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Le Royaume-Uni dévoile le projet le plus titanesque de son histoire : construire 1 sous-marin tous les 18 mois

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Said LARIBI

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Le Royaume-Uni prévoit de déployer 12 nouveaux sous-marins nucléaires d’attaque dans les décennies à venir, mais son rythme de production actuel laisse planer un doute sur la faisabilité de cette …

Le Royaume-Uni dévoile le projet le plus titanesque de son histoire : construire 1 sous-marin tous les 18 mois

Le Royaume-Uni prévoit de déployer 12 nouveaux sous-marins nucléaires d’attaque dans les décennies à venir, mais son rythme de production actuel laisse planer un doute sur la faisabilité de cette opération titanesque.

Construire un engin de 9 000 tonnes tous les 18 mois relève plus du rêve industriel que de la réalité. Pourtant, c’est le pari que fait Londres en prévoyant une nouvelle génération de sous-marins, les SSN-AUKUS, pour remplacer sa flotte vieillissante. Surnommés « classe Fantasy » par les sceptiques, ces nouveaux sous-marins devront succéder aux Astute d’ici 2040.

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Une cadence de production jamais vue

Le Royaume-Uni annonce vouloir produire 12 nouveaux sous-marins d’ici les années 2060. En théorie, cela signifie un lancement tous les 18 mois, soit sept fois plus rapide que la cadence actuelle d’un Astute. En réalité, chaque Astute a pris entre 9 et 12 ans à construire. Le tableau ci-dessous montre les délais moyens observés :

Nom du sous-marin Durée de construction estimée
HMS Ambush 9 ans et 5 mois
HMS Agamemnon 12 ans et 6 mois
Moyenne générale Environ 10 ans 8 mois

Avec ce rythme, 39 ans seraient nécessaires pour atteindre les 12 exemplaires.

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Une industrie sous pression maximale

Le site de Barrow-in-Furness est le seul au Royaume-Uni capable de construire ces navires. Il abrite le gigantesque Devonshire Dock Hall (DDH), long de 260 m et large de 58 m. Or, il est déjà saturé par la production des sous-marins nucléaires stratégiques Dreadnought, destinés à remplacer les Vanguard. Actuellement, quatre submersibles sont en construction simultanée. Sans extension majeure, impossible d’accélérer le rythme.

Des coûts à neuf zéros

Le financement est un autre sujet brûlant. Construire 12 SSN-AUKUS reviendrait à plusieurs dizaines de milliards d’euros. Et pourtant, aucune ligne budgétaire précise n’a été annoncée. Le programme Dreadnought à lui seul avoisine 40 milliards d’euros. Il est donc raisonnable d’estimer un budget similaire pour la nouvelle flotte d’attaque.

Le HMS Anson quitte Barrow-in-Furness en 2023
Le HMS Anson quitte Barrow-in-Furness en 2023. Crédit : Ministère de la Défense britannique/Colombie.

Une doctrine encore floue

Au-delà de la technique, il faut aussi penser au personnel. Chaque sous-marin nécessite environ 380 membres d’équipage. Or, le Royaume-Uni peine déjà à recruter pour sa flotte actuelle. S’ajoutent les enjeux de doctrine navale : à quoi serviront exactement ces nouveaux sous-marins ? Face à quelle menace ? Avec quelle coordination OTAN ou AUKUS ?

La tentation australienne

Le Royaume-Uni collabore avec l’Australie sur les plateformes AUKUS. Ce partenariat pourrait éventuellement permettre de mutualiser les outils industriels, voire de produire certains modules en dehors de Barrow. Mais aucune infrastructure australienne n’est encore opérationnelle pour accueillir ce type de production lourde, et les retards s’accumulent à Canberra.

Trois SNA Astute en construction au sein du DDH
Trois SNA Astute en construction au sein du DDH. Crédit : BAE Systems

Une modernisation obligatoire

La première unité de la classe Astute, le HMS Astute, a été mise en service en 2010. Or, la durée de vie moyenne d’un tel vaisseau est d’environ 30 ans. Cela signifie qu’en 2040, il faudra un successeur opérationnel. Si la première unité de la classe Fantasy n’est pas lancée avant 2029, ce remplacement sera compromis.

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Des solutions hypothétiques

Plusieurs options sont envisagées :

  • Extension ou dédoublement de l’usine de Barrow
  • Réutilisation du site de Rosyth, où les porte-avions ont été assemblés
  • Ouverture d’un second site de production nucléaire

Mais ces hypothèses restent sans calendrier clair. Or, sans nouvelles capacités industrielles, la cadence espérée est totalement illusoire.

Source : Royal Navy

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