Un tank mystérieux est apparu en pleine ville chinoise, mais derrière son look soviétique se cache une stratégie redoutable : séduire les armées pauvres avec une machine de guerre chinoise à bas coût.
Une scène banale dans les rues de Baotou, en Mongolie-Intérieure, a suffi à affoler les réseaux sociaux. Un convoi militaire a été filmé, mais ce n’est pas la présence de blindés qui a surpris : c’est leur allure. Un char jamais vu, à la silhouette familière mais aux lignes tranchées, bardé de capteurs et de blindage, a révélé un nouveau projet stratégique de Pékin. Non, ce n’est pas un char russe. C’est une refonte chinoise d’un vieux T-72, pensée pour équiper les guerres du futur… à petit prix.
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Une carcasse soviétique remise au goût du jour
Le châssis, c’est bien celui d’un T-72, ce char soviétique des années 1970 exporté à des dizaines de pays. Mais la tourelle, elle, raconte une autre histoire. On y voit des blocs de blindage explosif FY-2, une station d’armement téléopérée moderne, et une électronique que Moscou ne reconnaîtrait pas. Le tout semble sorti d’un jeu vidéo futuriste. Pékin a donc pris l’ossature d’un T-72 et l’a transformée en un engin presque méconnaissable.
La main de Norinco derrière la mutation
Ce n’est pas un hasard si ce blindé circule déjà sur le sol chinois. Il porte la signature de Norinco, le grand fabricant d’armement de Pékin. Mais l’armée chinoise n’en veut pas : ce char est conçu pour l’exportation. L’idée est simple et brillante : proposer un blindé moderne à moindre coût, destiné aux pays d’Afrique, d’Asie ou du Moyen-Orient qui ne peuvent pas se payer un Leopard 2 ou un T-90M flambant neuf. On appelle ça un compromis… très rentable.
Des airs de Russie, une âme chinoise
Le camouflage, les lignes du blindé, tout pourrait laisser croire à un char russe. Mais les systèmes embarqués sont bien chinois : viseurs thermiques, conduite de tir numérisée, téléopération du tourelleau, et des munitions locales. On y retrouve même quelques composants dérivés du VT-4, le char chinois vedette à l’export. Ce T-72 modernisé devient une alternative crédible pour les armées sous embargo ou à budget restreint.
Un marché mondial en demande urgente
Depuis le début des guerres en Ukraine, au Sahel ou au Proche-Orient, la demande pour des chars résilients mais accessibles explose. Les armées ont besoin de véhicules capables d’encaisser les attaques de drones kamikazes, les embuscades RPG ou les frappes surprises. Ce nouveau modèle chinois répond à tous ces critères sans faire exploser les finances.
Des limites techniques assumées
Ce tank reste malgré tout un compromis. Le blindage réactif FY-2 augmente la protection contre les charges creuses mais reste inférieur aux blindages composites occidentaux. Le moteur diesel de 1 000 chevaux est efficace, mais en deçà des standards actuels. Enfin, en réutilisant un vieux châssis de T-72, certaines failles structurelles persistent, comme la vulnérabilité aux mines ou aux attaques latérales. C’est un blindé entre deux mondes : plus performant qu’un T-72 d’origine, mais encore loin des meilleurs chars du moment.
Une arme de géopolitique, pas seulement de guerre
Ce char est aussi une carte diplomatique. En le proposant à des pays sous embargo ou éloignés des circuits de l’OTAN, la Chine étend son influence. Elle s’impose comme le fournisseur officiel des puissances non-alignées, sans demander de comptes ni imposer de conditions politiques. Ce T-72 revu et corrigé devient un levier de soft power bien plus redoutable qu’il n’y paraît.
Ce que ce blindé a vraiment dans le ventre
Voici un tableau récapitulatif des spécifications estimées de ce char modernisé :
Caractéristiques | Valeur approximative |
Poids total | 45 000 kg |
Vitesse maximale | 60 km/h |
Autonomie | 500 km |
Canon principal | 125 mm |
Munitions | APFSDS, HEAT, HE |
Blindage | ERA FY-2 |
Motorisation | Diesel 1 000 ch |
L’art de faire mieux avec moins
Plutôt que concevoir un nouveau char, la Chine a choisi une stratégie d’optimisation. En modernisant des plateformes existantes comme le T-72, elle réduit les coûts et accélère la livraison. Une philosophie à l’opposé des programmes occidentaux, souvent hors de prix pour les clients du Sud global. Ce choix pragmatique pourrait bien redessiner l’équilibre militaire dans plusieurs régions du monde.
Source : Weibo