La forteresse secrète de Thales : ce centre high-tech en pleine campagne française va changer la guerre.
Ils ont choisi Cholet, une ville de 54 000 habitants au cœur du Maine-et-Loire, loin des projecteurs, mais devenue l’épicentre du futur technologique de l’armée française. Ce 27 juin 2025, un complexe inédit y a été inauguré. Derrière les murs immaculés de ce nouveau campus, un seul mot d’ordre : préparer la guerre de demain.
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Un centre technologique inauguré en grande pompe par Thales à Cholet
Il est un peu plus de dix heures lorsque les officiels franchissent les grilles du nouveau site Thales. Le Préfet du Maine-et-Loire, des parlementaires, la présidente du Conseil régional, le maire de la ville… Tous sont là pour assister à la naissance d’un colosse industriel : un centre de recherche en radiocommunications doublé d’un hub logistique ultra-moderne. Le message est clair : Cholet n’est plus un simple point sur la carte, c’est désormais une pièce maîtresse du dispositif de défense français.
Le site s’étend sur 21 hectares. À l’intérieur, un laboratoire d’idées, un atelier de haute précision et une ruche de 2 600 ingénieurs, techniciens et opérateurs qui conçoivent, testent et forment pour les conflits de demain. Le tout dans des bâtiments à énergie neutre, intégrant photovoltaïque, toitures végétalisées et 5G privée. Une première dans l’Hexagone.
Une radio pour les diriger tous
Derrière cette vitrine technologique, une ambition stratégique. Thales, acteur historique des communications militaires, veut reprendre l’avantage dans la guerre de l’onde. Dans les années 80, son PR4G a équipé plus de 50 armées dans le monde. Aujourd’hui, l’heure est à SYNAPS, une radio logicielle conçue pour survivre aux brouillages, fonctionner sans infrastructure et transmettre des données cryptées en temps réel.
Cette technologie, développée à Cholet, entre dans le cadre du plus vaste programme européen de radio logicielle. Elle vise à doter les armées françaises, mais aussi leurs alliés, d’un outil de communication capable de résister à un conflit de haute intensité. Un scénario désormais pris très au sérieux dans les états-majors européens.
Une logistique de guerre à l’ère du robot
À quelques dizaines de mètres du centre de R&D, un autre bâtiment attire l’attention. C’est le nouveau hub logistique. Construit pour sécuriser les flux de matériels sensibles, il repose sur une automatisation poussée : robots autonomes, intelligence artificielle embarquée, gestion des stocks en temps réel. Le tout connecté à un réseau 5G privé, le premier du genre sur un site militaire français.
Le but n’est pas seulement de livrer plus vite. Il s’agit de garantir, en cas de crise, une autonomie complète dans la chaîne de production et d’approvisionnement. Thales promet une traçabilité absolue de chaque composant, jusqu’au dernier condensateur.
Une carte maîtresse pour la souveraineté technologique
Dans les couloirs du site, les mots employés sont sans détour. On parle de guerre électronique, de cryptographie, de SATCOM (communications par satellite) et de capacités de détection électromagnétique. Cholet devient un laboratoire national, un centre nerveux chargé de faire avancer les pions français sur l’échiquier de la guerre numérique.
Cette transformation ne s’est pas faite seule. L’État, la Région et l’Union européenne y ont mis la main à la poche. Plusieurs millions d’euros injectés via le crédit d’impôt recherche et les fonds européens FEDER. Une stratégie assumée : soutenir un groupe français à rayonnement mondial, tout en garantissant la souveraineté des communications des forces armées.
Voici un aperçu de l’impact régional de cette implantation :
Indicateur | Valeur |
---|---|
Surface du site | 21 hectares |
Effectifs sur place | 2 600 personnes |
Recrutements depuis 5 ans | 1 000 nouveaux postes |
Fournisseurs locaux mobilisés | 320 entreprises régionales |
Coût estimé du campus | Plusieurs dizaines de millions d’euros |
Une enclave militaire connectée à son territoire
Thales n’est pas seul à Cholet. Il s’appuie sur tout un écosystème local. Petites et moyennes entreprises, sous-traitants, écoles d’ingénieurs, pôles de compétitivité : plus de 320 fournisseurs, tous situés dans les Pays de la Loire, collaborent régulièrement avec le site. Cette implantation nourrit un tissu industriel déjà dense, renforçant l’attractivité de la région pour d’autres acteurs du secteur.
D’autres sites du groupe, à Brest, Rennes, Etrelles, Nantes ou Laval, complètent le dispositif. Ensemble, ils forment un maillage industriel orienté vers la défense numérique et électronique. Thales emploie plus de 5 500 personnes dans l’ouest de la France.
Une vitrine écologique qui ne cache pas l’objectif militaire
Le nouveau site de Cholet se veut exemplaire sur le plan environnemental. Certification E4C2, bâtiment tertiaire à énergie neutre, panneaux photovoltaïques, transports doux, compensation biodiversité sur plusieurs hectares. Thales a adopté la démarche ERC – éviter, réduire, compenser – pour limiter l’impact du chantier.
Cela ne change rien à la vocation du lieu. Il s’agit bien d’un bastion de l’industrie de défense. Un outil de plus dans le cadre de la Loi de Programmation Militaire 2024–2030, qui prévoit 413 milliards d’euros pour moderniser les armées françaises. À Cholet, la mission est claire : garantir que les soldats français puissent parler, transmettre et ordonner… même quand tout autour d’eux est brouillé, piraté ou détruit.
Source : Communiqué de presse de Thales