Poussé à plus de 36 000 g, ce mini-drone sort d’un obus de 155 mm comme un boulet, pour survoler le champ de bataille en quelques secondes. Une arme révolutionnaire, pensée pour l’espionnage sans risque.
Pékin prépare une nouvelle génération de drones capables de remplacer les satellites, les avions et les radars. Leur secret ? Un lancement ultra-rapide depuis des canons d’artillerie classiques. Déjà testé, le drone Tianyan prouve que la Chine est en train de bouleverser l’équilibre sur les champs de bataille modernes.
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Une technologie étonnante inspirée des obus
Développé par Norinco et plusieurs instituts chinois, le drone Tianyan n’est pas lancé par catapulte ou depuis un véhicule : il est tiré à pleine vitesse depuis un obus de 155 mm. Cette méthode permet de le projeter à plus de 5 000 km/h sur une distance de plus de 10 km, avant qu’il ne s’extrait de son enveloppe et se mette à voler de manière autonome. Une fois en l’air, il peut rester actif plusieurs dizaines de minutes.
- Vitesse de lancement : 5 000 km/h
- Accélération subie : 36 000 g
- Température supportée : de -50 à +80 °C
Cette approche permet d’envoyer un drone directement derrière les lignes ennemies, sans mobiliser d’équipe de lancement au sol ni s’exposer à des tirs de riposte.
Une conception 100 % mécanique pour résister à l’impact
Le plus impressionnant ? Aucun électronique n’est utilisé au départ. Le système de séparation fonctionne grâce à des charges pyrotechniques, activées selon une chaîne détonante complexe en huit étapes. Le drone sort ainsi intact de sa capsule, après avoir subi des pressions de plus de 1 100 MPa. Une prouesse mécanique rendue possible par une conception en acier spécial et des simulations d’impact avancées. Cette technologie permet au drone d’être léger, discret et peu coûteux, et d’être produit en très grande quantité. Un atout majeur pour saturer les zones ennemies sans risque de perte coûteuse.
Une stratégie adaptée aux conflits modernes
Le système Tianyan s’inscrit dans une logique de guerre multi-domaines. Il permet de fournir des images en temps réel, de brouiller des communications, ou de servir de relais à des tirs précis. Il est idéal en zone contestée, où l’utilisation de drones classiques est trop risquée. En le comparant à des systèmes occidentaux comme le Switchblade américain ou le Hero-30 israélien, Tianyan se distingue par son mode de lancement : aucune rampe, aucun véhicule, juste un obus. Cela le rend quasi indétectable au départ, et donc redoutable pour prendre l’avantage au tout début d’une opération.
Une arme jetable mais efficace
Le Tianyan n’est pas conçu pour durer. Il est pensé comme un outil jetable, qu’on peut produire à bas coût pour saturer l’espace aérien ennemi. Son intérêt n’est pas dans sa récupération, mais dans sa capacité à livrer des données rapides, en limitant les pertes humaines et matérielles. Les opérateurs n’ont aucun contrôle à exercer au moment du lancement. Le système est entièrement autonome, ce qui réduit le besoin en infrastructure. Une fois activé, il se déploie seul, sans GPS, sans liaison radio, donc sans risque d’être brouillé.
Une capacité de production à grande échelle
La Chine n’a pas encore annoncé de commande officielle pour le Tianyan. Mais les experts militaires estiment que Norinco pourrait l’intégrer dans les forces terrestres rapidement, compte tenu de sa compatibilité avec les obusiers de 155 mm déjà en service. Cela permettrait une adoption rapide, sans coût de conversion majeur. Le fait que le drone soit entrièrement mécanique permet aussi une production rapide et peu dépendante de composants électroniques sensibles, souvent visés par les sanctions internationales. Une façon efficace de contourner les restrictions.
Une menace pour les zones de conflit tendues
Le drone pourrait avoir un rôle central dans des zones comme le détroit de Taïwan ou la mer de Chine méridionale, où la Chine cherche à affirmer sa présence. Il est conçu pour fournir une surveillance rapide, localiser des cibles, brouiller des systèmes ennemis, le tout sans exposer de personnel ni mobiliser des systèmes lourds. Son caractère jetable, associé à son coût limité et à sa précision, le rend apte à multiplier les frappes indirectes. Il pourrait être utilisé par vagues pour détecter, désigner puis guider des tirs d’artillerie ou de missiles.
Un changement de paradigme tactique
Le Tianyan est le reflet d’une évolution militaire : l’âge du drone bon marché, discret et sacrifiable. Sa mise au point marque une rupture avec les systèmes lourds, coûteux et pilotés à distance. C’est une arme adaptée à l’échelle, taillée pour une guerre de masse, où l’objectif est de submerger plutôt que de dominer longuement.
Source : Norinco