour des F-35).

En développant une contre-mesure aussi sophistiquée que le YILDIRIM, la Turquie montre qu’elle ne veut plus seulement acheter des avions : elle veut construire, intégrer, protéger, vendre.

L’initiative reflète une stratégie en trois volets :

  1. Indépendance technologique sur les composants critiques
  2. Souveraineté opérationnelle sur les plateformes de combat
  3. Compétitivité export sur les marchés émergents

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Une armée turque en pleine accélération stratégique

En arrière-plan de ce test laser spectaculaire, c’est toute l’ascension méthodique de l’armée turque qui se dessine. Ankara ne se contente plus de moderniser ses équipements : elle reconstruit une architecture de défense complète, à l’échelle nationale. En une décennie, la Turquie est passée du statut d’importatrice partielle à celui de puissance productrice intégrée. Drones TB2 devenus références mondiales, frégates de type Istanboul, chars Altay, satellites espions Göktürk, missiles à longue portée : la liste s’allonge chaque année.

En 2024, les dépenses militaires turques ont dépassé 25 milliards d’euros, marquant une hausse de plus de 60 % en dix ans. Derrière cette ambition, un objectif : gagner en autonomie, peser en Méditerranée orientale, et asseoir une capacité d’intervention régionale permanente, du Caucase à la Libye. Le laser du YILDIRIM n’est qu’un faisceau parmi d’autres dans une armée qui, désormais, conçoit, frappe et surveille sans demander la permission.

Et pendant ce temps, la France ? Forte d’un budget de défense bien supérieur (plus de 47 milliards d’euros en 2025), d’une dissuasion nucléaire et d’une projection mondiale, elle reste une puissance militaire globale. Mais sa posture méditerranéenne s’essouffle : présence navale sous tension, partenariats ambigus, et dépendance européenne croissante. Là où Paris privilégie la stabilité multilatérale, Ankara agit, souvent seule, en puissance tactique régionale. En somme, la France regarde l’équilibre ; la Turquie le redessine.

Peut-elle devenir la force dominante autour de la Méditerranée ? Si la dynamique se poursuit, rien ne l’empêche. Avec une industrie de défense bouillonnante, une diplomatie musclée et des forces déployables du Golfe de Syrte au Haut-Karabagh, la Turquie construit un arc d’influence inédit. Reste à savoir si cette montée en puissance sera durable ou si elle se heurtera à ses propres limites économiques, diplomatiques, ou internes. Pour l’instant, elle avance. Et vite.

Source : https://wwwcdn.aselsan.com/api/file/YILDIRIM-100_ENG.pdf

Image : Premier prototype du TF-X (retouché avec un laser ajouté via Canva à des fins d’illustration).

À propos de l'auteur, Guillaume Aigron