Needlefish : le drone marin secret qui pourrait révolutionner la guerre en mer.
Il a été conçu dans le plus grand secret, testé loin des regards, et dévoilé à des milliers de kilomètres de l’Europe.
Le « Needlefish », un bateau autonome à grande vitesse, a été officiellement présenté par la société Ocean Infinity.
Il pourrait bien annoncer une nouvelle ère : celle des patrouilleurs sans équipage, hyperconnectés, silencieux… et invisibles.
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Un nouveau concept de drone développé par Ocean Infinity
Le rideau est tombé au Koweït, un mercredi de juillet 2025. Sans teasing, sans annonce tapageuse, le Needlefish a été dévoilé en présence de la Garde côtière koweïtienne, premier client officiel du programme. Deux unités de 14 mètres ont été livrées, accompagnées de stations de contrôle à distance sur la terre ferme.
Ocean Infinity, une entreprise britannique, est à l’origine du projet Elle est surtout connue pour ses missions de recherche sous-marine à haute valeur ajoutée. Mais depuis quelques années, ses ingénieurs travaillaient en parallèle sur un projet classé : un navire de surface sans équipage, capable de filer à 75 km/h, bardé de capteurs, et totalement intégré à un réseau de surveillance maritime en temps réel.
Le Koweït, qui surveille une zone côtière de 11 000 km², cherchait un moyen de sécuriser ses eaux territoriales sans multiplier les navires habités. Le Needlefish s’est présenté comme la solution rêvée : rapide, autonome, modulaire et pilotable à distance.
Un catamaran discret… et redoutable
Le Needlefish ou « poisson-aiguille » en bon français, est effilé, bas sur l’eau, presque furtif. Sa coque catamaran lui offre une grande stabilité à haute vitesse et dans les eaux peu profondes. Propulsé par des jets, il peut atteindre les 40 nœuds, soit environ 74 km/h.
Voici ses principales caractéristiques :
Élément | Valeur |
Longueur | 14 mètres |
Largeur | 3,5 mètres (estimée) |
Vitesse maximale | 40 nœuds (74 km/h) |
Propulsion | Jets marins |
Capacité de mission | Surveillance, cartographie, patrouille |
Autonomie | Plusieurs jours en mer sans retour |
Commandement | À distance depuis un centre terrestre |
À bord, aucun humain. Juste une cargaison de capteurs : radars, caméras thermiques, antennes de détection passive, systèmes de communication satellitaire. Le tout fonctionne de manière autonome ou semi-autonome, avec des opérateurs pouvant prendre le relais à distance.
Un œil flottant dans un réseau tentaculaire
Le Needlefish est un des éléments d’un réseau de surveillance maritime développé par SRT Marine Systems, une entreprise britannique spécialisée dans l’intégration électronique navale.
Baptisé SRT C5iSR, ce système relie en temps réel :
- Des radars côtiers,
- Des stations de détection portuaire,
- Des capteurs satellites,
- Et désormais, des navires autonomes comme le Needlefish.
Chaque drone marin devient ainsi un nœud mobile dans une architecture distribuée. Il capte des données, les traite à bord grâce à des algorithmes embarqués, et les transmet en direct aux centres de commandement. Le tout sans intervention humaine immédiate, sauf cas critique.
Dans ce modèle, le Needlefish joue un rôle d’éclaireur, de patrouilleur, parfois même de leurre. Il peut surveiller une zone à haut risque, là où un navire habité serait exposé.
Des ambitions clairement affichées
Ocean Infinity n’en est pas à son coup d’essai. Depuis 2019, la société gère la plus grande flotte active de drones de surface (USV) et de drones sous-marins (UUV) au monde. Elle a mené des missions dans l’Arctique, au large de l’Australie ou sur des épaves militaires classifiées.
Avec le Needlefish, elle passe à une autre échelle : la défense active des côtes, en environnement hostile.
Le PDG d’Ocean Infinity, Oliver Plunkett, l’a résumé ainsi lors de la présentation :
« Ce programme est une étape majeure. Nous appliquons notre savoir-faire opérationnel à des marchés de plus en plus complexes, au moment où ces technologies deviennent indispensables. »
Le Koweït en éclaireur… l’Europe en attente
Le contrat avec le Koweït n’est qu’un début. D’autres pays du Golfe sont en discussion, notamment Oman et les Émirats arabes unis. En Méditerranée, des contacts existeraient déjà avec la Grèce, l’Italie et Malte. Et côté français, la Marine nationale observe attentivement.
La question est simple : un drone marin capable de patrouiller 24h/24, sans fatigue, avec des coûts d’entretien réduits, peut-il remplacer une partie des missions humaines ?
Côté chiffres, le Needlefish coûterait entre 2 et 4 millions d’euros l’unité, selon les équipements embarqués. C’est moins qu’un patrouilleur côtier classique… Et beaucoup moins risqué pour les équipages.
Dans un contexte de tensions croissantes en mer Noire, en mer Rouge, les enjeux de surveillance côtière s’intensifient. Et ce genre de technologie pourrait changer la donne dans les dix prochaines années.
Vers un nouveau standard de guerre navale ?
Le Needlefish ne tire pas, n’emporte pas de missile mais il voit, entend, suit, traque de manière autonome, dans des zones sensibles, de jour comme de nuit.
Ce genre de plateforme pourrait, à terme, être équipée de charges non létales (grenades fumigènes, balises GPS), voire de systèmes d’attaque légers. Il pourrait aussi escorter des convois, tracer des routes sûres ou simuler des signatures pour brouiller l’ennemi.
En intégrant les Needlefish à un réseau global, Ocean Infinity propose une stratégie asymétrique, low-cost, haute technologie. Exactement ce que recherchent les armées modernes.
La guerre navale du futur ne se jouera peut-être pas entre frégates. Elle se jouera peut-être entre flottes invisibles de drones, mutiques mais connectés, qui quadrillent les mers sans jamais accoster.
Source Ocean Infinity