Ce blindé sans pilote, armé d’un missile de longue portée franco-européen, vient de réussir ses premiers tirs en situation réelle. L’Europe passe à la vitesse supérieure en matière de guerre autonome.
C’est en pleine coopération européenne que s’est joué un tournant discret mais décisif. Le Type-X, véhicule de combat sans équipage conçu par l’Estonien Milrem Robotics, a effectué des tirs réels de missiles Akeron LP. Objectif : démontrer que l’Europe peut désormais frapper avec précision des cibles situées à plus de 8 km, sans intervention directe d’un soldat. Avec ce système modulaire, furtif, autonome et 100 % contrôlé par des acteurs européens, c’est une vraie rupture qui se profile.
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Une frappe au-delà du champ de vision
Derrière cette démonstration technique se cache un saut capacitaire pour les armées du Vieux Continent. Grâce au missile Akeron LP monté sur une tourelle intelligente, le Type-X peut neutraliser une menace sans jamais l’avoir en visuel. Cette capacité dite « BLOS » (Beyond Line of Sight) repose sur un ciblage à distance par drone, capteurs déportés ou opérateur. Ce qui change tout : une force terrestre peut désormais traiter une menace située à plus de 8 km sans s’exposer.
Un robot de combat à l’européenne
Le Type-X n’est pas un gadget. Ce véhicule blindé sans pilote pèse 12,5 tonnes, atteint 80 km/h sur route et peut transporter jusqu’à 5 tonnes de charge utile. Il est pensé pour accompagner les chars et véhicules d’infanterie, en prenant les missions les plus risquées : reconnaissance, appui-feu, harcèlement. Il grimpe des pentes de 60 %, franchit 1 mètred’obstacle et résiste aux menaces balistiques jusqu’au niveau 4 STANAG.
Une coopération tactique transfrontalière
Ce test réussi est issu du programme MARSEUS, financé par le Fonds européen de défense à hauteur de 25 millions d’euros. Quinze partenaires y participent : MBDA France, Arquus, BAE Systems Hägglunds, John Cockerill, Saab Dynamics, FN Herstal, Novadem… Tous œuvrent à créer une architecture modulaire, réutilisable sur différents véhicules. Objectif : une frappe de précision européenne sans dépendance étrangère.
Étapes clés du programme MARSEUS | Dates |
Lancement officiel | Décembre 2022 |
Premier tir réel du Type-X | Juillet 2025 |
Fin du programme prévue | Novembre 2025 |
Une charge utile redoutable
Le missile Akeron LP, développé par MBDA, est un bijou technologique. Il pèse entre 30 et 40 kg, traverse 1 000 mm de blindage ou 2 m de béton, et peut changer de cible en vol. Il propose plusieurs modes : tir indirect, verrouillage avant ou après lancement, possibilité d’annulation. Le tout est guidé par une liaison radio bidirectionnelle et des capteurs infrarouge, TV et laser. Sa portée dépasse les 8 km au sol et atteint 20 km en l’air.
Une guerre électronique sans émettre
Intégré dans la tourelle, le capteur RFHunter développé à Chypre permet de détecter les signaux ennemis sans jamais en émettre. C’est une capacité rare qui permet au Type-X de survivre en environnement brouillé : détection passive, traitement autonome, ciblage précis. Il peut même recevoir des coordonnées de drones ou autres capteurs pour effectuer ses frappes sans révéler sa position.
Une doctrine 100 % européenne
Au-delà de la technologie, le but est de bâtir une doctrine commune pour les armées européennes. Les systèmes BLOS sont testés dans différents scénarios : villes, forêts, terrains ouverts. Un club utilisateurs est déjà actif pour mutualiser l’expérience. Cette standardisation vise à créer une autonomie stratégique européenne, libre des contraintes américaines ou chinoises.
Vers un futur interarmées
Le Type-X, demain, pourrait être déployé aux côtés de chars Leclerc, drones NX70 ou hélicoptères Tigre. Sa modularité permet d’y intégrer aussi bien des missiles, des drones kamikazes que des canons téléopérés. Les prochaines phases incluent des essais avec l’humain dans la boucle, ou en supervision uniquement. Une évolution qui soulève des questions éthiques, mais qui semble déjà en route.
Source : Milrem Robotics